mercredi 30 janvier 2019

Avant-dernier refuge


Las de l'inanité d'une existence convulsive, mastiquer les filandreuses fougères de l'aliénation mentale.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Aromatique


20 décembre. — « L'idée du Rien est d'une saveur douce, légèrement aromatique et qui rappelle le goût des culs d'artichaut. Sous toutes les formes, c'est un aliment agréable et substantiel. » (M. Bagot, De l'idée du Rien considérée comme pouvant servir d'auxiliaire à la culture de la pomme de terre, Paris, Librairie agricole de Dusacq, 1847)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Espace noir


À la question : « où êtes-vous ? », les suicidés philosophiques répondent invariablement : « je sais où je suis, mais je ne me sens pas à l'endroit où je me trouve. ». L'espace semble à ces esprits dépossédés une puissance dévoratrice qui les poursuit, les cerne, et les digère en une phagocytose géante. À la fin, il les remplace. C'est ce qui arriva au poëte lausannois Edmond-Henri Crisinel, dit « le Nerval vaudois ». Le 25 septembre 1948, se sentant devenir « de l'espace noir, où l'on ne peut mettre de choses », il choisit de se donner la mort en se jetant dans le lac Léman.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Ça commence bien...


Clinique du Grand Rien, deux heures de l'après-midi. J'attends mon tour dans une atmosphère d'éther et de crachats, recroquevillé sur une chaise en fer qui me brûle l'échine. Diable ! Que la vie s'annonce glaciale !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Poiscaille


16 décembre. — « La définition que nous venons de donner, exclut de la classe des poissons les familles aquatiques des amphibies, des phoques, des lamantins et des cétacés, comme les baleines, les dauphins, qui sont tous des animaux vivipares, à sang chaud, et respirant l'air par des poumons. De même les grenouilles, les salamandres, les tortues de mer, ne sont pas des poissons non plus que les mollusques, soit nus, comme les seiches, les poulpes, les lièvres de mer ; soit testacés, tels que les moules, les pétoncles, les huîtres, les buccins, les pourpres, les cônes, et autres animaux à sang blanc, et sans vertèbres, que le vulgaire appelle très-improprement poissons à coquilles, ou les crabes, les homards et autres crustacés, qui sont des races voisines de la grande classe des insectes. » (Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, Tome XXVII, Paris, Deterville, 1818)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)