vendredi 16 septembre 2022

Terza rima

 

On croit qu'on va donner un sens à son existence en s'adonnant à la versification italienne, mais c'est un nouvel échec : derrière la terza rima se cache un simple terreau épileptiforme.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Haut-de-côtelettes

 

Ces gens qui s'imaginent « être quelqu'un » parce qu'ils ont fait ceci ou cela... Ces écrivains, ces peintres, ces compositeurs de pièces pour clarinette et dispositif électronique... Combien l'homme est grisé par l'embrasement violacé de son Moi ! — Comparé à ces « cracks de l'existence », le raté a la fraîcheur d'un haut-de-côtelettes.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pendule bourru

 

À peine a-t-il poussé son premier vagissement que l'homme est happé par ce pendule bourru : le temps. Qu'adviendra-t-il de sa sarcastique personne ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Résidu guanifère

 

Le temps, ce vilain vilebrequin, laisse après lui un sédiment pourpre qui imite assez bien un amas d'excréments d'oiseaux marins. Si l'on met de côté sa couleur pourpre et sa faible concentration en azote, il a tout du guano. C'est pourquoi un être en proie à la mélancolie s'exclame volontiers : « Guano ! Sédiment pourpre du temps ! »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)