lundi 13 mars 2023

Distraction michaldienne

 

Le poëte Henri Michaux était célèbre pour sa distraction. Un jour, dans un autobus qui l'emportait vers Odéon, il s'assit par mégarde à une place « réservée aux mutilés de cul ». À l'arrêt suivant, comme il fallait s'y attendre, un mutilé de cul monta dans l'autobus et demanda au poëte de libérer la place. Celui-ci s'exécuta sans protester et tenta de se justifier en disant qu'il n'était pas dans son assiette, qu'il avait pris de la mescaline pour explorer ses « gouffres intimes », et cætera. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Tacite en babouches

 

Le « négateur universel » Émile Cioran avait une prédilection pour l'historien Tacite. Pour lui, Tacite était sacré et il appréciait peu que son ami Ionesco, grand amateur de contrepets et de grivoiseries en tout genre, lui demandât, parlant de Simone Boué : « Elle apprit Tacite en babouches  ?  »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Une histoire assommante

 

La vie du nihilique est un roman, mais un roman presque aussi ennuyeux que l'Ulysse de Joyce. À son grand désespoir, elle n'a pas la merveilleuse brièveté de style qui caractérise les ouvrages de Salluste. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Réponse au Grandiloque

 

Sans même parler de jouer un rôle à la surface d'un globe aussi bêtement terraqué, on peut dire qu'il est insensé, et même ridicule, d'y posséder un Moi. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)