« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 24 septembre 2018
Coquecigrue
Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis énonce deux qualités que posséderait nécessairement, selon lui, une créature dépourvue de Moi. « Primo, dit-il, elle ne connaîtrait aucune des formes de cette agonie de l'être qu'on nomme la solitude : ni celle, existentielle, décrite par le philosophe Kierkegaard ; ni la plus terrible encore solitude des fêtes foraines évoquée par Doppelchor dans sa Suave idée du Rien. Deuzio, n'ayant pas conscience du temps, elle pourrait s'exclamer comme le poëte : Éternellement jeune ! » — « Si tant est qu'une créature privée de Moi puisse s'exclamer quoi que ce soit », ajoute-t-il avec sa mordacité habituelle.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Diarrhée stercorale
« La diarrhée stercorale consiste en des selles plus ou moins fréquentes d'excréments non-formés plus ou moins mous et plus ou moins fétides : cette excrétion, ainsi que les autres excrétions extraordinaires, a souvent lieu dans des individus de la plus excellente constitution en qui elle est causée par des aliments de mauvaise qualité, ou par des excès d'aliments, qui n'ont lieu que de temps en temps, ou qui sont habituels. Si les excès d'aliments ou les aliments de mauvaise qualité ont lieu plus ou moins fréquemment, la diarrhée stercorale est plus ou moins fréquente. Si ces excès sont habituels, la diarrhée stercorale est habituelle. On voit beaucoup de gens très-sains, de la plus excellente constitution, qui mangent prodigieusement, et de toutes sortes de mets, et qui n'éprouvent d'autres incommodités que la diarrhée stercorale habituelle, qui malgré cela, pendant longtemps, sont très vigoureux, ont très-bon teint, ont très-grand appétit, et qui enfin font très-bien toutes leurs autres fonctions : mais à la longue, dans quelques individus plus tôt, dans d'autres plus tard, cette espèce de diarrhée cause l'affoiblissement des organes secrétoires et excrétoires des sucs digestifs, ce qui donne lieu à des digestions imparfaites, d'où s'en suivent quelques-uns des vices des humeurs décrits. » (Clériade Vachier 1, Méthode pour traiter toutes les maladies ; Très-utile aux jeunes Médecins, aux Chirurgiens et aux Gens charitables qui exercent la Médecine dans les campagnes, Paris, 1789)
1. Docteur-Régent de la faculté de Médecine, ancien Professeur des Écoles de Médecine de Paris.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Un piètre déguisement
Les radicelles de l'être couvrent sans les cacher les flancs émaciés du néant.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Bimotorisé
Deux forces souveraines commandent à l'homme du nihil et règlent sa destinée : le dégoût de l'haeccéité et la profonde aversion qu'il ressent pour le « monstre bipède ».
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Randonnée dans les ténèbres
Le mot de Cromwell : « Celui qui fait le plus de chemin est souvent celui qui ne sait pas où il va » se trouve une fois de plus confirmé dans la personne de ce bizarre rêveur qu'est le « Suisse ».
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Le spleen du randonneur
Des forêts inondées de l'Oise aux champs gersois plombés par un soleil lugubre, le suicidé philosophique s'imprègne de la mélancolie des sites qu'il traverse et exalte leurs contrastes dans des poëmes qu'il ne destine qu'à lui seul, comme la dynamite qu'il transporte dans son paquetage. Sa pachyméninge, torturée par la conscience de l'écoulement du temps, ressemble à un inventaire de paysages en voie d'extinction.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Nandou
Alors que nous cheminions au fond d'une vallée, nous fûmes dépassés par le Juif errant qui s'exprima en ces termes :
« L'émeu, le nandou, sont de grands oiseaux coureurs au sternum dépourvu de bréchet. »
Mais le cabaliste, d'une formule inintelligible, fit fuir l'infortuné vagabond et nous arrivâmes au gîte sans l'avoir revu.
(Jean-Paul Toqué, Manuscrit trouvé dans Montcuq)
Un nuisible
L'homme du nihil, par ses habitudes radicivores, cause les plus grands dégâts dans les jardins et surtout les champs de concepts des « amis de la sagesse » et autres « hommes de la Nature et de la Vérité ».
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Pas une minute à perdre
« Me voyant comme hypnotisé, l'idée de l'homicide de soi-même marchait maintenant à grandes enjambées, tel un prophète hébreu. »
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
The Underground Man
L'homme du nihil est un être essentiellement souterrain. Les substances ferrugineuses dont il est teint ou pénétré sont la principale preuve de son long séjour dans l'intérieur de la terre.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
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