Affichage des articles dont le libellé est Pavese Cesare. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Pavese Cesare. Afficher tous les articles

mardi 26 novembre 2024

Yeux de poisson frit de la mort


Quand Pavese écrit « Assez de mots, un acte », il prête quelque peu à rire. S'il avait été à ce point dégoûté des mots, il aurait accompli son acte sans en faire un fromage, c'est-à-dire sans écrire « Assez de mots, un acte ». Mais les écrivains, il faut toujours qu'ils fassent les malins, même au moment de dévisser leur billard. Toujours est-il que pour Pavese, quand la mort vint, elle avait, de façon complètement inattendue, des yeux de poisson frit !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

dimanche 24 novembre 2024

La tentation du cambisme

 

Un beau jour, on s'aperçoit que le tracas d'exister n'est plus compensé par aucun plaisir, même minuscule. L'heure est venue de rejoindre François Donati à la Bourse de Paris — façon de parler. Comme a fait Pavese.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

dimanche 20 octobre 2024

Dialogue avec la mort

 

Quand la mort se présenta devant lui, l'écrivain Pavese lui dit qu'elle était si belle que la regarder était une souffrance. La mort, surprise, lui rappela que pas plus tard que la veille il disait que c'était une joie. Piqué au vif, il rétorqua que c'était à la fois une joie et une souffrance. Elle déclara alors que tout ça était bien gentil mais qu'il allait falloir y aller ; qu'il n'était plus l'heure de faire des phrases.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mercredi 4 septembre 2024

Exécrer fatigue

 

Exécrer, mais consciencieusement, cela représente une énorme dépense d'énergie mentale, surtout lorsqu'on exècre tout ou presque. Le soir, on est épuisé.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

samedi 29 juin 2024

Sénescence dadaïste

 

À la fin de sa vie, Georges Ribemont-Dessaignes ne voyait plus, n'entendait plus, ne se souvenait plus. Il était devenu complètement négatif. Il disait à son valet de chambre : « Si la mort vient — vous la reconnaîtrez facilement, elle a les yeux de la gonzesse à Pavese —, vous lui direz que je n'y suis pas. »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

samedi 22 juin 2024

Attendre

 

Pavese dit qu'attendre est encore une occupation, que c'est ne rien attendre qui est terrible. Mais en fait, ce n'est pas si terrible que ça, une fois qu'on a compris que tout ce qu'on attend dans la vie se résume, une fois réalisé, à de la révérence parler merde. Ce n'est terrible que pour ceux qui aiment la révérence parler merde.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mardi 30 avril 2024

Actes

 

Contrairement à ce que sous-entend Pavese quand il écrit « assez de mots, un acte », le suicide n'est pas le seul acte possible, il y en a d'autres si l'on y réfléchit bien. On peut se curer les doigts de pied à Poughkeepsie (ce n'est qu'un exemple).
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

lundi 22 janvier 2024

Problème de comprenoire

 

Dans tout métier, il y a des virtuoses et des gâcheurs, et dans celui de vivre aussi. Le nihilique est un gâcheur, mais il faut dire qu'on ne lui a jamais montré (comment vivre et tout ce qui s'ensuit). En plus, il a la comprenoire bouchée : sorti de « rien n'est », il ne pige que dalle.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 20 décembre 2023

Problème d'orientation

 

Il n'y a pas de métier plus salissant que celui dont parle Pavese, à savoir celui de vivre. On patauge dans un fleuve de vous-savez-quoi et on arrive tout crotté au sépulcre. Le métier de ne pas vivre aurait été moins salissant mais on a été mal orienté.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 6 novembre 2023

Assez de mots ! Des croquettes !

 

Le chat n'est pas un animal à problèmes, contrairement à l'humain. Il mange ses croquettes Canaillou, il dort, et il se fiche de la mort qui vient, qu'elle ait ou non les yeux de la « gonzesse à Pavese ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mardi 1 août 2023

L'insoutenable lourdeur du poncif

 

Dès qu'il se passe quelque chose à Marseille, la machine à poncifs se met en route : la « cité phocéenne » par-ci, la « cité phocéenne » par-là... Assez de cités phocéennes ! Un acte !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 27 décembre 2022

Assez de salamalecs !

 

Le poëte Lessing dit vrai : il nous reste à singer, en mourant, le petit babouin. En « dévissant son billard », le petit babouin nous a montré la voie. Alors assez de salamalecs ! Ou comme dirait l'autre : « Assez de mots. Un acte ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 25 décembre 2022

Réminiscence de Pavese

 

Aura-t-elle tes yeux quand elle viendra, on ne sait pas, mais pour l'instant la mort ne vient pas, et ce qui est certain, c'est que le temps est long dans ces conditions. Alors on le meuble d'agissements qui peuvent à première vue paraître raisonnables, et s'ils ne le sont pas, du moins en avons-nous l'habitude.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 20 novembre 2018

Assez de mots. Un acte !


Se lever un beau matin, tout à fait calme et sûr de soi, et enfoncer quelque chose d'acéré et de définitif dans l'entrelacs de viscères où s'abrite le Moi... Ah, quel délice ! (Les trente-trois délices de Théasar du Jin, Traduction de Simon Leys)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 2 septembre 2018

Vocation


Chez certains individus, la pachyméninge ne connaît jamais de calme plat et c'est en permanence que la pensée de se détruire « siffle et souffle dans la mâture ». L'écrivain italien Cesare Pavese était de ceux-là.

Dans son journal intime, découvert après sa mort et publié sous le titre Il mestiere di vivere (Le métier de vivre), il affirme avoir eu de tout temps une vocation suicidaire : « C'est seulement ainsi que s'explique mon actuelle vie de suicidé. Et je sais que je suis pour toujours condamné à penser au suicide devant n'importe quel ennui ou douleur. C'est cela qui me terrifie : mon principe est le suicide, jamais consommé, que je ne consommerai jamais, mais qui caresse ma sensibilité. » Le 27 août 1950, dans une chambre d'hôtel de Turin, Pavese met pourtant fin à ses jours en absorbant une vingtaine de cachets de somnifère. Il laisse sur sa table un dernier texte, La mort viendra et elle aura tes yeux, terminé par « Assez de mots. Un acte ! »

Selon Gragerfis, ce seraient « une sensibilité morale exacerbée » et « une capacité d'autoanalyse sans complaisance et sans concession sur le plan esthétique » qui auraient porté Pavese à son geste ultime.


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)