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lundi 7 octobre 2024

Insatiable mort

 

Dans sa Chronique, Guillaume de Nangis raconte que pendant l'hiver 1125, dans le Brabant, d'innombrables anguilles, sortant de leurs marais à cause de la glace, s'enfuirent et se cachèrent dans des granges à foin ; mais l'excessive rigueur du froid les fit périr : elles moururent. Plus tard, ce fut le tour de Paul-Jean Toulet, de Fernando Pessoa et de pléthore d'autres personnages plus ou moins connus. On dirait que la mort n'en a jamais assez.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 27 septembre 2024

Thétis

 

Dans son Astronomie poétique, Hygin affirme que Hippé, fille du centaure Chiron, était appelée auparavant Thétis. Et toi, le ténébreux, le veuf, l'inconsolé, tu lis ça et tu te dis que, bon sang, tu es sans doute le seul dans ton lotissement à avoir connaissance de cet extraordinaire changement de nom — ce qui accroît encore ton intranquillité pessoaïenne et ta misanthropie.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

samedi 13 juillet 2024

Absence de gueulage chez Kafka et consorts

 

Les Kafka, les Pessoa, les Kierkegaard, tous ces auteurs geignent, ils pleurnichent, mais ils ne gueulent pas. Ils ne traitent pas le réel de pot de pisse ou de bande de salops. Cioran non plus, trop occupé à ramer sur l'étang de Soustons et à faire des astuces. Pourquoi ne gueulent-ils pas ? À quoi ça rime ? Ils ont peur de se faire mal voir ou quoi ?
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 12 juillet 2024

Un boute-en-train

 

Retranché dans ses rêveries, l'écrivain Pessoa rédigeait le journal de bord fragmenté d'une collection de sensations qu'il se risquait parfois à appeler existence. Le problème est que chaque fois qu'il le faisait — chaque fois qu'il appelait existence cette collection de sensations —, cela provoquait l'hilarité de ses copains de bistrot : « Sacré Fernando, va, toujours le mot pour rire. »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

jeudi 4 juillet 2024

L'anti-Pessoa

 

Dans le Lotus Bleu, l'infâme Mitsuhirato, personnage antipessoaïen par excellence, habite rue de la Tranquillité.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

lundi 24 juin 2024

Vaincre l'intranquillité

 

Avec la vie terne et déprimante qu'il menait, comment Fernando Pessoa a-t-il fait pour tenir le coup ? Est-ce l'écriture de sonnets élisabéthains, qui l'a aidé à tenir le coup ? Entretenait-il une liaison secrète avec un « cougar » cuissu et fessu, doté en outre d'une solide paire de « biberons Robert » ? Cela ne serait pas pour nous surprendre. Son pseudonyme le plus connu, Bernardo Soares, est presque l'anagramme du mot cougar.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

dimanche 9 juin 2024

Remords du Grandiloque

 

Comme Pessoa, le « négateur universel » Émile Cioran était intranquille. Chaque jour, une voix intérieure lui disait : « Polygnote de Thase, Arcésilas de Paros, Lysippe, Pausias de Sicyone, tous peignirent sur émail ou sur verre ; et toi, tout ce que tu fais, c'est gémir. Peins donc sur émail ! Ou si tu préfères, sur verre, ce sera peut-être plus facile ! »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

samedi 18 mai 2024

Peu pour être heureux

 

L'ours Baloo prétend qu'il en faut peu pour être heureux. Il dit qu'il faut se satisfaire du nécessaire : un peu d'eau fraîche et de verdure que nous procure la nature, ce genre de choses. Mais ce n'était pas l'avis de l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut, qui se tira une balle dans le cœur alors même que la propriété châtenaisienne du docteur Le Savoureux lui offrait autant d'eau fraîche et de verdure qu'il pouvait en souhaiter. Ce n'était pas non plus l'avis du philosophe Kierkegaard, qui se plaignait sans cesse d'avoir une « écharde dans la chair » et désespérait de jamais pouvoir faire le « saut de la foi ». Ni de Fernando Pessoa, éternelle victime de « rhumatismes existentiels ».
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 10 mai 2024

Lectures nocives

 

Pour le chat, vivre consiste à faire de longues siestes au soleil et à dévorer de succulentes croquettes Canaillou, tandis que pour l'homme, ainsi que l'a noté le « romancier de l'absurde » Albert Camus, la vie est faite d'ennuyeuse monotonie, de paroles superflues et de solitude. Pourquoi ? Le chat n'a pas lu Dostoïevski ni Schopenhauer ni Fernando Pessoa, voilà pourquoi.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 22 mars 2024

Intranquillité pessoaïenne

 

L'écrivain portugais Fernando Pessoa souffrait de cénestopathie. Quand il avait une crise, il ne sentait plus ses doigts de pied. Or les crises pouvaient lui tomber dessus à tout moment. Alors il était assez intranquille (comme gars).
 
 (Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 15 février 2024

Auteurs facultatifs

 

À quoi bon lire du Pessoa ou du Luc Pulflop, puisque tout ce qu'ils disent, on l'a déjà constaté par soi-même ? Ils le disent de façon amusante, c'est vrai, mais enfin... c'est seulement si on a du temps à perdre.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mardi 6 février 2024

Un cocktail fatal

 

« Monsieur Pessoa, la source de tous vos problèmes, c'est que vous êtes intranquille », avait dit son médecin à Fernando Pessoa. Sur le coup, il y avait prêté peu d'attention, mais... son intranquillité, combinée à une mauvaise circulation, avait fini par lui valoir des varices. « Ô roues, ô engrenages, r-r-r-r-r-r-r éternel ! Violent spasme retenu des mécanismes en furie ! », avait-il alors grommelé.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 23 octobre 2023

Absence de porte

 

Fernando Pessoa disait qu'il serait toujours celui qui attend qu'on lui ouvre la porte auprès d'un mur sans porte, et il faut reconnaître que c'est assez bien trouvé, pour décrire la situation du Dasein heideggérien. Une porte ! Une porte, sinon nous étouffons !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 19 octobre 2023

Insuffisance de la chose

 

Fin mars 1916, l'écrivain portugais Mário de Sá-Carneiro envoie une lettre à Fernando Pessoa pour lui annoncer qu'il va bientôt se suicider. Quelques jours après, il « fait la chose » avec une « jeune Parisienne » (il semble que ce soit la seule fois de sa vie où il ait « fait la chose »). Le 26 avril, dans la chambre d'un hôtel du 9e arrondissement de Paris, il revêt son smoking, avale de la strychnine et attend la mort. « La chose » n'avait pas suffi à raviver son vouloir-vivre schopenhauerien.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 18 octobre 2023

Systématique badiousienne

 

« Qui aurait cru que la vie, ce serait cela ? » demande Pessoa. « Peut-être Alain Badiou, lui répond le nihilique. Car il est drôlement ficelle, pour un philosophe. Il a conçu un système philosophique complet couvrant tant la politique que l'éthique, l'esthétique, la métaphysique et l'ontologie. Alors, hein, ce ne serait pas étonnant. »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

dimanche 15 octobre 2023

Salut par le piccolo

 

Si Fernando Pessoa, au lieu de broyer du noir et d'être intranquille, avait appris à jouer du piccolo, il aurait pu agrémenter sa morne existence de quelques soli de piccolo. Ça l'aurait peut-être aidé à voir la vie en beau ? C'est joli, le son du piccolo.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 14 juin 2023

Un Pessoa de Ploubezre

 

La vie du nihilique avait été si terne, si étriquée, si dépourvue d'événements, qu'il se croyait en droit de dire « avoir commis tous les crimes, hormis celui d'exister ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 20 mai 2023

Lecture

 

Il y a des gens qui lisent (du Daniel Pennac, du Christian Bobin, de l'Alice Zeniter, du Fernando Pessoa) pour éviter de penser. D'autres, ou les mêmes, le font pour éviter de vivre — ça, encore, ça peut se comprendre. — Du Fernando Pessoa ???
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 22 avril 2023

Pas mal trouvé

 

Dans son Livre de l'intranquillité, l'écrivain portugais Fernando Pessoa traite la réalité empirique de « grosse vache ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 21 mars 2023

Gingerbread sadness

 

Sans se prendre pour le poëte Fernando Pessoa — « Ô roues, ô engrenages, r-r-r-r-r-r-r éternel ! Violent spasme retenu des mécanismes en furie ! » —, on sent confusément que la tristesse est comme le pain d'épice, mais on est incapable d'expliquer pourquoi. La spongiosité, peut-être ? La bourrativité ?
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)