« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 9 juillet 2018
Saoul comme un Kalmouk
Le « métier de vivre » est tellement assommant que tout est bon à l'homme pour échapper à l'ennui mortel qu'il suscite. À cet égard, on ne peut qu'admirer, après M. de Humboldt, l'ingéniosité des peuples nomades qui, dans l'absence de plantes céréales et bulbeuses, riches en amidon, et de fruits à jus sucré, au milieu des steppes de l'Asie, ont trouvé, par la distillation de liquides animaux sécrétés par les mamelles de leurs cavales, de quoi satisfaire leur passion pour les liqueurs enivrantes 1.
1. Le koumys ou tchighan, une fois passé à l'alambic, s'appelle araka.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Une initiative citoyenne pour que le soleil brille
« Toi & Toits : c'est le nom de l'association que viennent de créer des habitants de la communauté de communes Ambert Livradois-Forez en ce début 2018 à Marsac-en-Livradois.
Son objet : développer et produire des énergies renouvelables de façon citoyenne et collective notamment par l'installation de panneaux solaires photovoltaïques sur les toitures de bâtiments publics et/ou privés. C'est une manière concrète pour les habitants de participer à la démarche de territoire à énergie positive (TEPOS) par laquelle le Dasein s'efforce constamment d'être son propre fondement.
Cette action est soutenue par le Parc Livradois-Forez et par le collectif des suicidés philosophiques du Livradois-Forez qui réclame "plus de lumière". » (L'Écho du Parc Livradois-Forez, 2 février 2018)
(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)
Une terrible coïncidence
Le choc du drame passé, l'heure est aux interrogations pour l'ensemble des proches.
« Il a affirmé à plusieurs reprises qu'il allait mettre fin à ses jours, car il n'en pouvait plus de ce scepticisme existentiel qui le suffoquait. L'équipe médicale a-t-elle vraiment tout fait pour éviter une chose pareille ? S'est-elle donné la peine de lui faire lire du Gabriel Marcel ? », demande Claude, le père du défunt. « Son Dasein a-t-il été assez surveillé ? Des dysfonctionnements se sont-ils produits ? »
Des doutes entretenus par une terrible coïncidence : la semaine précédente, le lundi 20 mai, dans la même chambre, un autre patient, 46 ans également, se donnait la mort en s'étranglant avec un lacet. (Le Républicain lorrain, 8 juin 2013)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
Alceste
Comment le type du misanthrope s'est-il présenté au génie de Molière ? D'après Gragerfis (Journal d'un cénobite mondain), cette pièce est « l'écho de l'indignation, du dédain, de l'amertume qui éclatent au sein d'une âme honnête et élevée devant le spectacle éternellement vomitif que lui présente le monde ».
Le suicidé philosophique éprouve la même indignation, le même dédain, la même amertume, mais il se tourne ordinairement vers le taupicide ou le colt Frontier pour signifier son exécration. N'est pas dramaturge qui veut !
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Rationalisme éhonté de Bergamotte
Personnage assez mineur des Sept Boules de cristal, le professeur Bergamotte apparaît comme l'incarnation de l'« homme de la Nature et de la Vérité » dans toute sa sinistre et suffisante vacuité. Non content de profaner, avec ses grosses pattes de « savant », les tombeaux sacrés des fils du Soleil, il s'escrime à désagréger l'Un plotinien par l'« analyse ». Et sa tonitruante hilarité — HA - HA - HA - HA -HA ! —, déclenchée par la frayeur de Milou devant la momie de Rascar Capac, n'est certainement pas faite pour nous le rendre plus sympathique.
Cet homme, qui n'a pas été visité par l'idée du Rien, personnifie les structures empaillées de la raison pure.
(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)
Replant de chou
Vers la soixantaine, il n'est pas rare que l'étant existant soit hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supporte plus l'asthme sévère de la mégère à qui il a malencontreusement lié son existence, et se considère moralement détruit par l'haeccéité. Il décide qu'il ne peut plus continuer à assister ainsi, les bras croisés, à sa propre agonie.
L'infatigable polygraphe autrichien Stefan Zweig connut ces tribulations et, pour essayer de remonter la pente, rendit visite à Georges Bernanos, installé à Barbacena, qui tenta en vain de le requinquer. Finalement, le 22 février 1942, après avoir fait ses adieux et mis ses affaires en ordre — il laisse un mot concernant son chien, qu'il confie à des amis —, Stefan Zweig se donne la mort en s'empoisonnant au véronal, en compagnie de sa némésis, Lotte.
Selon Gragerfis, au Brésil, l'écrivain se trouvait « comme un poisson jeté sur l'herbe et cherchant la rivière, ou comme un replant de chou dont les racines pendent, attendant un sol ferme et nourricier : le Rien. »
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Contrepet
Les personnages de roman sont parfois les doubles de leur auteur, mais ce n'est pas une règle absolue. Ainsi, Hugo avait l'entrain de Javert, tandis que Flaubert n'a jamais été sosie d'Homais.
(Théasar du Jin, Journal ontologique critique)
Succédané
« Un fébrifuge !... répondit l'ingénieur. Nous n'avons ni quinquina, ni sulfate de quinine ! — Non, dit Gédéon Spilett, mais il y a des saules sur le bord du lac, et l'écorce de saule peut quelquefois remplacer la quinine [...] L'écorce de saule, en effet, a été justement considérée comme un succédané du quinquina. » (Jules Verne, L'île mystérieuse, 1874, p. 507)
De même, selon Dioscoride, l'idée du Rien serait un excellent succédané de... tout ce que vous voulez, à vrai dire.
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
Sangle rembourrée
Le calculeux dont la vessie hypertendue se refuse à recevoir du liquide, et à qui tout mouvement risque d'être funeste, n'envisage la lithotomie qu'avec une indicible horreur et ne saurait partager la sécurité de M. Heurteloup et la confiance entière qu'il a dans la sangle rembourrée.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
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