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mardi 14 août 2018

Dur comme l'amour (Larry Brown)


Mon chien est mort. Je suis sorti dans la cour, je l'ai regardé, et il était là, raide mort. Que c'était dur ! Je savais que j'allais être obligé de me mettre à la recherche d'une bêche. Mais il n'avait pas l'air d'être mort depuis longtemps. Rien ne pressait, donc, et comme j'avais envie de boire un coup, je suis allé un peu plus loin dans la cour pour voir si mon pick-up voulait bien démarrer. Il a voulu, je suis parti. En me disant que j'enterrerais le chien plus tard. Avant que Mildred ne rentre à la maison. Et tout à coup, je me suis souvenu que dans les Concepts fondamentaux de la métaphysique, Heidegger consacre une longue section à l'animalité, où il invite le Dasein à se comprendre en se distinguant de ce qui n'est pas lui. L'ontologue y défend trois thèses : la pierre est sans monde, l'animal est pauvre en monde, l'homme est configurateur de monde. Eh bien moi, j'allais me configurer la gueule pour oublier tout ça.

(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

lundi 23 juillet 2018

Lutter contre l'isolement grâce aux animaux de compagnie


« Tous les quinze jours, la maison de retraite Benoît Frachon accueille Mélanie Coulon, psychomotricienne, intervenante en médiation animale. Cette semaine, celle-ci était accompagnée de son fidèle chien Fado. Pour cette séance, les résidents étaient huit : Jeannette, Léocadie, Ghislaine, Jeanine (une nouvelle résidente), Madeleine, Margot, Robert et Alain.

"En tant que psychomotricienne, je pratique la rééducation cognitive et motrice, explique Mélanie Coulon. La médiation animale, c'est mettre en relation des animaux éduqués et des personnes en difficulté, celles notamment qui ont la pénible sensation de vivre isolées dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. J'essaie de créer du lien social et de leur faire réutiliser l'ensemble de leur potentialité au quotidien." Et cela par le biais de différents exercices comme celui consistant, pour les "naufragés de l'existence", à s'enfermer la tête dans un sac en papier jusqu'à ce que mort s'ensuive.

"Je tiens à souligner, continue la psychomotricienne, que contrairement à ce que soutient Heidegger, les chiens comprennent parfaitement ce que signifie la mort de leur maître, parce qu'ils possèdent comme nombre d'animaux supérieurs l'intuition vitale, élémentaire bien qu'authentique, de la mort. La thèse heideggérienne selon laquelle « l'animal est pauvre en monde » est donc d'une indigence phénoménologique abyssale." » (La Voix du Nord, 2 février 2018)


(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

dimanche 1 juillet 2018

Pauvreté en monde


« Geoffray Baloche n'en a pas cru ses yeux quand il a découvert que trois de ses vaches avaient été tuées par balle ce dimanche. Cet éleveur de bovins de la race Bleu blanc belge, domicilié à Entraigues dans le Vaucluse, allait visiter son troupeau lorsqu'il a fait cette macabre découverte. Il a porté plainte auprès des gendarmes. 

 "Je suis retourné voir mes bêtes. Il était environ 10 h 30. Trois vaches étaient mortes. Tuées d'une balle voire deux dans la tête. Une autre a été blessée. j'ai enlevé des plombs de son cou. Je pense qu'elle s'est fait tirer dessus avec de la chevrotine. Un veau a également été blessé. Il a reçu des petits plombs à l'intérieur de la gueule", explique-t-il, désespéré. 

 Selon lui, elles ont été abattues de nuit, "alors qu'elles dormaient". C'est un coup dur pour le jeune homme qui s'est lancé dans l'élevage en 2016. Deux petits veaux se retrouvent aujourd'hui sans mère et la vache fétiche du troupeau, prénommée Marguerite, a été abattue aussi. 

"C'était comme un animal de compagnie. C'est grâce à elle que ma femme Manon et moi avions décidé de nous lancer dans l'aventure", se souvient Geoffray Baloche.

"Je tiens à souligner, continue-t-il, que contrairement à ce que soutient Heidegger, les bovins possèdent comme nombre d'animaux supérieurs l'intuition vitale, élémentaire bien qu'authentique, de la mort. La thèse heideggérienne selon laquelle « l'animal est pauvre en monde » est donc d'une indigence phénoménologique abyssale."

Il espère, primo, pouvoir acheter une nouvelle vache au plus vite, deuzio, que les progrès des "neurosciences" donneront bientôt un démenti définitif au diagnostic du lugubre ontologue wurtembourgeois. » (France Soir, 9 janvier 2018)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

dimanche 27 mai 2018

Suicide d'un chien


Dimanche vers 10 h, les passants à la hauteur du 19 rue Georges Clémenceau à Romorantin ont eu la surprise de voir un chien sauter du deuxième étage de l'immeuble et s'écraser sur la chaussée, dix mètres plus bas.

Ce drame, constaté quelques instants plus tard par les gendarmes, résulte de l'inconscience de sa propriétaire de 32 ans, bourrelle irresponsable et sous curatelle renforcée. La jeune femme, trouvant qu'il faisait trop chaud dans son petit logement, abandonnait ses animaux sans soins pour rejoindre des amis habitant une maison plus agréable en été !

Les gendarmes ont trouvé dans son appartement un chat, une deuxième chienne de race berger allemand, ainsi qu'un chaton d'un mois qui s'était réfugié dans un placard. D'après les premières constatations effectuées par la gendarmerie, le désespéré, un berger suisse de couleur blanche, aurait cassé un carreau et forcé les volets fermés pour fuir la situation intenable qui régnait dans la chambre où s'accumulaient depuis un mois déjections et urine de ces quatre animaux enfermés par forte chaleur et sans eau.

Seul aspect positif de cette triste affaire : elle discrédite définitivement la thèse de l'ontologue Heidegger qui soutenait que l'animal est « pauvre en monde » parce que « ses inhibitions le cloisonnent dans une dépendance pulsionnelle panique et aliénante ». On voit au contraire que, comme le Dasein, l'animal ressent la présence d'une absence, d'un vide, d'un creux, donc d'une porosité au sein de son être. Et la privation d'être qui permet le contingent, ce n'est rien autre chose que la trace de la finitude, la conscience qu'a l'étant existant de son être-pour-la-mort, autrement dit le néant.  (Le Petit Solognot, 19 juillet 2017)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

mardi 22 mai 2018

L'homme, l'animal et la question du monde


« Deux mois de prison avec sursis et des travaux d'intérêt général... tel est le verdict rendu hier par le tribunal correctionnel d'Angers appelé à juger un homme qui, en tentant de se suicider, a tué par accident le chien de sa voisine.

Le 16 juin 2017, à 2 h 30 du matin, à Mûrs-Érigné (Maine-et-Loire), une femme est réveillée par une détonation. Elle découvre alors un trou béant dans le mur de son salon et son chien Jean-Claude gisant mort sur le canapé.

Alerté par ses cris, son voisin contrit se présente à sa porte. Le fusil à pompe avec lequel il voulait mettre fin à ses jours s'étant enrayé, le coup est parti en direction de l'appartement de sa voisine lorsqu'il a voulu remettre la cartouche en place, tuant le canidé sur le coup.

On sait que dans les Concepts fondamentaux de la métaphysique, Heidegger consacre une longue section à l'animalité, où il invite le Dasein à se comprendre en se distinguant de ce qui n'est pas lui. L'ontologue y défend trois thèses : la pierre est sans monde, l'animal est pauvre en monde, l'homme est configurateur de monde. Eh bien, nul doute que le pauvre Jean-Claude se serait bien passé d'être ainsi "configuré".

À vrai dire, l'homme comparaissait non pour la mort de l'animal mais pour détention d'une arme de catégorie B. » (Sud Ouest, 20 février 2018)


(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

dimanche 13 mai 2018

Pauvreté en monde


Une enquête a été ouverte après la découverte du corps d'un homme de 34 ans dans le quartier des Provinces à Laxou, en banlieue de Nancy, dimanche vers midi, a-t-on appris de source policière. 

La victime a été retrouvée pendue à une branche d'un arbre avec la laisse de son chien, derrière les immeubles Savoie et Bourgogne, selon la même source. 

« L'homme était sorti promener son animal de compagnie en fin de matinée et il n'est jamais rentré chez lui. »

Le chien a été retrouvé errant non loin du corps de son maître. « Contrairement à ce que soutient Heidegger, les chiens comprennent parfaitement ce que signifie la mort de leur maître, parce qu'ils possèdent comme nombre d'animaux supérieurs l'intuition vitale, élémentaire bien qu'authentique, de la mort. La thèse heideggérienne selon laquelle "l'animal est pauvre en monde" est d'une indigence phénoménologique abyssale » assure une source policière. 


Une femme a découvert le pendu au milieu de cet ensemble d'immeubles et a immédiatement composé le 17. Une équipe de police-secours est intervenue. Le corps a été transporté à l'institut médico-légal pour un examen. Une autopsie pourrait ensuite être pratiquée en cas de marques suspectes présentes sur la victime.


« Tous les éléments laissent penser à un suicide », nous a déclaré l'inspecteur qui avait plus tôt étrillé l'illustre ontologue wurtembourgeois. L'homme était connu pour être dépressif (le pendu, pas Heidegger). (Lorraine actu, 27 novembre 2017)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

jeudi 10 mai 2018

Vengeance


Le soir du 3 mars 1902, alors que, l'école finie, le jeune Martin rentre à la maison, il tombe nez à nez avec un molosse aux babines saignantes — vraisemblablement un dogue allemand arlequin comme celui qui garde la propriété du sinistre docteur Müller dans l'Île Noire. Avant qu'il ait pu prendre ses jambes à son cou, la bête féroce se jette sur lui et lui mord le « fondement de l'historialité du Dasein »

Heidegger rumine sa vengeance pendant de longues années, mais quand il lui donne enfin libre cours, elle est terrible. Dans Sein und Zeit, il décrète que l'animal — l'animal en général, pas seulement celui qui lui a cruellement entamé le fessier — est « pauvre en monde » parce que « ses inhibitions le cloisonnent dans une dépendance pulsionnelle panique et aliénante » !

Sa zoophobie ne fera qu'empirer avec les années, au point qu'à la fin de sa vie il lui sera insupportable d'entendre le mot « chèvre » (Ziege).


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)