C'est
à bon droit que l'on peut dire de l'homicide de soi-même : Ecce qui
tollit peccata monstri bipedalis — voilà celui qui efface les péchés
du monstre bipède. Car le premier péché n'est-il pas celui d'exister ?
Exception
faite de la mort, la seule chose à laquelle il est impossible
d'échapper en ce bas monde est la bêtise. Tout est bête, tout est
ridiculement grotesque, à commencer par le « vin nu » et jusqu'à —
pourquoi ne pas le dire — l'homicide de soi-même.
« Georges
Poulet me somme de me calmer, de renoncer à dire du mal de la réalité
empirique “ou ça va barder”. Mais je crois que je vais quand même
continuer. Je suis en conflit avec le Grand Tout et il ne m'est pas
donné de reculer. Et puis, autant l'avouer, c'est plus fort que moi. »
(Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
Si
la femme était capable de concevoir qu'elle n'est qu'un squelette
recouvert de chair, elle ferait sans doute moins de minauderies, elle
tortillerait moins du fondement (de l'historialité du Dasein). Et ce
serait, pour l'homme du nihil, un grand soulagement.
La
solitude vous force à prendre certains plis. Et ces plis, le
voudrait-on, on ne peut s'en défaire. Conclusion : assommons les
solitaires (comme on a fait naguère les suicidés).
Si
l'on persévère dans l'être année après année, malgré les ravages de
l'alopécie, les garagistes de La Bourboule et tout le reste, c'est sans
doute par l'effet d'une curiosité morbide, pour voir jusqu'à quel point
l'on peut se contenter de peu.
Nul
mieux que Mircea Eliade n'a décrit l'action délétère des « mégères
difformes au faciès d'hippopotame ». Par elles, nous dit-il, « l'homme est
dissous, réduit à un plasma amorphe où se débattent le désespoir et le
néant ».