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dimanche 23 juin 2024

Soif de connaissance du monstre bipède

 

Le monstre bipède veut tout connaître : Carl Gustav Jung, la civilisation maya, Glenn Gould, James Hillman... Comme Pliouchkine avec ses bouts de ficelle, il considère que « ça peut toujours servir ». Ce en quoi il se trompe car l'expérience montre que ça sert à « peau de zobe ».
— James Hillman ? Qui c'est, ce mec-là ?
— Personne. Un psychologue à la gomme.
— Oh. 
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 29 mars 2024

Une cruche

 

Madame Bovary est une vraie cruche. Elle n'a pas compris que le monde, ce monde, est un « monde de néant » dans lequel « tout pue ». Elle vit dans ses rêves, mais elle ne rêve pas au Grand Indéfini d'Anaximandre, non, elle fait des rêves de cruche : prince charmant, danse endiablée, dos d'esturgeon, etc. On a envie de la gifler. À la réflexion, le dos d'esturgeon, c'est dans Gogol — mais ça ne change rien à l'affaire.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 1 décembre 2023

Tristesse de Montcuq

 

Pouchkine : Dieu, comme elle est triste, notre Russie !
Gogol : Ouais. Et encore, t'as pas vu Montcuq. C'est une ville en France, tu peux pas comprendre.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 30 novembre 2023

Flux de pensée

 

On entend les mots « indépendance grecque », et aussitôt viennent à l'esprit les noms de Canaris, de Miaoulis, de Mavrocordatos ; puis entre en scène l'héroïne Bobelina aux fortes cuisses, suivie de l'ours Sobakiévitch et de son créateur Nicolas Gogol. Le cerveau humain est un véritable automate de Vaucanson !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 17 août 2023

Fin mot

 

Dans les Âmes mortes, Nozdriov est un hâbleur. Un seul mot — « hâbleur » — suffit à Gogol pour le définir tout entier. Mais pour se définir soi-même, on cherche en vain le mot. Un pot de pisse ? Ça fait trois mots.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 24 janvier 2023

Souvenirs

 

Au crépuscule de sa vie, l'écrivain Georges Perec se souvenait du champion de rugby à XIII Puig-Aubert surnommé Pipette. Il se souvenait aussi de Paul Ramadier et de sa barbiche. Le nihilique, lui, se souvient du portrait du général Bagration appendu au mur du salon de Sobakévitch en compagnie de Miaoulis, Canaris, Mavrocordato, et de l'héroïne Bobelina aux fortes cuisses.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 11 décembre 2022

Aux frontières du possible

 

Un nez qui disparaît et qui réapparaît sous la forme d'un conseiller d'État, c'est déjà assez extraordinaire. Mais atteindre l'âge de quatre-vingt-quatre ans quand le réel vous donne de l'asthme pratiquement depuis votre naissance, qu'un Lucien Goldmann vous a ruiné de réputation et qu'une Simone Boué vous tourmente depuis cinquante-trois ans avec sa tarte aux poireaux... « On a beau dire, de semblables faits se produisent dans le monde ; — rarement, mais il s'en produit. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 16 mai 2022

Un endroit à fuir

 

Il ne faut pas longtemps pour s'apercevoir que la réalité empirique manque furieusement d'attrait. Sans se prendre pour Nicolas Gogol, on peut dire qu'on s'y ennuie comme dans une gare en Russie.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 16 mars 2019

Un moderne Tchitchikov


Cadavre entre les cadavres, je dissimule ma putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

samedi 15 septembre 2018

De Charybde en Scylla


À l'instar du lieutenant Pirogov qui, chez Gogol, oublie en mangeant des pâtés lorrains 1 la « dégelée » qu'il a reçue d'un mari trompé, le sectateur du Rien cherche l'apaisement de ses douleurs nihiliques dans la goûteuse et fort onctueuse musique de Schumann. Mais ce « perlimpinpin prismatique » (Jutique) s'avère aussi redoutable que le cratère funèbre du vide qu'il cherchait à fuir, et finit par l'engloutir tout entier !

1. Les pâtés lorrains renferment, dans une enveloppe de pâte feuilletée croustillante à souhait, une farce à base de porc mariné.

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

mercredi 15 août 2018

Zinzolin moucheté


Dans les Carnets de Malte Laurids Brigge, le narrateur se remémore le moment où un lugubre morticole perfora avec une aiguille le cœur de son père défunt. Ce dernier, qui ne craignait rien tant qu'être enterré vivant, avait, peu avant sa mort, conjuré son fils de faire pratiquer cette opération.

Mais l'homme du nihil, lui, c'est à chaque instant qu'il se voit transpercé par le poinçon empoisonné de l'haeccéité. Et ce transpercement continuel fait de lui un « cadavre vivant » qui tente de dissimuler sa putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté — qu'il a emprunté, faut-il croire, au Tchitchikov de Gogol.


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)