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jeudi 5 septembre 2024

Question d'histoire

 

« Général de l'Empire romain d'Occident, je suis en conflit ouvert avec le nouvel empereur Anthémius ; pour m'épauler, je fais appel à Olybrius ; il écrase Anthémius et le fait exécuter mais je n'ai pas le temps de savourer ma joie car je meurs en août 472. Je suis ? Je suis ?
— La mer Noire ?
— Non, c'est une mauvaise réponse. Je suis ?
— Jacques Rigaut ?
— Non, Jacques Rigaut n'est pas mort en 472, le pauvre s'est suicidé en novembre 1929. Alors ?
— Ma foi... je sèche.
— Mais je suis Ricimer, voyons ! Flavius Ricimer !
— Ah, crotte. Je le savais, en plus. »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 5 juillet 2024

Les exploités

 

Kafka, Van Gogh et Jacques Rigaut sont devenus des instruments permettant à certaines personnes sans scrupules de jouer les « Dark Sasuke » à peu de frais. Pauvre Kafka ! Pauvre Van Gogh ! Pauvre Rigaut ! Sans être forcément très doués, ils méritaient mieux que ça.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

samedi 18 mai 2024

Peu pour être heureux

 

L'ours Baloo prétend qu'il en faut peu pour être heureux. Il dit qu'il faut se satisfaire du nécessaire : un peu d'eau fraîche et de verdure que nous procure la nature, ce genre de choses. Mais ce n'était pas l'avis de l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut, qui se tira une balle dans le cœur alors même que la propriété châtenaisienne du docteur Le Savoureux lui offrait autant d'eau fraîche et de verdure qu'il pouvait en souhaiter. Ce n'était pas non plus l'avis du philosophe Kierkegaard, qui se plaignait sans cesse d'avoir une « écharde dans la chair » et désespérait de jamais pouvoir faire le « saut de la foi ». Ni de Fernando Pessoa, éternelle victime de « rhumatismes existentiels ».
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 17 mai 2024

Biftèque

 

À propos du meurtre d'Éliane Rigaux, 74 ans, par son mari Georges, 83 ans, suivi du suicide de ce dernier, le parquet de Senlis précise qu'il n'existe aucun lien entre les défunts et le dadaïste Jacques Rigaut, auteur de l'Agence Générale du Suicide et lui-même suicidé, « ça ne s'écrit d'ailleurs pas pareil ». Le fin mot de l'histoire paraît être que l'homme ne supportait plus d'entendre son épouse dire biftèque.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

dimanche 5 mai 2024

Hégélianisme et homicide de soi-même

 

On ne s'y serait pas attendu, mais l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut, ce dandy fêtard et désabusé, s'y connaissait assez en idéalisme allemand. Un jour qu'il était « gonflé à bloc », il déclara à René Crevel que le moment spéculatif hégélien (d'identification du réel avec le rationnel) ne pouvait être dépassé qu'au moyen d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

dimanche 7 avril 2024

Cas Rigaut

 

De l'avis général, Jacques Rigaut était un cas. Il était le « cas Rigaut ». D'ailleurs, un jour, pris d'une fureur bachique, il berta Menchú (du verbe berter qui signifie palper de façon indécente une figure indigène guatémaltèque luttant pour les droits humains).
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mardi 26 mars 2024

Un cas d'homonymie

 

Le communiste Marcel Rigout ne s'est pas suicidé le 6 novembre 1929 dans la maison du docteur Le Savoureux à Châtenay-Malabry. Il n'a pas inspiré à Drieu la Rochelle le héros de son roman Le Feu follet. Il n'a pour ainsi dire jamais écrit de textes dadaïstes. Il était ministre de la Formation professionnelle dans le gouvernement du « Gros Quinquin ». Il était surnommé le « ministre métallo ».
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 4 janvier 2024

Analogie sportive

 

Le rugbyman Imanol Harimerdocu dit que pour réussir un « drop », il faut frapper le ballon au moment précis où il rebondit sur la pelouse, afin de maximiser la distance et la précision. Eh bien pour l'homicide de soi-même, c'est pareil (plus ou moins). Un modèle du genre est le « drop » de Jacques Rigaut, que l'écrivain dadaïste réalisa le 6 novembre 1929 dans la maison du docteur Le Savoureux à Châtenay-Malabry.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mardi 21 novembre 2023

Erreur bête

 

« Dadaïste, ami de Drieu la Rochelle, je me suis suicidé d'une balle dans le cœur le 6 novembre 1929 dans la maison du docteur Le Savoureux à Châtenay-Malabry. Je suis ?... Je suis ?...
— La mer Noire ?
— Eh non. La bonne réponse était Jacques Rigaut. »
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

vendredi 27 mai 2022

Littérature et homicide de soi-même

 

Il n'est pas aisé d'exprimer quelque chose de profond avec des mots. Par contre, avec un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe... Exemple : Jacques Rigaut.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 14 août 2021

Inconscience coupable

 

Rigaut, Essénine, Crevel, Garchine, Maïakovski, Crisinel... Cent pour cent des suicidés philosophiques n'étaient pas vaccinés (contre l'odiosité de l'existence).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 29 janvier 2019

Catalepsie


Des attitudes cataleptiques aident parfois le suicidé philosophique à rejoindre le règne minéral, ou à défaut le végétal : immobilité du poëte vaudois Edmond-Henri Crisinel, tandis que le philosophe Weininger laisse pendre ses longs bras, sans parler de la rigidité d'un Albert Caraco qui évoque à certains égards la contracture hystérique. Inversement, le balancement machinal de l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut n'est-il pas comparable à un tic ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 3 janvier 2019

Art nouveau


Quand tout se passe sans anicroche 1, l'homme du nihil se sent approuvé dans la singulière entreprise qui consiste à chercher dans la rigueur géométrique du suicide une poësie inédite. Il en conçoit une satisfaction fugace et quitte le monde, sinon apaisé, du moins quelque peu rasséréné.

1. Ce fut le cas, par exemple, pour l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 23 septembre 2018

Amphigouri


Le 6 novembre 1929, l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut se tire une balle dans le cœur. Il avait trente ans. Dans ses Papiers posthumes, publiés en 1934, on peut lire : « Un homme qu'épargne les ennuis et l'ennui trouve peut-être dans le suicide l'accomplissement du geste le plus désintéressé, pourvu qu'il ne soit pas curieux de la mort ! Je ne sais absolument pas quand et comment j'ai pu penser ainsi, ce qui d'ailleurs ne me gêne guère. Mais voilà tout de même l'acte le plus absurde, et la fantaisie à son éclatement, et la désinvolture plus loin que le sommeil et la compromission la plus pure. » — Comprenne qui pourra.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

samedi 25 août 2018

Éternité


Tacite écrit dans la Germanie que le vrai tombeau des morts est le cœur des vivants, viris meminisse. Cela vaut pour les êtres, et pour leurs œuvres. Tant qu'un suicide particulièrement réussi — exempli gratia, celui de l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut — a le pouvoir de nous captiver, il est toujours parmi nous, ainsi que son créateur. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, un beau suicide est une victoire décisive contre la mort ; il est un fragment d'éternité.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

jeudi 16 août 2018

Marasme inopiné


L'aspirant à l'homicide de soi-même s'enflamme subito presto quand il entend parler de réussites éclatantes comme celles d'un Crisinel, d'un Crevel ou d'un Rigaut. Il s'échauffe à la vue de tels triomphes, et se repaît de l'espérance flatteuse de réaliser lui aussi le « Grand Œuvre ». Mais à peine les premiers pas sont-ils faits (achat du taupicide ou d'un revolver) que les forces manquent : on s'effraie à la vue de l'espace qu'il faut parcourir, le découragement s'empare de l'âme... Et puis : « le soir tombe : on n'est plus très jeune. »

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

dimanche 12 août 2018

Un chercheur insatiable


À l'image de Degas, le suicidé philosophique associe les matériaux et joue sur la ductilité de la matière, en une aspiration résolument moderne. Profitant de l'abolition de maintes frontières par les champions de l'homicide de soi-même qui l'ont précédé — les Weininger, les Caraco, les Rigaut et autres Crisinel —, il imagine des « moyens farces de se détruire » sans prétendre « inventer quelque chose de nouveau » mais à la recherche d'« un accès au Rien encore inconnu ».

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

dimanche 15 juillet 2018

Ferveur enfantine


« Je me souviens avec quelle émotion je contemplais, dans mon jeune âge, les images de suicidés philosophiques illustres (Otto Weininger, Jacques Rigaut, Albert Caraco, Edmond-Henri Crisinel, etc) qui ornaient les murs de ma chambre. Ceux qu'elles représentaient étaient, à mes yeux, des êtres surhumains ; ils me semblaient de vrais pontifes, et quelque chose de religieux se mêlait dans mon âme à cet engouement pour les athlètes du Rien. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 26 mai 2018

jeudi 17 mai 2018

Homonymie fatale


Les voisins sont sous le choc. Lundi après-midi, une femme a découvert à Verberie le corps sans vie de ses parents, à qui elle était venue rendre visite. « Il s'agirait d'un homicide, suivi d'un suicide », précise-t-on au parquet de Senlis.

Georges et Éliane Rigaux habitaient leur maison de la rue Juliette-Adam, à deux pas de la mairie, depuis des décennies. Selon nos informations, Éliane, 74 ans, était atteinte de la maladie d'Alzheimer. Son état de santé se dégradait de jour en jour et Georges, 83 ans, avait de plus en plus de mal à le supporter. Lundi, l'homme aurait tué sa femme à l'aide d'un pistolet. Puis il aurait tué leur jeune berger allemand avant de retourner l'arme contre lui.

Les policiers précisent qu'il n'existe aucun lien entre les défunts et le dadaïste Jacques Rigaut, auteur de l'Agence Générale du Suicide et lui-même suicidé, « ça ne s'écrit d'ailleurs pas pareil ». (Le Parisien, 20 avril 2011)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)