lundi 10 avril 2023

Comment peut-on être Valéry

 

Dans sa préface aux Lettres persanes, Paul Valéry répond à la question : « Comment peut-on être persan ? » par une question plus générale : « Comment peut-on être ce que l'on est ? » Et il reconnaît qu'à peine celle-ci venue à l'esprit, ce qui s'impose, c'est « le ridicule de toute figure et existence particulière ». Fort bien, mais Valéry lui-même en tira-t-il les conséquences ? Se cacha-t-il dans un trou de souris ? Se précipita-t-il dans un puits busé ? Pas du tout ! Il continua à écrire des « poëmes » et à être un « héros intellectuel national » ! Ni vu ni connu je t'embrouille !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un reniement du Grandiloque

 

« Le devoir d'un homme seul est d'être encore plus seul », écrivait Émile Cioran à vingt-cinq ans. Mais le négateur ne pouvait prévoir qu'il rencontrerait bientôt l'envoûtante Simone Boué... Et qu'alors sa solitude ne serait plus que « pour la galerie »... Sacristi !
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'escroc du gouffre

 

Avec force précautions, le « négateur universel » Émile Cioran rôdait autour des profondeurs, leur soutirait quelques vertiges, et se débinait prestement pour retourner se blottir dans les jupes de son « amie » Simone Boué, comme un escroc du gouffre. À la décharge du négateur, il faut avouer que la tarte aux poireaux de cette dernière était irrésistible, en tout cas plus attirante qu'un gouffre pascalien.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'hypothèse des petits bruits

 

D'où vient qu'une chose vivante — par exemple un chat — nous captive plus qu'une chose morte — par exemple une pièce de charpente ? C'est peut-être que la chose vivante fait des petits bruits ? Mais une pièce de charpente aussi fait des petits bruits, quand la pensée de l'homicide de soi-même siffle et souffle dans la mâture. Alors ? Alors nous ne savons pas. Il s'agit certainement d'un horrible malentendu.
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)