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dimanche 6 octobre 2024

Chasse au phénomène

 

Eugen Fink décrit en ces termes le changement qui s'opérait en Husserl quand il débusquait un phénomène : « Son regard luisait d'un feu sauvage et terrible ; son poil se hérissait, ses lèvres s'ouvraient, et de son gosier sortait avec un son rauque un souffle empesté. L'air, empoisonné par cette haleine, devenait funeste au phénomène qui bientôt s'écroulait, frappé de convulsions mortelles. »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

jeudi 8 décembre 2022

Dialogue philosophique

 

Eugen Fink rapporte que Heidegger demanda un jour à sa maîtresse la fille Arendt : « Dis donc Hannah, saurais-tu par hasard ce que c'est que l'être ? Quant à moi, je sèche. » Et selon Fink, la future prêtresse de la banalité du mal aurait répondu : « Je ne sais pas, moi... Tu en as de bonnes ! »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 10 avril 2019

Un éternel perdant


Non content d'être un « perdant de la mondialisation », le suicidé philosophique est aussi un « perdant de la mondanité » (au sens du philosophe Eugen Fink et au sens où il n'est jamais invité dans les coquetèles).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 1 octobre 2018

Sol phénoménologique de la mondanité


« Le flux ininterrompu de la temporalisation, en tant qu'il assure les toutes premières congruences synthétiques de l'activité intentionnelle, représente en effet le sol phénoménologique le plus profond de la mondanité. »  (Raphaël Célis, La mondanité du jeu et de l'image selon Eugen Fink, Revue Philosophique de Louvain, 1978).

— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

mardi 14 août 2018

Le grand jeu


Retrouvant des intuitions centrales d'Héraclite et de Nietzsche, les prolongeant et les systématisant, le suicidé philosophique tente de rassembler en un tout cohérent crosse, canon, barillet, percuteur et queue de détente pour en faire la pièce centrale de sa philosophie de l'existence. Il interroge en ce sens magie et mythes, religions et cultes, philosophie et esthétique, avant de se rabattre sur le Petit manuel d'armurerie de Henri Baret (Imprimerie Dumas, 1927).

Dépassant la distinction tranchée entre ludique et sérieux, et d'accord en cela avec le philosophe Eugen Fink, il voit le monde comme un jeu sans joueur et l'homme comme une espèce de « mobile sur coussin d'air » quand ce n'est pas un « agrume désaxé des champs agricoles ».

Il sait que tout homicide de soi-même est à la fois réel et irréel, mais cela n'entame pas sa détermination à se « faire sauter le couvercle ».


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

samedi 21 juillet 2018

Sol phénoménologique de la mondanité


« Les marins espagnols ont les premiers appelé l'attention sur la calenture. C'est une maladie fébrile particulière aux marins, et à laquelle on assigne pour symptôme dominant, un délire furieux, avec désir irrésistible de se précipiter à la mer. Toutefois, cet entraînement impérieux ne doit pas être donné comme l'expression d'un penchant au suicide, mais comme le résultat des illusions et des hallucinations qu'éprouvent les matelots ayant fait un usage immodéré de la phénoménologie d'Eugen Fink. Non seulement la mer leur apparaît comme une plaine semée de gazon et émaillée de fleurs, mais, sous l'influence dudit philosophe, le flux ininterrompu de la temporalisation, en tant qu'il assure les toutes premières congruences synthétiques de l'activité intentionnelle, leur semble le sol phénoménologique le plus profond de la mondanité. » (Jean-Pierre Falret, Du délire, Paris, Cosson, 1839)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

mercredi 18 juillet 2018

Mer de la tranquillité


Le phénoménologue Eugen Fink, après avoir tenté longtemps de percer le caractère secret du Dasein — qui selon lui possède « la forme d'un labyrinthe avec une multitude de relations contradictoires » —, finit par jeter l'éponge pour se consacrer plutôt à la mort, avec son cortège de mouches bleues de la viande (Calliphora vomitoria) et de mouches grises (Sarcophaga carnaria).

Pour Fink comme pour l'homme du nihil, la mort est le phénomène fondamental. Mais contrairement à Heidegger qui ne pense la mort que par rapport à l'existence individuelle, Fink la voit comme un retour à une unité primordiale : « La mort dénoue les fils de l'haeccéité, elle casse la prison étroite de l'encapsulement dans le Moi : elle devient un sauveur, non pas parce qu'elle nous libère de la souffrance terrestre, de l'angoisse et du souci, mais parce qu'elle brise notre "finitude", et laisse entrer notre existence dans la mer de l'unité totale ».

C'est bien ainsi que l'envisage l'homme du nihil qui, plus hardi que Fink, ose nommer cette « mer de l'unité totale » : il s'agit selon lui... du Rien. Mais oui !


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mercredi 4 juillet 2018

Le testament Donadieu (Georges Simenon)


Une ouvreuse traversa le hall, ouvrit à deux battants les portes vitrées, tendit la main pour s'assurer qu'il ne pleuvait plus et rentra en serrant son tricot noir, à boutons, sur sa poitrine. Comme à un signal, la marchande de berlingots, de cacahuètes et de nougats quitta, de son côté, l'abri d'un seuil et s'approcha de son éventaire dressé au bord du trottoir.

Au coin de la rue du Palais, l'agent... Car tout était rites, tout s'enchaînait paisiblement, selon les lois rassurantes. Parce qu'on était à La Rochelle, il suffisait de la bande jaune « Changement de programme » sur les affiches du cinéma pour savoir qu'on était mercredi, alors qu'ailleurs le changement de programme a lieu le vendredi, ou le samedi, ou le lundi.


Un parapluie était ouvert au-dessus de la charrette de la marchande, car il avait plu, et les spectateurs, qui sortaient enfin de la salle, esquissaient tous le geste de l'ouvreuse. Cinquante, cent personnes peut-être, disaient en arrivant au même point du trottoir, qui à sa femme, qui à son mari :
— Tiens ! Il ne pleut plus...
Parfois, le mari ou la femme répliquait :
— C'est possible, mais chez Eugène Fink, le flux ininterrompu de la temporalisation, en tant qu'il assure les toutes premières congruences synthétiques de l'activité intentionnelle, représente le sol phénoménologique le plus profond de la mondanité.


En tout cas, il faisait frais. On n'avait pour ainsi dire pas eu d'été. Le Casino du Mail avait fermé quinze jours plus tôt que d'habitude et à la fin septembre on se serait cru en plein hiver, avec, cette nuit, un ciel trop clair, aux étoiles pâles, sous lequel passaient des nuages vites et bas.


Dix autos, quinze autos ? On entendait tourner les démarreurs. Les phares s'allumaient et toutes les voitures se faufilaient dans la même direction, sans klaxonner, à cause de l'agent, s'emballaient enfin une fois hors de la foule.


Un mercredi comme les autres, un mercredi de fin septembre. Un mercredi où tout « système de l'existence » paraissait impossible, n'en déplaise à Hegel.


(Maurice Cucq, Georges Sim et le Dasein)

jeudi 14 juin 2018

Sphère transcendantale


Ce qui, selon le phénoménologue Eugen Fink, définit la sphère transcendantale, c'est qu'elle est non-mondaine, c'est-à-dire qu'on ne la rencontre jamais dans les coquetèles. En ce sens, l'homme du nihil est l'être transcendantal par excellence.

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

jeudi 24 mai 2018

Mondanité canine


Le chien est-il un animal mondain au sens qu'attribue à cet adjectif le phénoménologue Eugen Fink ? Selon cet « ami de la sagesse », est mondain ce qui est dans le monde, notre monde (pas le monde des dieux), ce qui fait partie du tout qui s'appelle monde.

En ce sens, oui, on peut dire que le chien est un animal mondain. Mais aussi le ver de terre, si l'on veut aller par là. Et même l'ours, que la sagesse populaire présente pourtant comme peu mondain et même antimondain ! 


Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

dimanche 20 mai 2018

Belfort : un café au féminin pour mieux vivre ensemble


« À Belfort, l'association Femmes Relais a lancé en 2002 des ateliers baptisés Café au féminin pour contribuer au "mieux vivre ensemble". Il s'agit de groupes de parole qui se réunissent une fois par semaine dans trois quartiers belfortains : les Résidences, les Glacis et Belfort Nord. "Ici, on vit ensemble à travers les échanges, les relations humaines. Je me retrouve comme une enfant. On a la liberté de donner notre avis" explique Keira Daouad 53 ans, une Française d'origine algérienne.

Tous les thèmes sont abordés : accès aux "allocs", santé, et même culture — dernièrement, un débat animé a opposé les participantes sur la question de savoir si, comme le prétend l'empirisme logique, les énoncés éthiques et métaphysiques sont, en tant qu'énoncés prescriptifs, nécessairement "vides de sens". Les participantes sont issues de quarante-huit nationalités différentes ce qui permet un vrai brassage multi-culturel. "Le vivre ensemble, on le travaille à travers ces cafés au féminin. C'est important que chacune s'implique dans ces échanges, qu'elle participe à la vie citoyenne" explique Nicole Larcat, directrice de l'association Femmes Relais.

Les adhérentes ont la possibilité d'apprendre le français grâce aux ateliers socio-linguistiques, où la parole est libre et sans tabou. Il arrive même qu'on y discute de la sensation d'angoisse qui étreint le sujet pensant quand il se voit pourvu de caractéristiques, matérielles et immatérielles, qui font de lui une "chose particulière"
ce que les philosophes appellent l'haeccéité. L'homicide de soi-même, qui offre une issue à cette suffocation existentielle, est également abordé par le biais de conférences (la dernière, qui portait sur l'usage du taupicide, a été donnée par l'écrivain Raymond Doppelchor devant une salle comble).

A l'époque du dixième anniversaire de l'association, les participantes avaient monté une pièce de théâtre sur la notion de mondanité dans l'œuvre d'Eugène Fink, et s'étaient produites sur les planches du théâtre Granit de Belfort. Un souvenir mémorable et un temps fort dans la vie de cette association ! »
(France Bleu, 12 février 2015)

(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

vendredi 18 mai 2018

Aux choses mêmes !


« C'est un suicide macabre qui s'est déroulé vendredi vers 19 heures. Un homme de 42 ans se serait troué le crâne avec une perceuse avant de s'administrer de la mort-aux-rats. Secouru par les pompiers qu'avait alertés la sœur de la victime qui vit dans le même immeuble, l'homme, dépressif, a été transporté à l'hôpital de la Timone à Marseille. Il est malheureusement décédé hier matin des suites de ses blessures. 

Selon les premiers éléments de l'enquête, le désespéré aurait été influencé par la lecture d'un article d'Eugène Fink intitulé "Le problème de la phénoménologie d'Edmond Husserl", publié dans la Revue internationale de philosophie en 1939 (on en a retrouvé un exemplaire dans sa commode, caché sous des chaussettes). Dans cet article, Fink écrit que "la radicalité d'une philosophie est fonction de la radicalisation de son problème" et explique que la méthode husserlienne offre un nouveau départ radical dans la recherche du sens de l'être : "Dans ce retour étonné à l'étant (l'existence des choses), l'homme s'ouvre à nouveau et pour ainsi dire originairement au monde, il se trouve à l'aube d'un nouveau jour du monde, où lui-même et tout ce qui est commencent à apparaître sous une nouvelle lumière, où la totalité de l'étant s'offre à lui d'une manière neuve". 

Sans doute, la promesse d'un nouveau commencement, l'étonnement devant ce qui est, la méthode pour rejoindre l'immédiateté du donné, c'est-à-dire la démarche de la philosophie de Husserl, tout cela devait éveiller l'intérêt du malheureux qui, selon sa sœur, "baignait déjà dans une manière de penser bergsonienne" et était "attentif aux données immédiates de la conscience". 

D'après les enquêteurs, l'homme aura sans doute voulu revenir d'un coup "aux choses mêmes", ulcéré qu'il était par les conceptions positivistes de son époque. » (La Provence, 24 octobre 2010)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

lundi 14 mai 2018

Biens terrestres (Tobias Wolff)


Un soir, Davis attendait un taxi en compagnie de sa nouvelle conquête quand celle-ci vit une galerie de jeux de l'autre côté de la rue. Elle insista pour qu'ils fassent quelques parties avant de rentrer, et quand Davis lui rappela qu'il se faisait tard, elle dit : « Oh, mais t'es un vrai bonnet de nuit ! Tu ne sais donc pas que chez Eugène Fink, le jeu n'intègre l'apparaître de l'étant ni dans la structure de la cognoscibilité, ni dans celle de l'être-disponible ? Que, compris dans sa radicalité, il est un laisser-être pur qui affecte la teneur même de l'étant qui subit son emprise ? Et qu'il ne se confond donc pas avec la réduction d'une pré-donnée déjà doxiquement accomplie ? »

« Bon dieu, je suis encore tombé sur une dingue », se dit Davis in petto. Mais bien qu'il n'eût plus revu cette femme par la suite, sa remarque sur le « bonnet de nuit » le tracassait.


Peu de temps après, il regardait des voitures d'occasion quand il vit, au fond du terrain, une puissante automobile identique à celle que l'un de ses meilleurs amis avait eue quand ils étaient jeunes : même modèle, même année. Le vendeur vint l'admirer un instant avec Davis, puis il essaya de l'intéresser à une voiture plus récente, une vilaine berline grise avec beaucoup de place dans le coffre. Soudain, Davis sentit monter sa colère. Il revint à la première voiture, joua avec les vitesses, puis l'acheta et rentra chez lui avec. C'est alors qu'il sentit la vérité profonde de l'adage populaire qui affirme qu'« aucun mode de l'agir ontique ne peut en circonscrire la loi de surgissement ».


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)