samedi 7 janvier 2023

Nouvelle en trois lignes

 

Un quidam que tout excède trouve un coquillage sur la plage. Quand il le porte à son oreille, il n'entend ni la mer, ni le vent, ni les anges, mais la voix du pachynihil qui lui susurre : « rien n'est ». Il n'a jamais rien entendu d'aussi beau.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Automutilation

 

Les accès de dépression récurrents de Cantor, de 1884 à la fin de sa vie, ont parfois été attribués à l'attitude hostile de certains de ses contemporains (au premier rang desquels Kronecker), mais les savants d'aujourd'hui estiment qu'ils étaient plutôt les signes d'un trouble bipolaire. Quand il ne se sentait pas bien, le mathématicien s'adonnait à la scarification et allait jusqu'à s'infliger des coupures de Dedekind !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Canular surréaliste

 

L'univers est certes immense mais il n'est pas infini. Dans la nature, rien n'est infini — à l'exception peut-être de la méchanceté des « bourrelles ». Comme le disait le mathématicien Kronecker : « Dieu a créé les nombres entiers ; Satan a créé les bourrelles ; le reste est l'œuvre de l'homme. » Selon cet arithméticien qui s'opposait de toutes ses forces à Cantor, l'infini n'était rien d'autre qu'un « canular surréaliste ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Ultime déconvenue

 

L'homme qui sent le sol se dérober sous ses pieds se tourne ordinairement, en désespoir de cause, vers l'ontologie herméneutique ricœurienne. Hélas ! Cette ontologie se présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans jamais s'ériger en un système clos et achevé !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)