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vendredi 25 août 2023

Gaffe schopenhauerienne

 

Après une visite au bagne de Toulon, Arthur Schopenhauer, alors adolescent, écrit dans son Journal de voyage : « Il n'y a pas à dire, c'est beau, une ville, la nuit ! » — Il avait pris le bagne de Toulon pour le philosophe Jean Grenier !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 15 janvier 2023

Pulsion féminicide

 

Rien de tel qu'une bourrelle pour vous donner des envies de meurtre. Pour y résister, le mieux est de s'imaginer qu'on est le philosophe Jean Grenier et qu'on est un adepte du « non-agir ». Attention toutefois de ne pas confondre Jean Grenier et Louis Althusser (ça arrive).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 21 novembre 2022

Wou-Wei

 

Tous les chantres du non-agir (exempli gratia, Jean Grenier) ont été de fieffés hypocrites. Ils se livraient tous à des activités « en loucedé ». S'ils avaient été fidèles à leur doctrine, leurs noms ne nous seraient jamais parvenus. Scélérats ! Pots de pisse !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 28 juin 2021

Inconvénient du taoïsme

 

Persécuté par une « mégère difforme au faciès d'hippopotame », l'homme du nihil rêve de lui infliger le supplice que Sapor Ier, roi des Perses, fit subir à l'empereur Valérien. Comme il aimerait, l'homme du nihil, écorcher vive cette bourrelle et suspendre sa peau teinte en rouge aux voûtes d'un temple ! Mais à l'instar du philosophe Jean Grenier, il s'est claquemuré depuis longtemps dans une « contemplation indifférente » proche du Wou-Wei 1, alors...

1. Non-agir ; l'un des préceptes essentiels du taoïsme. (NdE)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 15 octobre 2019

Le chasseur d'images (Raymond Carver)



Un homme sans main vint frapper à ma porte pour me vendre une photographie de ma maison. À part les crochets chromés, c'était un homme comme tout le monde, âgé d'une cinquantaine d'années.
— Comment avez-vous perdu vos mains ? lui demandai-je après qu'il m'eut confié le but de sa visite.
— Ça, c'est une autre histoire, me répondit-il. Vous voulez une photo ou non ?
— Entrez, lui dis-je, je viens de faire du café.
J'avais aussi préparé de la gelée mais je ne lui en parlai pas.
— Si possible, j'aimerais aller aux toilettes, me dit l'homme sans mains.
Moi, j'avais envie de voir comment il tenait une tasse de café. Je savais comment il tenait son appareil ; c'était un vieux polaroïd tout noir. On l'avait attaché à des bretelles de cuir qui lui encerclaient les épaules et lui entouraient le dos, maintenant l'engin sur sa poitrine. Le type se plantait sur le trottoir, devant une maison qu'il repérait dans son objectif, puis il poussait sur un levier avec un de ses crochets et la photo sortait toute seule.
Je l'avais vu faire par la fenêtre, vous comprenez.
— Où m'avez-vous dit qu'étaient les toilettes ?
— Là en bas, vous tournez à droite.
Il se plia, se voûta pour se débarrasser des courroies et déposa l'appareil sur le divan. Après quoi il tira sur sa veste.
— Je vous laisse regarder la photo, dit-il.
On voyait un petit rectangle de gazon, l'allée, la porte du garage, les marches du seuil, la baie vitrée et la fenêtre de la cuisine, par laquelle je l'avais regardé.
Pourquoi donc voudrais-je une photo d'une telle tragédie ?
J'examinai l'image de plus près et découvris ma tête, ma tête, là, encadrée dans la fenêtre de la cuisine.
Cela me donna à penser de me voir ainsi. Franchement, cela fait réfléchir un homme.
À ce moment, j'entendis un hurlement venant des W.C. et l'homme apparut dans le hall, l'air totalement paniqué.
— Que se passe-t-il ? lui demandai-je.
Comme il était trop perturbé pour parler, je le fit asseoir le temps qu'il retrouve son calme. Après quelques instants, il parvint à articuler :
— J'étais en train de faire la grosse commission quand mon attention a été attirée par un ouvrage du philosophe Jean Grenier, posé sur l'étagère. Je l'ouvre, et là je lis que l'absolu n'est connaissable que par une négation !
— Et ? demandai-je.
— À partir de là, reprit l'homme sans mains, on se demande s'il reste, devant l'absolu, quelque chose de justifiable, croyance ou action. La réponse de l'auteur est bien négative : « Une fois que l'Être nécessaire est atteint, le monde ne voit pas seulement mise en jeu sa contingence, mais son existence ; et la liberté de l'homme... devient un scandale » (pp. 47-48).
— Il ne faut pas vous mettre dans des états pareils, lui dis-je. Voilà le café, ça va vous requinquer.
— Mais vous ne comprenez pas ! poursuivit-il. L'esprit s'en va à la dérive vers l'indifférence ! À moins qu'il ne rebondisse dans la violence frénétique, chez les disciples d'un Malraux, par exemple !
— Oh, bon, n'y pensez-plus. Il s'agit sûrement d'un quiproquo comique.
— Mais pour la photo, vous la voulez ou non ?
— Je la prends, dis-je.
Je me levai et rangeai les tasses.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

dimanche 22 juillet 2018

Je me souviens


Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis dépeint en ces termes la douloureuse vie du romancier Georges Perec : « À l'adolescence, ses jambes se brisent dans une chute de cheval et, les os ne cicatrisant pas, elles cessent de grandir. Seuls son tronc, ses cheveux et sa barbiche poursuivent leur croissance, de sorte qu'il reste nain et son corps atrophié. À plusieurs reprises, victime de la faiblesse de ses "guizots", il échappe de peu à la mort en voulant attraper l'autobus. Persuadé d'avoir été envoûté lors d'un séjour au Mexique, il lutte jour et nuit contre des démons et persécuteurs de toutes sortes. Il passe plusieurs années dans des asiles d'aliénés, où il subit de pénibles électrochocs. Ces atroces expériences le conduisent jusqu'aux "confins de la vie" et lui font écrire : "Dans le monde où je suis, il n'y a ni dessus ni dessous : il y a le Rien qui est horriblement cruel, c'est tout". L'excès de boisson contribue à détruire sa santé, il est frappé de paralysie et meurt à trente-sept ans sans avoir rien créé de mémorable si ce n'est quelques palindromes et, chez ses proches, l'envie d'échapper à ses fatigantes singeries langagières ».

Quelque temps après la parution de son journal, Gragerfis reconnut sa terrible méprise : il avait confondu le « chantre de l'absence douloureuse » avec le philosophe Jean Grenier 1 !

1. Qui ne portait pourtant pas de barbiche !

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

dimanche 13 mai 2018

Une action solidaire à l'issue dramatique


« Charlotte Bellaigue est élève infirmière à Ussel. Avec six autres étudiantes, elle a rencontré les écoliers de Bourg-Lastic au début du printemps pour solliciter leur aide. Partant pour un stage "médecine tropicale" au Sénégal, elles avaient décidé d'offrir du matériel scolaire à de jeunes Sénégalais. Les écoliers bourcagnots ont répondu avec générosité, offrant crayons, cahiers ou livres pour leurs exotiques camarades.

À leur retour, les étudiantes ont présenté le film qu'elles ont réalisé à Koungheul ainsi que des photographies. Parmi ces dernières, l'une a particulièrement ému les enfants, qui représentait les élèves d'une école ayant bénéficié de leurs dons.

Seule ombre au tableau, l'une des étudiantes a été envoûtée lors de son séjour en Afrique et se prend maintenant pour le philosophe Jean Grenier. Sa meilleure amie raconte son incroyable calvaire :


"Elle répète sans cesse que l'absolu n'est connaissable que par une négation, et qu'une fois que l'Être nécessaire est atteint, le monde ne voit pas seulement mis en jeu sa contingence, mais son existence. Par-dessus le marché, elle se dit exposée aux maléfices de puissances occultes ; à l'aide de batteries cachées, on lui envoie des secousses, des décharges électriques ; on aimante ses cheveux, ses yeux, ses dents et sa langue ; on galvanise tout son système circulatoire ; on la place pendant son sommeil sous une grande machine pneumatique ; on la fait vivre au milieu d'odeurs malsaines ; on contamine son linge de corps, etc.
Ce serait presque à vous dégoûter des actions solidaires !" »


(La Montagne, 5 juillet 2014)

(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)

vendredi 11 mai 2018

Wou-Wei


Un retraité de 72 ans s'est suicidé par arme à feu, tôt dimanche matin, dans le hall d'accès du commissariat central de Sète (Hérault). Peu après 6 h 30, cet habitant du quartier pénètre dans le hall vitré du commissariat, libre d'accès, avant de sonner à un interphone devant une seconde porte des locaux de la police, fermés à cette heure. Il prétend être le philosophe Jean Grenier.

Un fonctionnaire lui répond et l'homme annonce qu'il va monter. Les policiers à l'intérieur entendent peu après une détonation et découvrent le corps inanimé dans le sas. L'homme s'est tiré une balle de fusil de chasse. C'est alors que les policiers réalisent que l'individu n'est sûrement pas le philosophe Jean Grenier puisque celui-ci — d'ailleurs décédé depuis plus de quarante-deux ans — s'est toujours déclaré adepte d'une contemplation proche du Wou-Wei (non-agir), l'un des préceptes du Tao.

« Il n'avait jamais eu affaire à la police et n'était pas un ancien policier. La raison pour laquelle il a choisi de se rendre au commissariat pour se donner la mort nous échappe, si ce n'est qu'il habite tout près », a indiqué une source judiciaire. (Le Parisien, 28 avril 2013)

(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

jeudi 10 mai 2018

Faux yéti


En 1994, au cours d'une expédition dans l'Himalaya, le Japonais Yoshiteru Takahashi, qui se dissimulait alors sous le pseudonyme translucide de Georges Poulot, aperçoit une créature qu'il pense être le yéti, c'est-à-dire une sorte d'homme-singe poilu, mesurant à peu près 1 mètre 80 et au tour de taille imposant. Ce n'est que quelques mois plus tard que l'impétueux explorateur s'aperçut de sa terrible méprise : il avait pris pour le yéti l'écrivain Jean Grenier 1 !

1. Pourtant mort depuis déjà vingt-trois ans !

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

mercredi 9 mai 2018

Quiproquo comique


Dès ses premières rencontres avec le Rien, le suicidé philosophique, qui se dissimulait alors sous le pseudonyme translucide de Georges Poulot, avait noté : « S'il me fallait donner une impression valable sur mes premiers rapports avec le Rien, que je vois tous les jours, longuement, je serais bien embarrassé. Créature secrète, difficilement approchable, qui semble avoir accepté de vivre comme tout le monde, sans pour autant laisser mourir la partie précieuse de son individu. » Ce n'est que quelques mois plus tard que le suicidé philosophique s'aperçut de sa terrible méprise : il avait pris pour le Rien l'écrivain Jean Grenier !

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)