dimanche 5 mars 2023

Anniversaire

 

On est du trois février comme on est de Bezons : sans espoir. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un calembour

 

Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. L'hygrométrie de l'air est nulle. Dans une épaisseur hostile de verre pilé, deux quidams discutent.
« Monsieur et madame Manvussa ont deux fils, dit le premier. Comment s'appellent-ils ?
— Je ne sais pas, répond le second. Pierre et Paul ?
— Non. Gérard et Alex.
— Hein ?
— Oui. Parce que Gérard Manvussa et Alex Manvussa.
— Ah, bon.
— Oui, mon ami. C'est ce qu'on appelle un calembour.
— Si j'étais seul, je me jetterais instantanément à l'eau. Jamais je n'ai ressenti avec une telle violence le besoin de mettre un terme à tout ça. »
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Rosserie du Grandiloque

 

Dans son captivant livre de souvenirs consacré à Émile Cioran, le professeur Munteanu rapporte que le « négateur universel », jaloux du succès de la Cantatrice chauve de son ami Ionesco, avait surnommé ce dernier un « boulimique maréchal de l'absurdie ». 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Visitation

 

On est allongé sur un canapé en laine, abruti de fatigue existentielle et de dégoût, ressassant la pensée que la vie est une courge amère, quand soudain on entend un léger grouillement. Il est là ! Il est vivant ! Le Rien ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)