vendredi 2 septembre 2022

Citernes éloquentes

 

Les citernes éloquentes du Rien, on aimerait s'y noyer mais il n'y a pas mèche vu qu'il ne s'y trouve pas bézef d'eau. À parler franchement, elles sont vides. Avec le Rien, c'est toujours la même chose.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Exquises mouvances

 

L'ignominie de l'homme, il suffit de lire Tacite pour le constater, est toujours égale à elle-même, et cette permanence fait contraste avec les exquises mouvances végétales, minérales et — après tout, pourquoi ne pas le dire — animales (que l'on pense aux poils toruleux du lycaon, de l'hyène et du lynx, qui dissimulent une eudémonologie aristocratique).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pommellement d'instinctif

 

Que l'âme est pommelée d'instinctif est une évidence polovtsienne de Borodine — et non, comme beaucoup semblent le croire, une évidence du feu de Manuel de Falla.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Coction de vocable

 

Réfléchir est toujours une affaire risquée, mais la pensée est particulièrement néfaste au littérateur, car elle l'affaiblit et lui ôte les forces nécessaires à la coction et à l'expectoration des vocables.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)