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mardi 24 octobre 2023

Was machst du hier ?

 

On se sent dans le réel comme Hölderlin devait se sentir chez le charpentier Zimmer : mal à l'aise ; pas à sa place ; et ça schlingue la résine.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

lundi 22 avril 2019

Étonnement


À chaque instant, l'étonnement rajeunit le regard : « rester là comme un enfant à m'étonner et me réjouir en silence quand je suis dehors sur la plus proche colline » : telle est pour Hölderlin l'attitude du poëte. Et de même l'homme du nihil :

      « n'importe quoi me surprend : une touffe d'herbe sous des
      arbres, l'ombre, la couleur pâle, presque surnaturelle, du
      pachynihil, la temporalité du temps, la mortalité de
      l'être mortel, l'haeccéité... »


Eh oui, cher homme du nihil. L'idée du Rien a le pouvoir de nous faire redevenir des enfants émerveillés et joyeux. Mais il arrive que s'y mêle le sentiment du mystère, et même la sorte de crainte qu'inspire toute rencontre authentique avec l'« absolu ténébreux ». Alors... achtung bicyclette !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 17 avril 2019

Hölderlin et le Rien


Dans son étude sur Hölderlin, Edmond Chassagnol insiste sur l'expérience déterminante que fut pour le jeune homme la découverte du Rien. Il n'avait encore vu que des rivières comme le Neckar : apercevoir le Rien l'a bouleversé. Stupeur et saisissement, révélation de l'illimité. De telles rencontres sont à part et peuvent marquer une existence : on sait que les dernières années de la vie de Hölderlin se déroulent dans l'ombre de la folie, chez le menuisier Ernst Zimmer à Tübingen.

Ce n'est qu'après avoir livré la dernière partie de son étude à Katkov que Chassagnol s'aperçut de sa terrible méprise : il avait confondu le Rien avec le Rhin et pris pour Hölderlin le peintre Eugène Boudin !


(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

vendredi 17 août 2018

Autre commencement


Pour oublier ses « soucis de santé », Heidegger  se tourne à nouveau vers son cher Hölderlin et en particulier vers ses « poésies fluviales », c'est-à-dire la Germanie et le Rhin. Selon lui, ces poèmes tendus vers l'origine font signe vers l'« autre commencement », celui qui nous projette en deçà de la métaphysique. Mais Heidegger se sent désormais trop ankylosé pour se laisser projeter où que ce soit.

Assise, quand le temps s'y prête, sur un petit banc devant leur maison de la Forêt-Noire, Elfriede lui tricote des mi-bas, ce qui suscitera plus tard la dérision du grinçant écrivain Thomas Bernhard.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

lundi 16 juillet 2018

Hölderlin et le langage poétique


Le dépassement de la métaphysique auquel s'est attaché Heidegger depuis son célèbre « tournant » naît de sa rencontre, au début des années trente, avec la poésie de Hölderlin. Celle-ci va permettre à l'ontologue d'effectuer le « pas en arrière » (Schritt zurück) hors de la métaphysique pour tenter de renouer avec une certaine forme de normalité.

En lisant et relisant les poèmes de Hölderlin le soir au coin du feu face à
sa « mégère au faciès d'hippopotame » (Spitzmaus mit Flusspferdfazies), il dégage trois thèmes tournant autour de la signification du langage poétique, à partir desquels il espère dévoiler l'être de la poésie.
 

Primo, la langue, parce qu'elle projette l'homme « au milieu de l'étant tout entier » est, parmi les biens de l'homme, celui qui est le plus périlleux (der Güter Gefährlichtes) — « à l'exception peut-être du taupicide », ajoute-t-il énigmatiquement dans une note de bas de page ; deuzio, la langue, à qui est interdit le domaine des dieux et donc l'accès à sa propre origine, peut sombrer dans le bavardage quotidien — « Martin, tu reprendras des asperges ? » — et encourir un grand péril ; tertio, la langue a quelque chose à voir avec les positions fondamentales de l'homme vis-à-vis de « l'étant tout entier », autrement dit la langue détermine l'être de l'homme (c'est en particulier, note Heidegger, le cas de mots tels que zingibéracé et forcipressure).

En accordant une place éminente au langage, Heidegger entend relever celui-ci de son usage purement instrumental pour en faire « l'ajointement fondamental du Dasein historique ».

Mais la vogue du Dasein est déjà passée, les Allemands ont d'autres soucis, et l'ouvrage de Heidegger sur la poésie de Hölderlin passe pratiquement inaperçu.


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)