mardi 9 octobre 2018

Traitement de choc


« Clarus parle d'un homme dans la pachyméninge duquel, tous les deux ou trois mois, la pensée de se détruire se mettait à enfler puis à souffler en bourrasque. Le malade, pour échapper au désir obsédant de s'anéantir, se renfermait dans sa chambre, où personne n'entrait qu'une vieille gouvernante ; il se mettait au lit, faisait mettre auprès de lui quelques douzaines de bouteilles de vin rouge, et buvait jour et nuit jusqu'à ce que tout fût vide. L'accès se terminait par des vomissements répétés. » (Louis de La Berge, Édouard Monneret, Louis Fleury, Compendium de médecine pratique, Tome III, Bruxelles, Société encyclographique des sciences médicales, 1844)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Univers des possibles


Dans la théorie des probabilités, l'univers des possibles est défini comme l'ensemble de tous les résultats pouvant être obtenus au cours d'une expérience aléatoire, comme celle qui consiste à se jeter, ivre de cézannisme géométrique, dans un puits busé, ou encore celle où le patient s'allonge, dans un garage hermétiquement clos, sous une fourgonnette dont le moteur tourne.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Interlude

Jeune femme lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Mèdes !


Selon Gragerfis, les Bouses étaient une tribu des Mèdes, et les Boudiens également.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Férocité inouïe de l'ami de la sagesse


« Les philosophes, lorsqu'ils ne peuvent plus supporter l'oisiveté et l'ennui de leur existence, se donnent le barbare plaisir de poursuivre un phénomène, de le réduire aux abois, de le faire passer par tous les degrés de la terreur et du désespoir, pour le faire enfin déchirer par des meutes de concepts, lorsqu'il ne peut plus ni se remuer ni se défendre, et qu'il n'a plus que des larmes et des palpitations douloureuses à opposer. » (Ligaturo Mazop der Saj, Le vice suprême, J.-B. Baillière, Paris, 1894)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Panacée


Selon Matthiole, l'idée du Rien « nettoie l'estomac de toutes les humeurs grasses et gluantes qui causent les indigestions ; tue les vers ; guérit toutes les coliques d'estomac et d'entrailles au bout de quelques minutes ; rend gai, soulage bien les hydropiques ; guérit les indigestions dans une heure de temps, ramollit le tympan aux sourds ; apaise pour quelques temps les douleurs d'une dent creuse ; purifie le sang, le fait circuler, et est un contre-poison parfait ; purge imperceptiblement et sans douleurs, et guérit toutes les fièvres intermittentes à la troisième dose. Elle a ceci d'admirable, ajoute l'auteur, qu'on peut en prendre une forte dose impunément, et qu'elle est utile à tout. »

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Oxygène


Morozzo, ayant mis plusieurs philosophes sous une cloche de verre qui plongeait dans l'eau, et qui fut remplie d'air atmosphérique, puis d'oxygène, remarqua que ces « amis de la sagesse » vivaient moins longtemps dans l'air ordinaire que dans l'air vital, parce qu'ils en épuisaient plus tôt, en produisant leurs concepts, la partie respirable !

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Interlude

Jeune fille cherchant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Une cure efficace


Un homme de quarante ans, d'un tempérament sec et mélancolique, était atteint depuis longtemps d'une tristesse profonde qu'il chercha vainement à combattre par une multitude de moyens. Il se résolut finalement à prendre du taupicide en infusion légère dans de la bière, et après neuf jours de traitement, la maladie se dissipa et le malade avec.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Honnêteté intellectuelle


Plutôt que de bâtir un système, et de donner, comme l'ont fait souvent Follard, Guischardt et Maiseroy à propos de poliorcétique, ses conjectures pour des preuves, le suicidé philosophique préfère avouer franchement son ignorance sur les choses qu'il ne peut comprendre — la temporalité du temps, la mortalité de l'être mortel, l'haeccéité — et en tirer les conséquences dernières en se se mettant un nœud coulant autour du cou avec une ficelle qu'il a attachée au portique d'entrée du potager.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Autoportrait


Un morphinomane de l'ennui.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Idéalisme rayonnant


« Les idéalistes allemands sont des philosophes mous, gélatineux, urticants, de forme rayonnée, n'ayant jamais de cavité viscérale ni de vaisseaux, mais de simples canaux pour la circulation des concepts, qui partent d'une cavité centrale — la "pachyméninge" — pour rayonner vers la circonférence. » (Georges Louis Duvernoy, Leçons sur l'histoire naturelle des corps organisés, Crochard, Paris, 1839)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)