lundi 25 avril 2022

Exclamation pathétique

 

Il n'est pas d'exclamation plus pathétique que celle du dernier poëte païen, Rutilius Namatianus : « Plût aux Dieux que je n'eusse jamais épousé cette mégère difforme au faciès d'hippopotame ! »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Dégringolade finale

 

À cinquante ans, on entre dans « l'âge de l'irréparable ». Après, comme il se doit, tout va de mal en pis — les organes qui se détraquent, l'alopécie qui étend son empire, la solitude qui se compactifie, etc.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Naturel


Quand est-on « vrai » ? À un enterrement ? Même pas. On se regarde. On se regarde tout le temps. Oh, bon Dieu !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Tous en scène


Chacun a ses idées, ses goûts, sa « philosophie de la vie », c'est-à-dire que chacun joue sa petite comédie, anxieux de convaincre son public (mais avant tout lui-même) qu'il est comme ci et comme ça, qu'il ressent telle et telle chose, qu'il aime telle et telle autre... Foutaise ! Escroquerie et bluff ! Tout le monde fait « jore ». Salops !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Un pas de plus

 

Selon Protagoras, tout ce qu'on est autorisé à dire du réel, c'est qu'il n'est « pas même ainsi ». Cette proposition agrée à l'homme du nihil, mais il la simplifie en omettant « ainsi ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Salop de démiurge

 

Le penseur « nihilique » Cioran frappé de la maladie d'Alzheimer, il y a là quelque chose de poignant et de cruellement ironique. Ne dirait-on pas une vengeance mesquine du « mauvais démiurge » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Dangers du bouddhisme mahâyânâ

 

À force de méditer les thèmes de la Prajnâpâramitâ, l'homme du nihil en est arrivé à un complet dégoût de la panoplie d'organes dont il est composé. C'est à peine s'il ose encore se mettre les doigts dans le nez.

(Fernand Delaunay, Glomérules)