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jeudi 3 novembre 2022

En lisant Sénèque

 

Toute la philosophie des stoïciens se ramène à ceci : si l'existence ne te plaît pas, pense à autre chose.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 20 novembre 2021

Eudémonologie

 

Pour ne pas être tenaillé par le regret, Sénèque — ou est-ce Gragerfis ? — recommande de ne voir en toute chose que le mauvais, et de faire de sa vie un désastre de tous les instants. Mais cela ne marche pas — car à niveau de désastre équivalent, on est toujours moins malheureux jeune que vieux, et le vieux malheureux ne saurait éviter d'avoir la nostalgie du jeune malheureux qu'un jour il fut.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 28 octobre 2021

Discrétion suprême

 

En ingérant du taupicide, le suicidé philosophique porte à son plus haut degré cet « art du sage de passer inaperçu dans la foule » dont parle Sénèque.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 5 août 2021

Préparation à la mort

 

La meilleure façon de se préparer à la mort n'est pas de lire Sénèque, Marc Aurèle ou Saint Alphonse de Liguori, mais d'observer l'agonie de ce petit mammifère fouisseur que les savants désignent sous le nom de taupe. C'est du moins ce que soutient Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Et il est vrai que cela donne rudement à réfléchir — quant au choix du taupicide comme moyen d'en finir, notamment.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 11 juillet 2021

Angoisse et authenticité

 

La perspective de la mort, Sénèque dixit, a pour effet de relativiser les liens tissés au cours de l'existence et peut donc avoir, intellectuellement parlant, un côté libérateur. Mais cette réponse ne vaut que sur le plan de l'existence inauthentique (au sens de Heidegger) ! Or s'il est une chose à laquelle tient l'homme du nihil, c'est d'être authentique au sens de Heidegger. Il doit donc se résigner à l'angoisse, puisqu'elle seule, selon Heidegger, est capable de révéler « l'être-vers-la-mort » comme modalité essentielle d'être du Dasein. Mais c'est dur, oh, c'est bien dur !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 6 septembre 2018

Imitation de Sénèque


Henry de Montherlant, né le 20 avril 1895 à Paris, est un romancier, essayiste, auteur dramatique et académicien français. Il se donne la mort le 21 septembre 1972 en ingérant du cyanure et en se tirant dans la tempe un coup de revolver. La fascination que nourrissait Montherlant pour les stoïciens l'avait fait qualifier par Gragerfis de « moraliste austère et désabusé » et de « Sénèque en peau de lapin ».

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 31 août 2018

Effet merveilleux du stoïcisme


« Une Demoiselle, âgée d'environ soixante-cinq ans, eut, en 1740, une fluxion au-dessus des dents molaires supérieures, qui cependant paraissoient bien saines. Cette fluxion suppura et fut suivie dans le même lieu d'un ulcère fistuleux, duquel sortoit presque continuellement une sanie très-puante. La carie des racines des dents étant une cause très-fréquente de ces sortes de fistules, on se détermina à arracher la dent canine. L'alvéole de cette dent fournit beaucoup de pus; il y avoit une communication avec le sinus maxillaire, et la suppuration étant fort abondante, on crut encore devoir arracher la première molaire, dont le bout de la racine parut un peu altéré. La malade ne cessa pas de cracher beaucoup de pus sanieux, et on se disposoit à lui arracher la seconde molaire, lorsqu'elle fit appeler M. Lamorier, qui crut dans ce cas devoir mettre sa méthode philosophique en usage. Il lut à la malade quelques aphorismes de Marc Aurèle, d'Épictète et de Sénèque, ce qui provoqua chez elle un soulagement très-rapide, et un arrêt de l'écoulement sanieux. Une décoction d'orge, à laquelle on avoit ajouté le miel, et les eaux de Barrèges furent employées ensuite en injection. Ces fluides ne passèrent jamais par le nez. » (Mémoires de l'Académie Royale de Chirurgie, Paris, Le Prieur, 1768)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

lundi 13 août 2018

Détachement suprême des Dupond-Dupont


Le stoïcisme des détectives Dupont et Dupond face à la mort est-il le fruit de leur vacuité ou, au contraire, de leur lecture de Sénèque ? Il est bien difficile de trancher cette question. Un épisode, toutefois, peut nous y aider.

Dans Tintin et les Picaros, ils sont conduits devant le peloton d'exécution, mais sont sauvés in extremis par la révolution que viennent de déclencher les rebelles menés par le général Alcazar. Quand le capitaine Haddock dénoue leurs liens et s'exclame : « Il était moins cinq, n'est-ce pas ? », Dupont répond : « Je ne sais pas : ma montre est arrêtée... » Cet humour noir, qui cache à l'évidence un désespoir métaphysique, rappelle celui du poète André Frédérique, qui commit l'homicide de soi-même le 17 mai 1957 à l'âge de 42 ans, à l'aide d'un cocktail de cognac, gardénal, et émanations de gaz. L'hypothèse de la vacuité intellectuelle paraît donc devoir être écartée. Les deux policiers sont bien des disciples de Sénèque !


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

vendredi 3 août 2018

Deux inquiétants vieillards


Le docteur Triboulet, que l'on aperçoit dans L'Oreille cassée, habite au 120, avenue du Troubadour. D'un âge avancé, il porte une longue barbe blanche, une redingote noire à col de fourrure, semble très myope, et possède une antique automobile à démarrage par manivelle dont le chauffeur arbore lui aussi une interminable barbe blanche et paraît crouler sous le poids du tædium vitæ, cette « fatigue de la vie » décrite par Sénèque. 

Tintin remonte jusqu'au docteur Triboulet en relevant le numéro d'immatriculation d'une voiture qui a tenté de le renverser, mais la plaque a été retournée — 168091 donnant par rotation 160891 — et le docteur s'avère étranger à l'affaire. 

Il n'empêche que Triboulet et son chauffeur forment un couple des plus louches et qu'on aimerait en savoir plus sur leurs menées souterraines. Appartiennent-ils à une société secrète, à un gang des barbes blanches ayant pour objectif de soumettre le monde à leur cacochyme domination ?

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

vendredi 13 juillet 2018

Effet lénitif du stoïcisme et de l'idéalisme fichtéen


Il est 19 h 35 hier dimanche, quand des automobilistes appellent la police pour signaler qu'une femme déambule de manière inquiétante sur le viaduc de l'Anguienne, à Soyaux. À l'arrivée de la patrouille, la femme, âgée de 51 ans, est assise de l'autre côté de la rambarde, les pieds dans le vide, et s'apprête à sauter.

Un agent s'est alors approché d'elle et a commencé à lui parler pour la calmer, n'hésitant pas à passer lui aussi de l'autre côté du garde-fou.

Pour rassurer la quinquagénaire en détresse, il s'est mis en devoir de lui réciter des aphorismes de Marc Aurèle, d'Épictète et de Sénèque, ainsi que des extraits des Principes de la doctrine de la science de Fichte, ce qui a permis à deux de ses collègues de se poster derrière la désespérée. Mais celle-ci, qui commençait à trouver un peu louche tout ce stoïcisme mêlé d'idéalisme fichtéen, s'est soudain laissée glisser vers le vide. Le policier l'a alors retenue par le bras, permettant à ses collègues d'empoigner la maniaque et de la ramener de l'autre côté de la rambarde.

Saine et sauve, la quinquagénaire a été conduite au centre hospitalier de Girac. (Charente Libre, 4 mai 2015)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

lundi 4 juin 2018

Grands Anciens


« Platon, Lucrèce, Pline, nous disent que le plus bel apanage de l'homme est de pouvoir se suicider. Cicéron lui-même penche au suicide. La mélancolie est un fait acquis à Rome et à Athènes, surtout au moment de la décadence de ces peuples. Diogène, Caton, Pérégrin, Sénèque, Lucrèce, Antinoüs et tant d'autres, après avoir prêché leur doctrine, scellèrent leur fanatisme par le suicide. » (Paul Ferdinand Gachet, Étude sur la mélancolie, Paris, 1864)

Leur fanatisme ? Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mardi 29 mai 2018

Alerte au nihil rue Beaumarchais


« À la demande de la Préfecture du Puy-de-Dôme et dans le cadre de sa mission d'appui aux administrations, le Bureau de recherches géologiques et minières est intervenu le 27 février 2007 afin de fournir un avis sur des chutes de concepts "nihiliques" dans la rue Beaumarchais à La Bourboule, au niveau des parcelles cadastrées n° 50 et 463. [...] 

Dans un premier temps, nous conseillons de faire réaliser un débroussaillage et une purge des éléments les plus instables du voisinage (sectateurs du Rien, contempteurs de l'haeccéité, suicidés philosophiques, et cetera) par une société spécialisée. 

Immédiatement après, un bureau d'études devra, sur la base d'une reconnaissance du site sur corde, déterminer et dimensionner les parades qu'il convient d'envisager (lectures publiques d'aphorismes de Marc Aurèle, d'Épictète et de Sénèque, distribution de concepts du chanoine Roscelin, voire pulvérisation d'idéalisme fichtéen). » 


(La Bourboule (63) -- Chute de concepts rue Beaumarchais -- Avis du BRGM -- Rapport final -- BRGM/RP-55400-FR, Mars 2007)

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 15 mai 2018

La peur de vivre


« Que de fois nous mourons de notre peur de mourir ! » s'exclame Sénèque dans son opus Sur la tranquillité de l'âme. Cela est vrai, sans doute, mais qu'est-ce que la peur de mourir en regard de la peur de vivre, incommensurablement plus terrifiante ? Écoutons à ce sujet le poignant témoignage de Jane :

« J'ai trente ans. Et je me demande bien à quoi je sers. Qui je suis. Où je vais. Cela vous tombe sur la tête un jour, comme un coup de massue. Je ne sais pas ce que j'aime, je ne sais pas qui je suis. Je travaille dans un bureau. Les journées sont longues, très longues. [...] Je sais que je suis capable de beaucoup. À dix-neuf ans, j'ai quitté mon pays pour le Canada, pour faire du théâtre expérimental. [...] Huit ans plus tard, retour chez moi. Aujourd'hui, je travaille avec papa dans une entreprise de désinsectisation. Je passe mes journées à faire des factures. J'ai peur. Oui j'ai tellement peur... de vivre. » 

Eh oui, chère Jane, vous venez tout simplement de découvrir l'inanité de l'existence. Mais à ce mal, il existe un remède, et vous l'avez sous la main, sous forme de poudres et d'aérosols : le Moi n'est-il pas lui aussi une sorte d'insecte — et des plus nuisibles ?

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)