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samedi 6 janvier 2024

Brebis morte

 

Silencieux, le poëte Georg Trakl restait assis dans une auberge abandonnée, sous les solives enfumées, seul avec son vin. À ses pieds gisait une brebis morte. Il se disait : « Quelle vie, bon Dieu ! Une brebis morte, maintenant ! Non mais c'est pas vrai ! »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

dimanche 16 septembre 2018

Un grandiose isolement


Parce qu'il trouve ses contemporains vomitifs, l'homme du nihil commerce exclusivement avec quelques grandes figures du passé, de celles qui ont laissé un nom dans les annales de l'homicide de soi-même : les Nerval, les Trakl, les Weininger, les Caraco, etc. Avec son temps, il ne communique pas — et personne ne se risque à franchir la pampa de dégoûtation au centre de laquelle il trône, guère plus engageante, il faut l'avouer, que « les espaces de sable autour des Bouddhas rupestres ou des statues de l'Égypte ».

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mardi 3 juillet 2018

La vie en beau


Le monde moderne est tellement repoussant, le « monstre bipède » tellement hideux, l'existence tellement affreuse, que l'homme du nihil paierait cher pour disposer de « vitres de paradis » lui permettant de voir « la vie en beau ». Mais comme dans le récit de Baudelaire, de telles vitres, il ne s'en trouve pas...

Ajoutant au lugubre de ce musée des horreurs, l'œuvre de Georg Trakl (1887-1914) est composée de poèmes où prédominent « l'ambiance et les couleurs de l'automne, les images sombres du soir et de la nuit, du trépas et de la faute ».


Trakl, qui n'en pouvait plus d'être le « poète des lacs sombres, des décadences et des transgressions », se suicide par overdose de cocaïne dans la nuit du 2 au 3 novembre 1914. Selon Gragerfis, le poète autrichien souffrait de problèmes relationnels. Ainsi, il voyageait debout lorsqu'il prenait le train, ne supportant pas d'avoir quelqu'un en vis-à-vis, et prétendait être incapable de téléphoner ! Ses proches le prenaient pour un « drôle d'oiseau », mais lui se voyait plutôt comme la réincarnation du pauvre Kaspar Hauser, l'homme sans identité, l'étranger total. Deux théories qui, il est vrai, ne sont pas incompatibles...

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)