« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 21 décembre 2018
Un ami précieux
Élargissant sans cesse le cercle d'une solitude où il se condense peu à peu en un amas punctiforme, le nihilique en vient à reconnaître dans le taupicide son seul ami véritable. Situé à l'extrême de la taciturnité, le nitrate de baryum qui en constitue la partie principale est placé du même coup aux antipodes de l'homme et de la pensée. On le devine contenir en sa masse impassible la totalité des transformations possibles de la matière, sans rien en exclure — surtout le néant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Hommage à Jean-Guy Floutier
Châtiment de Théodoric
19 août. — « La mort de Symmaque, ordonnée par Théodoric, dut achever d'ébranler le moral de ce dernier, car peu de jours après, dans la tête monstrueuse d'un poisson qu'on avait servi sur sa table, il crut voir celle de Symmaque, dont les regards furieux le menaçaient, dont les dents semblaient prêtes à le mordre. À cette horrible hallucination il se sent saisi d'un froid mortel, on l'emporte dans la chambre royale, on l'accable de couvertures pour rappeler la chaleur ; soins inutiles ! Malgré l'art et l'empressement de son médecin Elpidius, le vieillard frissonnant expire en détestant sa cruauté. » (Jean-Bernard Mary-Lafon, Rome ancienne et moderne depuis sa fondation jusqu'à nos jours, Furne, Paris, 1854)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Limon noir
Comme le Nil, l'idée du Rien charrie un précieux limon noir : c'est un fleuve nourricier. Et ainsi que l'a souligné Gragerfis : « ce fleuve bienfaiteur, il ne tient qu'à chacun d'en accroître, fût-ce pour une part infinitésimale, les antiques alluvions ». — Comment ? Mais par l'homicide de soi-même !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Désespérance du peuplier
L'andante convient assez à la désespérance de l'homme du nihil — et à celle, plus feuillue, du peuplier.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Médecine pédiculaire
29 août. — « En médecine, les poux sont estimés apéritifs, fébrifuges, et propres à guérir les pâles couleurs : la répugnance, comme dit Lémery, d'avaler ces vilaines bêtes, contribue peut-être plus à chasser la fièvre que le remède même ; pour la jaunisse, l'usage est d'en faire avaler à jeun cinq ou six dans un œuf mollet. Pour la suppression d'urine, qui arrive quelquefois aux enfants nouveaux-nés, on en introduit un vivant dans l'urètre, qui par le chatouillement qu'il excite sur ce canal, qui est doué d'un sentiment exquis, oblige le sphincter à se relâcher et à laisser couler l'urine : une punaise produit le même effet. » (Jacques Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonnée universel d'histoire naturelle, t. 5, Brunet, Paris, 1775, p. 271)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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