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vendredi 15 juillet 2022

Doute ultime

 

Et si le taupicide, aussi bénin en apparence qu'un faitout de pilchards, était l'antichambre d'un monde plus terrible encore ?

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 8 juin 2022

Pensée mallarméenne

 

Quand on trouve la chair triste, on se tourne vers les livres, mais une fois qu'on les a tous lus ? On est dans de beaux draps. — Heureusement, il y a le taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 29 mai 2022

L'unique vérité

 

L'unique vérité se trouve dans le silence — et surtout dans celui, infrangible, que procure le taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 9 décembre 2021

Une infernale troïka

 

L'être humain est la proie de trois maladies chroniques et inguérissables : le besoin de nourriture, le besoin de sommeil et — des trois le plus facile à satisfaire pour peu qu'on ait accès à une droguerie ou à une jardinerie — le besoin de se détruire en ingérant du taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 31 août 2021

Sisyphe et le taupicide

 

Pour imaginer Sisyphe heureux (au sens schopenhaurien du terme), il faut d'abord se le représenter commettant l'homicide de soi-même par ingestion de taupicide. Adieu rocher ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !
 
(Fernand Delaunay, Glomérules) 

jeudi 19 août 2021

Persévérer dans l'être

 

L'instinct de conservation existe, sous un mode quelconque, chez les moindres animaux. Cet instinct comprend tout ce qui intéresse immédiatement la sauvegarde matérielle de l'individu et se manifeste sous un grand nombre de formes. On constate par exemple, chez l'homme du nihil, une répugnance quasi invincible à « sauter le pas » en ingérant du taupicide. Et pourtant... ce n'est pas l'envie qui lui en manque ! — Cré bon diousse d'instinct de conservation ! Du balai ! Aux doubles-vécés !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 16 août 2021

La grande question

 

Comment, après Kierkegaard, après Fernando Pessoa, après le « philosophe de l'absurde » Albert Camus, se trouve-t-il encore des gens pour se lever le matin ? Comment le « monstre bipède » n'est-il pas paralysé par la sensation de vivre isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort ? C'est, pour l'homme du nihil, la grande question (avec celle du taupicide qui lui est apparentée).

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 13 août 2021

Haeccéité et taupicide

 

Dans son ouvrage intitulé L'Alternative, le philosophe Jankélévitch, avec sa perspicacité habituelle, note qu'« être, c'est encore être ceci ou cela, n'être que ceci ou que cela, selon certaines circonstances de temps et de lieu qui, en nous assignant une place dans l'étendue et une date dans la durée, nous empêchent d'être tout le monde, d'être partout, d'être aujourd'hui et hier à la fois ». Rien n'est plus vrai et c'est bien cela qui, pour l'homme du nihil, constitue la torture suprême, c'est bien cela qui, dans l'être, lui paraît intolérable car exorbitamment grotesque. Et quand Jankélévitch ajoute qu'« ici il faut choisir : ou être en fait, et n'être que ce que l'on est, ou être infiniment, à condition de n'être plus rien », l'homme du nihil ne peut que souscrire à cet éloge discret du taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 5 août 2021

Préparation à la mort

 

La meilleure façon de se préparer à la mort n'est pas de lire Sénèque, Marc Aurèle ou Saint Alphonse de Liguori, mais d'observer l'agonie de ce petit mammifère fouisseur que les savants désignent sous le nom de taupe. C'est du moins ce que soutient Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Et il est vrai que cela donne rudement à réfléchir — quant au choix du taupicide comme moyen d'en finir, notamment.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 6 juillet 2021

Existence ironique et désespoir

 

Contrairement à ce que prétend le psychologue américain John Tussord, il y a bien un rapport entre existence ironique et désespoir. Si, comme l'affirme le Traité du désespoir, « le désespoir est la discordance interne d'une synthèse dont le rapport se rapporte à lui-même », l'ironiste qui ne réalise pas existentiellement la véritable synthèse du Moi en avalant du taupicide est un être « désespéré de la tête aux pieds ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 1 juillet 2021

Un merveilleux remède

 

La connaissance des propriétés médicales du taupicide remonte à la plus haute antiquité, et la vénération religieuse que les anciens druides avaient pour cette substance se rattachait pour une bonne part à ses merveilleuses vertus pour la guérison des maladies — en particulier celle d'exister.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 8 février 2021

Réclame

 

« Vous êtes fatigué d'être ceci ou cela ? Retrouvez la sérénité primordiale du Rien grâce au taupicide foudroyant Moulin. Dix grammes, en une seule prise. Une solution jeune. » (Sur une brochure publicitaire vantant le « taupicide foudroyant Moulin »)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 17 mai 2020

Sanctuaire


Il existe des « lieux saints » où l'on ne peut pénétrer sans préparation, et qui ne sont accessibles qu'à certaines personnes. A. J. Festugière cite le cas de Thoas qui, n'osant pénétrer dans l'adyton du temple de Tauride, appelle Iphigénie de l'extérieur en lui demandant de s'avancer vers la porte. Le pachynihil est l'un de ces lieux saints. Pour avoir le droit d'y entrer, il faut d'abord passer avec succès l'épreuve dite « du taupicide ». Quant à ceux qui échouent, on leur fait subir — pour leur apprendre à vivre ? — une deuxième épreuve dite « du lavage d'estomac ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 2 mai 2020

Paradoxe du barbier


Le conseil municipal d'un village vote un arrêté qui enjoint à son barbier de raser tous les habitants masculins du village qui ne se rasent pas eux-mêmes. Comment le barbier va-t-il échapper au désespoir, si ce n'est par la pensée que « rien n'est » et qu'il peut, grâce au taupicide, quitter à tout instant ce « monde de néant » ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 28 avril 2020

Paradoxe d'Abilene


Par un torride après-midi de juillet, les Thompson jouent aux dominos sur le porche de leur maison située dans la banlieue d'Abilene, au Texas. Il y a là Fred et Mabel Thompson, ainsi que les parents de cette dernière, Albert et Judy, venus leur rendre visite. Soudain, Albert lance : « Et si on se pendait ? » Mabel répond : « Ça a l'air d'être une bonne idée. » Fred, bien qu'il ait des réserves en raison de la chaleur, a peur de passer pour un rabat-joie et dit : « Ça me semble bien. J'espère juste que Judy est d'accord. » Celle-ci dit alors : « Bien sûr que je suis d'accord. Ça fait longtemps que j'éprouve la pénible sensation de vivre isolée dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Ça suffit comme ça. »
Aussitôt dit, aussitôt fait, tout le monde se pend. Pourtant, un observateur capable de lire dans les pensées aurait pu constater qu'aucun des protagonistes ne souhaitait véritablement se pendre (ils auraient préféré utiliser, qui le taupicide, qui le revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe).
La principale leçon à tirer de cette anecdote est que, dans certaines conditions, un groupe non structuré peut entériner des décisions par consensus alors qu'en fait, aucun des participants ne soutenait la proposition initiale (et aucun n'aurait voté en faveur de celle-ci si un vote à bulletin secret avait été organisé).


(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 25 avril 2020

Une conjecture terrifiante


« S'il est vrai, comme le soutiennent Birch et Swinnerton-Dyer, que pour toute courbe elliptique sur le corps des rationnels, l'ordre d'annulation en 1 de la fonction L associée est égal au rang de la courbe, alors la situation du Dasein est aussi désespérée que celle de Léonidas à la bataille des Thermopyles, et son unique échappatoire est dans le taupicide. » (Edmund Winslow, Géométrie algébrique et aliénation, Oxford University Press, 1969)

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

jeudi 16 avril 2020

Inspiration


C'est après avoir lu les écrits de Fermat sur le calcul infinitésimal que l'homme du nihil décida de passer à la limite pour calculer — et si possible prendre — la tangente. Ce qu'il fit peu après en ingérant une dose mortelle de taupicide.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

vendredi 28 février 2020

Le silence du taupicide


Grand lecteur des poëtes maudits, l'homme du nihil se reconnaît frère de Crevel, Essénine, Nerval. Mais celui qu'il chérit entre tous, c'est le légendaire « Mômo », dont l'énergie agressive et blasphématoire, la créativité proliférante lui donnent « des frissons presque partout ». Son œuvre, par contraste, est d'une concision qui équivaut à un refus, à une fin de non-recevoir : « Se taire, se figer, s'emmurer, se momifier dans le silence du taupicide ». Son unique poëme, composé de cette seule phrase, est aussi sa lettre d'adieu.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 9 février 2020

Soleils noirs


Les soleils noirs de l'homme du nihil sont ceux de « l'absolu ténébreux », de « l'infini infundibuliforme », d'une vérité tragique, d'une marche fatale vers le Rien, la hantise de la mort, le vide, la nuit, la séparation d'avec soi-même : « Taupicide ! Ton bec inexorable crève les yeux du grand jour ! Je lis ton nom : tu es MOI-MÊME. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 1 juin 2019

Suicide et mathématiques


« Il n'y a pas de paroles pour rendre la douceur de sentir qu'il existe tout un monde d'où le Moi est complètement absent. » Le suicidé philosophique a-t-il connu ce propos de Sophie Kowalevski sur les mathématiques ? Et si oui, pourquoi avoir choisi le taupicide plutôt qu'une simple intégrale de Riemann ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)