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mardi 21 mars 2023

Spleen de Bezons

 

Quand on est de Bezons et qu'on possède une âme (ou équivalent), il est fréquent que cette âme soit, comme la poésie d'Alfonsina Storni, « voilée d'une douce et terrible noirceur » et « envahie par deux images obsédantes : la mer et la mort ». Mais la mer, à Bezons, ce n'est pas la porte à côté. Alors...
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 21 juillet 2018

La mer et la mort


Commentant un passage de l'Apocalypse de Saint Jean, le théologien Isaac-Louis Le Maistre de Sacy s'exclame : « Ce sera sans doute un spectacle bien surprenant de voir tous les morts sortir, ou de la mer, ou de leurs tombeaux, pour comparoître devant le tribunal de la majesté divine, grands et petits, soit ceux qui sont morts dans un âge avancé, soit ceux qui sont morts dans leur enfance ; mais ils ressusciteront tous dans un âge parfait, tel qu'est celui auquel Jésus-Christ est ressuscité ». Et il poursuit : « La mer renferme dans son sein des morts qui ne sembloient pas en devoir jamais revenir. Tous ceux qui ont été submergés ont été dévorés et consumés par les poissons, comme s'ils devoient être tout à fait anéantis ».

Il est difficile, en lisant ces mots, de ne pas songer à la tragique destinée de la poétesse argentine Alfonsina Storni Martignoni. À vingt-quatre ans, elle publie un premier recueil, Écrits pour ne pas mourir. Après le suicide de son ami Horacio Quiroga, elle souffre de solitude et d'ennui, et le 25 octobre 1938, elle avance sur la plage, à Mar del Plata, pour se perdre dans les vagues d'un océan démonté. Elle meurt à quarante-six ans et est aussitôt « dévorée et consumée par les poissons ».

Au dire de Gragerfis, son « conscient intérieur » était de longue date « voilé d'une onctueuse et terrible noirceur », et « envahi par deux images obsédantes : la mer et la mort ».


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)