« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 15 décembre 2018
La douce fragrance du pachynihil
Il émane des morgues et des cimetières comme les effluves de népenthès puissants, dont l'influence ne porte nullement à quelque mélancolie désabusée, mais fait pressentir l'alliance merveilleuse avec le Rien, longtemps désirée en vain, quelque chose comme le pardon qui accueille l'enfant prodigue.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Versatilité démoralisante du vocable
Suivant l'exemple du hardi Furetière, je m'empoigne avec l'infinie duplicité du langage. Je dis « la sole » et je vois alternativement : une plaque cornée formant le dessous du sabot d'un animal ; une pièce de charpente disposée pour soutenir le bâti d'une machine ; le fond d'un bateau sans quille ; la partie à peu près horizontale d'un fourneau d'affinerie ; un genre de poissons plats, ovales, qui habitent les fonds sablonneux de la mer et sont très recherchés pour la délicatesse de leur chair.
— Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
29 janvier. — À chaque instant, l'étant existant s'enlise dans la boue sanglante des possibles qu'il extermine incessammment. L'haeccéité est un holocauste.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Caverne aux trésors
Dans la pachyméninge du nihilique, le courant souterrain du Rien filtrant à travers le sable a formé lentement de grandes silhouettes de pierre fixées dans une fuite toujours éperdue et toujours immobile. Plusieurs des plus belles sculptures modernes ont été trouvées en ce gîte. Elles y étaient depuis environ vingt-cinq millions d'années.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Empyreume pour les sots
La femme, insaisissable et fluide — odeur sui generis du néant.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
La ceinture jaune du Grand Tout
28 septembre. — « Il existe un troisième supplice capital, mais ce supplice n'est en usage que pour les crimes les plus grands. Il consiste à attacher le coupable à un pilier, à lui enlever la peau de la tête, et à la lui rabattre ensuite sur les yeux. On lui coupe ensuite successivement toutes les parties du corps. Les exécutions se font au milieu des places publiques. L'exécuteur jouit d'une grande considération, et comme insigne de son rang élevé, il porte la ceinture jaune, qui est la couleur distinctive des princes du sang. » (Clément Pellé, L'empire chinois, 1845)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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