lundi 12 novembre 2018

Interlude

Jeune femme lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

La vie : une aventure risquée


Dans son beau livre Contribution à l'étude de l'ictère du solipède nouveau-né, M. Pierre Cadéac nous renseigne sur les causes pouvant déterminer une suspension temporaire ou définitive du vouloir-vivre chez le « bourrineau », et plus généralement chez l'étant existant — le fameux « Dasein » des existentialistes : « le passage subit du chaud au froid, les bains, la pluie après une course violente, la suppression de la transpiration, ou une sueur tout à coup arrêtée, une diarrhée suspendue par l'usage des remèdes astringents, les eaux impures et stagnantes pour boisson, les pâturages marécageux, la boisson trop copieuse, le long séjour dans des écuries humides et mal disposées, et les concrétions pierreuses dans le foie. »

— Les eaux impures et stagnantes ! Les pâturages marécageux ! Entends-tu, monstre bipède ?


(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Rénovation par le « cas »


« Il était hanté par cette monomanie : la régénération de l'homme par la pratique de l'excrément. »

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Spleen


La mélancolie est cette région septentrionale du « conscient intérieur », dont la faune et la flore diffèrent notablement de celles de la Chaldée, où par exemple ni le lion, ni aucun des grands carnassiers de race féline ne sont connus, et où le palmier n'existe pas non plus.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Marie Céhère lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Vacillement ontologique


« La pensée de l'homicide de soi-même s'était bien montrée antérieurement et à diverses reprises dans mon esprit, mais jamais ses ravages n'avaient été aussi étendus, jamais ils n'avaient persisté durant tant d'années et avec une intensité pareille. » (Johann Gottlieb Fichte, Journal, Reimer, Berlin, 1807)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Paranoïa du « Suisse »


L'orgueil et l'égoïsme du « Suisse » sont sans limite, comme sa susceptibilité, sa méfiance. Cerbère immobile, l'excrément est un symbole vivant et odoriférant de la paranoïa.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Pression conceptuelle


Lorsqu'on veut diminuer la tension d'un philosophe sans altérer la valeur du travail qu'il rend, il faut nécessairement abaisser la pression du concept dans sa pachyméninge. Un moyen sûr d'arriver à ce résultat est de restreindre — par exemple au moyen d'un coup violent porté sur le cassis de l'« ami de la sagesse » — l'ouverture d'entrée par laquelle le concept afflue.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Machine à cylindre


Un cylindre, dont la grandeur dépend de la taille du Moi que l'on veut débourrer, est coupé, sur la surface, de petites fentes de deux millimètres de large, et parallèles à l'axe. Dans l'intérieur du cylindre, et à quelque distance de sa surface convexe, on étend, d'une base à l'autre, un nombre proportionné de cordes à boyaux. Le cylindre repose sur deux supports, dont l'un, celui qui porte la manivelle, doit être plus allongé que l'autre. Aussitôt qu'on tourne la manivelle, le cylindre est mis en mouvement, les cordes touchent aux bras du treuil, et le Moi est par ce moyen tellement agité, que tout ce qu'il y a en lui de malpropre et de grossier est rejeté entre les fentes du cylindre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Un exemple à suivre


Les confréries de pénitents portent la cagoule.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Débourrage du Moi


L'usage du bât-à-bourre a trois inconvénient très nuisibles; d'abord la position gênante que l'on doit avoir pour commencer à dégrossir le Moi, la lenteur avec laquelle on opère, et surtout ses effets malsains, à raison de la poussière et des poils que l'opérateur avale en respirant. Dans son Art de débourrer le Moi, M. Lenormant propose de remplacer cet outil insuffisant et dangereux par une machine à cylindre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)