samedi 29 mai 2021

Pis-aller

 

Il y a dans l'homicide de soi-même quelque chose de radical qui peut effrayer le commençant. Heureusement, il existe une solution alternative qui est de « faire le mort, comme un cloporte ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 28 mai 2021

Brimades

 

Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis, après avoir évoqué les brimades qu'il subit d'un certain « Valéry Réel », lance ce cri poignant : « L'idée du Rien nous protégera-t-elle de nos ennemis électriciens, magistes noirs et théosophes ? Nous préservera-t-elle des angoisses, des serrements de poitrine, des battements de cœur et, tant qu'à faire, des panaris ? » — Mais il se répond aussitôt à soi-même : « Tu rêves ! »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 27 mai 2021

Jérémie, XXV

 

« Depuis la treizième année de Josias, fils d'Amon, roi de Juda, il y a vingt-trois ans que la parole de l'Éternel m'a été adressée ; je vous ai parlé, je vous ai parlé dès le matin, et vous n'avez pas écouté. J'ai prononcé devant vous le vocable reginglette et vous avez fait comme si de rien n'était. Puisque c'est ainsi, tout ce pays deviendra une ruine, un désert, et ces nations seront asservies au roi de Babylone pendant soixante-dix ans. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 26 mai 2021

Sur le mal radical

 

Dans sa Lettre ouverte à une bourrelle, l'homme du nihil interroge les conditions de possibilité de l'action moralement mauvaise. Il ne s'agit plus pour lui d'établir le principe objectif de la moralité — il a dépassé ce stade ! —, mais de mettre au jour les principes subjectifs pouvant conduire une « mégère difforme au faciès d'hippopotame » à adopter des maximes particulières et non universalisables c'est-à-dire non conformes à la loi morale.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 25 mai 2021

Ridicule

 

Il n'est que de se promener dans les rues ou de prendre les « transports en commun » pour constater — par contraposition ! — que chaque individu se fait sa propre notion du ridicule. Mais personne, à l'exception de l'homme du nihil — et peut-être de quelques bouddhistes : Talé-Lama, Guison-Tamba, Pandchan-Remboutchi, etc — ne semble ressentir le ridicule pourtant le plus cuisant : celui d'avoir un Moi. Voilà qui est tout de même « un peu fort de café » !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 22 mai 2021

Machine anatomique

 

La femme est-elle susceptible de se poser des « questions existentielles » ? A-t-elle seulement conscience de son existence ou n'est-elle qu'un protozoaire de grande taille pourvu de cils vibratiles (un peu à la manière de la paramécie), autrement dit une « machine anatomique » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 20 mai 2021

Raoul

 

Certains auteurs (Lautréamont, Antonin Artaud « le Mômo », Robert Férillet) semblent n'avoir pris la plume que pour « conchier le réel ». Mais ce dernier se vengea cruellement en leur envoyant, au moment où ils s'y attendaient le moins, une légion d'entrepreneurs charcutiers — mouches bleues de la viande (Calliphora vomitoria Lin.), mouches grises (Sarcophaga carnaria Lin.) —, qui « fit rentrer dans les trésors de la vie leur matière animale défunte ». Lautréamont, Artaud, Férillet « ne connaissaient pas Raoul » !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 19 mai 2021

Interlude

 

Le mathématicien Henri Poincaré plongé dans la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur et se disant qu'il n'a jamais lu « un tel ramassis de conneries ».

lundi 17 mai 2021

Automate

 

Il suffit d'observer le « monstre bipède » dans la rue ou dans un coquetèle pour s'apercevoir qu'il possède toutes les caractéristiques d'un automate. Ses actes, ses paroles même sont désespérément prévisibles — ce qui fit dire à Gragerfis qu'« il diffère peu d'un cochon d'inde ». Et contrairement à celui de Spinoza, cet automate n'est pas même spirituel !!!

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 16 mai 2021

Insoutenable légèreté

 

Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre palléale de mollusque (en compagnie des branchies et du tube digestif).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

samedi 15 mai 2021

Solipsisme

 

« Si la prétendue réalité empirique n'est en fait que la projection de mon conscient intérieur, alors je devrais d'urgence consulter un psychiatre pour masochisme exacerbé », déclare Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. — Mais ce psychiatre ne serait-il pas, lui aussi, une projection du « conscient intérieur » gragerfissien ? On n'en sort pas. C'est à se taper la tête contre les murs !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 13 mai 2021

Idiosyncrasie du nihilique

 

L'homme du nihil diffère essentiellement du vulgum pecus par sa Weltanschauung — d'une noirceur et d'une amertume extrêmes —, ses capsules glabres, ses pédoncules rameux et multiflores, enfin par ses feuilles constamment alternes, au moins au sommet. Autre trait remarquable : son inflorescence générale est centripète, comme en témoigne l'emploi qu'il fait à tout propos des vocables reginglette, gloméruleux, zingibéracé, etc.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 12 mai 2021

Un être fouisseur

 

À l'instar du phacochère, l'homme du nihil se nourrit surtout d'herbes, de racines et de fruits sauvages. Il mange souvent dans la position agenouillée. C'est un ennemi des philosophes, car il bouleverse les champs de concepts des « amis de la sagesse » et autres « hommes de la Nature et de la Vérité » avec ses défenses recourbées.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 11 mai 2021

Racines

 

Il faut surtout attribuer la force prodigieuse de l'idée du Rien au libre développement de ses racines pivotantes, qui semblent pénétrer jusque dans les profondeurs de la pachyméninge, à tel point qu'il n'a jamais été possible d'en atteindre les extrémités (tandis que l'idée du quelque chose n'a que des racines superficielles, dirigées horizontalement). De là, nul doute, la manière dont l'homme du nihil résiste à la tempête, lorsque l'homme de la Nature et de la Vérité, moins fort, moins élevé, s'incline souvent vers l'est, par l'effet du vent.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 4 mai 2021

Interlude

 

Le « Grandiloque des Carpates » lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor et tentant de comprendre la notion de « sinapisation du réel » qui s'y trouve développée.