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dimanche 10 décembre 2023

Exploit des idéalistes

 

Les idéalistes allemands, Kant, Hegel, Fichte, et cætera, ont reconnu le caractère hallucinatoire de la « réalité empirique ». C'est ce qu'on appelle un bel exploit intellectuel, ou nous ne nous y connaissons pas.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 22 novembre 2023

Un sacripant

 

Kant pense qu'il est impossible de savoir si quelque chose existe en dehors de nous (de nos représentations). C'est un petit sacripant.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 20 novembre 2023

Deux plus deux font cinq

 

Dostoïevski n'était peut-être pas très « fute-fute », mais il a compris une chose qui a complètement échappé à Kant et à Hegel : la Raison n'est pas « fun ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mardi 24 octobre 2023

Discussion impossible

 

Chestov a eu tort d'argumenter. Il aurait dû se contenter de traiter les Kant, Hegel, Husserl et consorts d'empapaoutés. On ne discute pas avec ces gens-là. Car quoi qu'on dise, ils ont la « raison » pour eux, les salops.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 22 mai 2023

Saisie impossible

 

En lecteur assidu de la Critique de la raison pure, Heidegger le reconnaît : il est impossible de saisir le tout de l’étant (erfassen das Ganze des Seienden). C'est rageant, « comme même » !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 6 janvier 2023

Boloss philosophique

 

Quand Adorno prétend que les déterminations catégorielles d'un objet ne sont pas le produit de la subjectivité transcendantale (comme chez Kant), mais des propriétés intrinsèques de l'objet lui-même, on a envie de le maraver (c'est plus fort que soi).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 5 juillet 2022

Caractère orbicole du kantisme

 

Contrairement à l'idée du Rien qui a besoin, pour se développer, d'un climat mental adéquat, les prolégomènes de la raison pure sont capables de s'acclimater dans les cervelles les plus obtuses. C'est pourquoi ils prospèrent en tout point du globe (ils sont orbicoles).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 26 mai 2021

Sur le mal radical

 

Dans sa Lettre ouverte à une bourrelle, l'homme du nihil interroge les conditions de possibilité de l'action moralement mauvaise. Il ne s'agit plus pour lui d'établir le principe objectif de la moralité — il a dépassé ce stade ! —, mais de mettre au jour les principes subjectifs pouvant conduire une « mégère difforme au faciès d'hippopotame » à adopter des maximes particulières et non universalisables c'est-à-dire non conformes à la loi morale.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 21 avril 2021

Antidote


Selon l'homme du nihil, « le vocable reginglette est, avec le taupicide, le seul antidote possible à l'angoisse métaphysique qui mine le sujet pensant, et à cette misère existentielle où les philosophes Kant et Hegel, avec leurs terribles "concepts", ont plongé l'humanité. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 9 décembre 2019

Du beau


Comparée à celles de Kant, de Hegel et de Schopenhauer, l'esthétique de l'homme du nihil possède au moins le mérite de la concision : « Est beau, affirme-t-il, ce qui nous rappelle une (belle) femme nue. » — Tout n'est-il pas dit, et en peu de mots ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 21 novembre 2019

Ma chérie (Stephen Dixon)


On frappe à la porte.
« Entre. »
C'est Kant. Il entre et me regarde, je suis installé au bureau. Il continue à me regarder, je demande : « Oui ? Tu veux quoi ? »
Il s'assied dans un fauteuil près de moi, croise les mains et regarde vers la gauche, là où se trouve le placard qui me sert de bar.
« C'est un peu tôt, non ? Tu veux boire quelque chose ? »
Il décroise les mains, les regarde, fixe ses souliers, puis le sol. Je regarde à mon tour mais ne vois rien que ses souliers et le tapis sur lequel ils sont posés.
« C'est à quel sujet ? »
Il me regarde droit dans les yeux.
« Le vin des Canaries est agréable, dis-je pour dire quelque chose. Tu en veux un verre ?
— Non, cher ami, répond-il, ce n'est pas le vin des Canaries qui est agréable. Ce qui est agréable, c'est l'expérience que tu en fais. Agréable ne caractérise pas un objet mais une sensation. Or, la sensation est un vécu subjectif. Tu dois donc dire : "Mon expérience du vin des Canaries est agréable."
— Non mais tu me fais chier, mon vieux ! Quand je dis "Le vin des Canaries est agréable", c'est évidemment une manière elliptique de parler. Je veux dire qu'il est agréable pour moi. Tu es bouché à l'émeri ou quoi ? »
Il fixe le sol.
« Ne me parle pas comme ça ou je te synthétise a priori. »
Il se lève, quitte la pièce, claque la porte derrière lui.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

mercredi 13 novembre 2019

Baptême de la mer (Tobias Wolff)


Par deux fois la sirène avait retenti, et par deux fois Howard avait fait au revoir d'un geste et crié des choses idiotes aux gens d'en bas ; maintenant il était fatigué et ils n'avaient toujours pas quitté le quai. Mais il salua tout de même, de son mieux, lorsque la sirène retentit pour la troisième fois.
Le bateau amorça la sortie de cale. Nora s'appuya contre Howard, battant l'air d'un long foulard de soie. Sur le quai, leur fille brandissait une pancarte de carton qu'elle avait apportée pour la circonstance : toute conscience est conscience de quelque chose. Comme le bateau prenait de la vitesse, elle lâcha sa pancarte et courut pour rester à la hauteur de la coque en braillant entre ses deux mains qui lui servaient de porte-voix. Howard fut inquiet. Et si Husserl avait raison ? Si le cogito et le cogitatum étaient donnés dans le même acte, que l'on pourrait appeler acte de transcendance, c'est-à-dire ouverture d'un horizon dans lequel la chose apparaît ? Il cessa d'agiter la main et se tourna vers Nora. « Que dit Kant, déjà, au sujet des représentations ? »
Nora leva les yeux vers les nuages. Ils étaient gris acier comme l'eau au-dessous d'eux. « Kant ? demanda-t-elle, effarée.
— Oui, Kant, sacré nom d'une pipe. Il parle bien des représentations, dans sa Critique de la raison pure ?
— Ah, ça... Oui, si je me souviens bien, il dit que les représentions diverses données dans une certaine intuition ne seraient pas toutes ensemble mes représentations, si toutes ensemble n'appartenaient pas à une conscience de soi.
— C'est bien ce que je pensais, répondit Howard. » Puis il lui jeta le regard. Il suffisait de ce regard, maintenant, il n'avait pas besoin d'y ajouter des paroles. Howard se dirigea vers les marches qui conduisaient à leur cabine. Nora le suivit, priant le ciel que Howard ait oublié l'affirmation de Sartre selon laquelle « la conscience est éclatement vers une chose qui n'est pas elle ».


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

lundi 4 novembre 2019

T'as embrassé Lilly (Charles Bukowski)


C'était un mercredi soir. Il n'y avait rien eu de terrible à la télé. Eugene avait 56 ans. Sa femme, Margaret, 50. Ils étaient mariés depuis 20 ans et n'avaient pas d'enfants. Eugene éteignit la lumière. Ils se couchèrent dans le noir.
— Cette femme, dans l'émission, fit Margie, elle ressemblait à Adorno, non ?
— Je ne sais pas.
— Mais si, tu le sais très bien.
— Écoute, ne commençons pas. Ça vaut mieux.
— Tu préfères ne pas en parler, c'est ça, hein ? Tu préfères la boucler. Sois donc sincère pour une fois. Cette femme dans l'émission, elle ressemblait bien à Adorno, non ?
— Bon, d'accord. Il y avait une certaine ressemblance. Surtout dans sa façon d'affirmer l'irréductibilité de l'être à la conscience.
— Ça t'a fait penser à Adorno ?
— Mon Dieu...
— Ne sois pas évasif ! Ça t'a fait penser à Adorno, oui ou non ?
— Un instant peut-être, oui...
— Et ça t'a fait plaisir ?
— Ecoute, Marge, j'ai arrêté de lire Adorno depuis cinq ans !
— Le temps y change quelque chose ?
— Je t'ai déjà dit que je regrettais.
— Regretter ! Tu sais ce que ça m'a fait à moi ? Suppose que j'aie fait la même chose ? Suppose que j'aie prétendu que les déterminations catégorielles d'un objet ne sont pas le produit de la subjectivité transcendantale (comme chez Kant), mais des propriétés intrinsèques de l'objet lui-même, que le sujet ne fait que découvrir grâce à un travail de médiation ? Qu'est-ce que ça te ferait, à toi ?
— Je ne sais pas. Fais-le et je te le dirai.
— Ah ! Maintenant tu fais le malin. Tu te permets de plaisanter.
Eugene se mit à ronfler. Margaret alla ouvrir le dernier tiroir de la commode et en sortit le revolver. Un calibre 22. Il était chargé. Elle regagna la chambre où dormait son mari.
Elle le secoua.
— Eugene, mon chéri, tu ronfles...
Elle le secoua de nouveau.
— Qu'est-ce qui se passe... ? demanda Eugene.
Elle ôta le cran de sûreté, appliqua le canon contre le flanc de son mari et appuya sur la détente.
— Je t'en foutrai de la dialectique négative, moi, tu vas voir !
Elle regarda. Le trou était tout petit et il n'y avait pas beaucoup de sang. Margaret pointa le revolver sur l'autre flanc d'Eugene. Elle appuya de nouveau sur la détente.
— Et ça, c'est pour Marcuse !
Le sang continuait de couler. Ça sentait horriblement mauvais.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

mercredi 3 avril 2019

Naufragé du kantisme


Sur les décombres de l'idéalisme transcendantal fleurissent le mépris des hommes, l'amertume, le sarcasme, et même la haine — car le désespoir peut rendre méchant ! Revenu de l'illusion ontologique critique, l'étant existant s'enferme dans un réduit sordide et sans lumière d'où il n'aperçoit qu'un incompréhensible et répugnant tourbillon de poussière. Tout sombre dans le vide, dans l'indescriptible. « Il n'y a donc que le néant, finalement... — Salop de Kant ! »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 3 mars 2019

Dilemme


Selon Gragerfis, qui avait beaucoup lu Kant, le Dasein est confronté à une terrible alternative. Ou bien la cohésion interne et architectonique de la déduction doit être regardée comme fondamentale, et il faut alors réaménager l'esthétique transcendantale et la logique transcendantale (en ce qu'elle contient la fondation phénoménologique du concept, c'est-à-dire de la logique générale analytique comme plan de l'objectivité). Ou alors il faut partir de l'esthétique comme science, en tirer les conséquences dernières et... se pendre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 26 août 2018

La connaissance impossible


Chez Kant, ce sont les principes a priori (c'est-à-dire antérieurs à l'expérience, conditions de l'expérience) qui fondent l'objectivité de la connaissance. Cette doctrine des catégories est ce que le « satyre de Königsberg » appelle la logique transcendantale (par opposition à la logique formelle qui se définit comme « la science des lois nécessaires de la pensée » et qui s'attache à la seule forme de la pensée vidée de tout contenu).

Kant montre que les conditions qui rendent la connaissance possible sont en même temps celles qui rendent possibles les objets de l'expérience. Parfois cependant, quand les objets sur laquelle elle est censée porter sont inconcevables, la connaissance est tout simplement impossible, et c'est ce qu'illustre le dialogue suivant, tiré du film Un Singe en hiver qui est une adaptation du roman éponyme d'Antoine Blondin : 


Suzanne Quentin

« Monsieur Fouquet ?... Vous connaissez La Bourboule ? 

Gabriel Fouquet

Ma foi, non.

Suzanne Quentin

Et bien, vous avez tort. C'est là que j'ai connu Albert. Il était en permission libérable. Il portait un blazer à rayures, et un canotier... avec ruban assorti. Bel homme, et il le savait [...] C'est drôle que vous ne connaissiez pas La Bourboule, un homme comme vous. »

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 21 août 2018

Bonheur de soldat (Tobias Wolff)


Le vendredi, Hooper fut désigné chauffeur de garde pour la troisième fois de la semaine. Il avait récemment été à nouveau dégradé, cette fois de caporal à première classe, et le sergent-chef avait décidé d'occuper ses nuits afin qu'il n'ait pas le loisir de ruminer. C'est ce qu'il lui avait dit quand Hooper était venu se plaindre à la salle de rapport.
« C'est pour ton bien, dit le sergent-chef. Mais je ne m'attendais pas à ce que tu me remercies. » Il se carra dans son fauteuil. « Hooper, j'ai développé une théorie de la connaissance, dit-il. Ça t'intéresse ?
— Vas-y, je t'écoute, Top », dit Hooper.
Le sergent-chef posa ses bottes sur le bureau et son regard alla se perdre par la fenêtre qui était sur sa gauche.
« Selon moi, toute connaissance est une reconnaissance fondée sur une comparaison entre des représentations intuitives ou des représentations conceptuelles. Ma théorie a ainsi pour objectif d'expliquer le maximum de phénomènes avec le minimum de principes : elle détermine la coordination univoque entre le système des jugements et le système des faits que constitue la réalité et qu'étudie la physique. Qu'est-ce que tu en dis ?

— Ma foi, fit Hooper, il me semble que ta théorie rassemble et confronte plusieurs héritages : celui, bien connu et revendiqué par le Cercle de Vienne, d'un empirisme vérificationniste qui irait de Hume à Mach et Russell, voire Wittgenstein, et celui, moins connu mais aussi important, d'un kantisme qui irait de Kant à, par exemple, Helmholtz, Husserl, Cassirer et, surtout, Einstein.
— Petit salopiot ! aboya le sergent-chef. Qu'est-ce que tu me parles de Kant ? Tu ne vois pas que je refuse le synthétisme a priori ?
— Désolé, fit Hooper. J'ai sûrement été victime d'un horrible malentendu. »


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

mercredi 15 août 2018

Bâfrement coupable


Dans sa Métaphysique des mœurs, Kant rappelle que la volonté de l'être fini et raisonnable qu'est l'homme n'est pas toute puissante : l'homme est un être dépendant dans son existence mondaine, par exemple quand il est invité à un coquetèle. Il peut être tenté de s'empiffrer de canapés et autres petits fours — puisque tout est « à l'œil » —, mais les tentations ne sont pas des contraintes ; la volonté est libre, mais l'homme fait le mal.

Et c'est ici, au plus fort du coquetèle, qu'éclate le scandale du mal radical. Si l'homme succombe à la tentation de s'empiffrer, c'est qu'il veut succomber ; selon Kant, il doit, donc il peut obéir à la loi que la raison pratique se donne et qu'il connaît immédiatement comme un fait. Il n'obéit pas à la loi, donc il ne veut pas obéir. L'être qui constitue, en tant qu'il est moral, le sens du monde et en justifie l'existence — toujours selon Kant — est immoral et pas seulement faible ; il a choisi sa faiblesse, il a voulu le mal : « sa nature est dépravée, il l'a dépravée ». — Et tout ça pour des « petits fours » ! Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement estrange des hommes, gloriatur in malitia sua ! »


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

dimanche 22 juillet 2018

Une bombe (Larry Brown)


Elle est entrée un soir dans un bar où je me trouvais et elle a pris un tabouret. J'ai remarqué le jean étroit, les cheveux longs et bruns, le joli chemisier rouge. Une fille comme elle, on ne peut que la remarquer. C'est même pour ça qu'on est là.

J'ai observé qu'elle jetait un regard circulaire pour voir qui était dans la salle. Il n'y avait pas grand monde. Il était encore tôt. J'ai donc commencé à me poser des questions sur elle. Une belle femme, seule, en début de soirée dans un bar de ploucs. Peut-être que, comme Hermann Cohen, Paul Natorp et (au moins jusqu'en 1920) Ernst Cassirer, elle s'efforçait d'approfondir l'œuvre de Kant dans la direction d'une théorie de la connaissance, et partant, d'une épistémologie ?


Je suppose qu'elle a senti que je l'observais. Elle s'est retournée pour me regarder, elle a souri quelques secondes, puis elle s'est penchée et elle a parlé au barman qui lui a vite apporté une bière.


Ça faisait un moment que j'étais hors-circuit. J'avais des embrouilles avec ma femme. Un des problèmes était que je passais trop de soirées dehors : c'était une source de disputes dont j'avais du mal à sortir gagnant. On a du mal à gagner quand on sait que c'est parce qu'on déconne qu'il y a un problème.


La fille restait assise là, jetant quelques coups d'
œil à droite et à gauche, et elle fumait une cigarette. Au bout d'un moment elle est descendue de son tabouret, et, se dirigeant vers le juke-box, elle a tiré quelques pièces de sa poche. Son jean était si serré qu'elle avait du mal à extraire l'argent. Elle s'est penchée sur le panneau aux lumières vives, elle a posé sa bière et elle a tenu sa cigarette entre les doigts de sa main gauche. Elle s'est retournée, et me regardant en face, elle m'a demandé ce qui me plairait. Je lui ai dit que ce qui m'aurait vraiment plu, ç'aurait été de ne jamais venir au monde, mais qu'à part ça je ne voyais pas. « Oh, comme Cioran, elle a dit. Dans ce cas, je vais jouer Sombre dimanche. Cette lugubre cantilène devrait bien s'accorder avec votre humeur mélancolique. »

C'est ce qu'elle fit. Et subito presto, je me mis à trembler, comme si les muscles, les os, les tendons cherchaient à se séparer en moi.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

mercredi 18 juillet 2018

La liberté chez Duns Scot


« Un retraité d'Amiens, âgé de 74 ans, soupçonné d'avoir mortellement blessé sa compagne de 87 ans en la poussant dans un escalier, a été mis en examen et incarcéré. Le suspect a expliqué, durant sa garde à vue, que le fait qu'il eût une maîtresse avait été à l'origine de la dispute qui l'a finalement conduit à commettre son geste fatal. Il en avait "soupé" de ces reproches incessants, dit-il, et voulait simplement "retrouver sa liberté".

Heidegger a montré à propos de Kant que le problème de la liberté pouvait suivre deux chemins : celui d'une interrogation sur le mode de causalité de la volonté libre, et celui de la liberté morale, ou pratique, qui oriente la question de la liberté vers celle de la dignité humaine.

Mais ces deux chemins, c'est en réalité Duns Scot qui les a ouverts. D'une part, Duns Scot a vu dans la volonté "une puissance des contraires" agissant par mode de contingence ; d'autre part, il a reconnu dans la volonté un pouvoir de se donner au bien, ce qui définissait ultimement à ses yeux la volonté comme puissance libre. Avec Duns Scot, l'essence de l'homme n'est plus la raison mais la liberté — et c'est bien ainsi que l'entend également, semble-t-il, le retraité amiennois. » (Le Télégramme, 23 février 2011)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)