Émile
Cioran aurait dû se contenter d'écrire : « Rien n'a de sens, la vie est
une grosse tourte de merde et les gens sont des cons. » Tout le monde
aurait compris et l'affaire aurait été entendue. Mais non. Il fallait
parler de Bach, de Tchouang-Tseu, de la tombe de Celan et de tutti
quanti. Il fallait faire le malin. Il fallait amuser la galerie. Oh, bon
Dieu !
D'après
le professeur Munteanu, le « négateur universel » Émile Cioran voyait en
la musique de Bach le seul moyen — hors la pensée de l'homicide de
soi-même et la tarte aux poireaux de Simone Boué — de « dissiper son
spleen plombé d'antique momie ».
Quand
il s'agit de Bach, le Grandiloque paraît oublier sa posture de « négateur universel », il s'enflamme et ne tarit pas d'éloges. Bach ceci,
Bach cela... Il fait même de Bach une preuve de l'existence de Dieu.
Mais Bach, quand on y songe, ce n'est qu'un assemblage de sons. Alors
qu'une tarte aux poireaux... Préparée avec amour par Simone Boué... Ça,
c'est du concret.