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samedi 14 octobre 2023

Système avoir les foies

 

Selon Lucrèce, la peur de la mort gâche la vie. Sa théorie est qu'on n'arrive pas à profiter du moment présent — le fameux « carpe diem » — tellement on balise à l'idée de clamecer. Mais selon d'autres penseurs — dont Férillet Robert —, la vie fait déjà si peur qu'elle suffit à se gâcher elle-même.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mardi 26 avril 2022

Un dénouement prévisible

 

Comme l'avait prévu Lucrèce, « l'homme du nihil, épuisé par la longue suite des ans, s'achemine au cercueil ». Pour être tout à fait véridique, Lucrèce n'a pas dit « l'homme du nihil », il a dit « tout ce qui vit », mais ça englobe l'homme du nihil (si l'on n'est pas trop regardant).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 10 février 2019

Art pour l'art


Platon, Lucrèce et Dante avaient des ambitions plus étendues que l'homme-sur-le-trône — le fameux « étant déféquant » des existentialistes. Philosophie, physique, théologie, rien ne les effrayait. Un vaste dessein les tenait, et non celui de ciseler quelque bibelot exquis, d'un travail irréprochable, mais dont l'utilité demeure mince, même si on ne le réduit pas à n'être qu'ornement.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

lundi 27 août 2018

Mort et immortalité


Lucrèce et Épicure ne voient dans le Dasein qu'un agrégat d'atomes qui se dispersent au moment de la mort « comme une fumée », pour rentrer dans la masse duveteuse de l'univers. Pour ces insouciants Latins, tout cesse avec la vie, et la façon de se débarrasser du cadavre est indifférente, on peut même en faire une garniture de cheminée ou un porte-parapluie. Dans ses Pensées sur la mort et l'immortalité (1830), Ludwig Feuerbach va jusqu'à affirmer qu'à l'instar de l'homme du nihil, les Anciens n'étaient point convaincus que la mort fût un mal !

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 31 juillet 2018

Atomisme puéril


Le philosophe Lucrèce, le plus illustre disciple d'Épicure, prétendait que « si n'existait ce que nous appelons le vide, la réalité entière serait solide, si au contraire il n'y avait certains corps remplissant les lieux qu'ils occupent, tout ne serait que vide ». Or effectivement, tout n'est que vide, et il n'est pas nécessaire d'« être sorti de Saint-Cyr » pour constater que ce monde est un monde de néant.

On voit donc que dans l'histoire de la philosophie, Lucrèce tient le rôle de « ravi de la crèche ». Il lève les bras au ciel en signe d'émerveillement devant tout ce qu'il ne comprend pas (le Rien) comme fait le véritable ravi devant le mystère de la nativité. Sa joie est démonstrative et communicative, il prête à rire avec ses bras en l'air, sa barbe rousse et sa tête d'étonné. Autrefois, on disait que chaque village avait son « idiot », son « fada » — qui signifie « possédé par les fées ». Lucrèce est le « fada » de la philosophie. Il n'apporte rien sauf sa joie, il ouvre son cœur, et nous montre le chemin du bonheur dans la simplicité.


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

mardi 10 juillet 2018

Torrent de boue


Le 13 février 2015, une vanne du barrage de La Bourboule cède brusquement. Plus de 180 000 mètres cubes de boue, de limon, de sédiments et, révérence parler, de matière excrémentitielle, se répandent dans la Dordogne. Les traces sont visibles sur plus de vingt-deux kilomètres de rivière.

C'est une véritable catastrophe écologique : des milliers de truites, d'alevins de truite, ainsi que d'autres poissons moins distingués, périssent à cause de cette pollution. En effet, la boue déversée a colmaté le fond du cours d'eau, faisant chuter le taux d'oxygène de l'eau et asphyxiant les pauvres « poiscailles ».

Or un an plus tard, rien n'a changé. N'y a-t-il pas là, pour les associations de pêcheurs, les habitants et les élus, de quoi protester contre l'inertie des pouvoirs publics, et plus généralement contre la condition de l'étant existant dans cet univers de menace et de désolation où il n'a d'autre perspective que la mort puisque, comme l'a dit Lucrèce, « la substance de ce vaste monde est vouée au trépas et à la ruine »?


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

lundi 4 juin 2018

Grands Anciens


« Platon, Lucrèce, Pline, nous disent que le plus bel apanage de l'homme est de pouvoir se suicider. Cicéron lui-même penche au suicide. La mélancolie est un fait acquis à Rome et à Athènes, surtout au moment de la décadence de ces peuples. Diogène, Caton, Pérégrin, Sénèque, Lucrèce, Antinoüs et tant d'autres, après avoir prêché leur doctrine, scellèrent leur fanatisme par le suicide. » (Paul Ferdinand Gachet, Étude sur la mélancolie, Paris, 1864)

Leur fanatisme ? Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !


(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)