Affichage des articles dont le libellé est taupicide. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est taupicide. Afficher tous les articles

vendredi 15 juillet 2022

Doute ultime

 

Et si le taupicide, aussi bénin en apparence qu'un faitout de pilchards, était l'antichambre d'un monde plus terrible encore ?

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 29 mai 2022

L'unique vérité

 

L'unique vérité se trouve dans le silence — et surtout dans celui, infrangible, que procure le taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 9 décembre 2021

Une infernale troïka

 

L'être humain est la proie de trois maladies chroniques et inguérissables : le besoin de nourriture, le besoin de sommeil et — des trois le plus facile à satisfaire pour peu qu'on ait accès à une droguerie ou à une jardinerie — le besoin de se détruire en ingérant du taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 13 août 2021

Haeccéité et taupicide

 

Dans son ouvrage intitulé L'Alternative, le philosophe Jankélévitch, avec sa perspicacité habituelle, note qu'« être, c'est encore être ceci ou cela, n'être que ceci ou que cela, selon certaines circonstances de temps et de lieu qui, en nous assignant une place dans l'étendue et une date dans la durée, nous empêchent d'être tout le monde, d'être partout, d'être aujourd'hui et hier à la fois ». Rien n'est plus vrai et c'est bien cela qui, pour l'homme du nihil, constitue la torture suprême, c'est bien cela qui, dans l'être, lui paraît intolérable car exorbitamment grotesque. Et quand Jankélévitch ajoute qu'« ici il faut choisir : ou être en fait, et n'être que ce que l'on est, ou être infiniment, à condition de n'être plus rien », l'homme du nihil ne peut que souscrire à cet éloge discret du taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

jeudi 1 juillet 2021

Un merveilleux remède

 

La connaissance des propriétés médicales du taupicide remonte à la plus haute antiquité, et la vénération religieuse que les anciens druides avaient pour cette substance se rattachait pour une bonne part à ses merveilleuses vertus pour la guérison des maladies — en particulier celle d'exister.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 8 février 2021

Réclame

 

« Vous êtes fatigué d'être ceci ou cela ? Retrouvez la sérénité primordiale du Rien grâce au taupicide foudroyant Moulin. Dix grammes, en une seule prise. Une solution jeune. » (Sur une brochure publicitaire vantant le « taupicide foudroyant Moulin »)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 17 mai 2020

Sanctuaire


Il existe des « lieux saints » où l'on ne peut pénétrer sans préparation, et qui ne sont accessibles qu'à certaines personnes. A. J. Festugière cite le cas de Thoas qui, n'osant pénétrer dans l'adyton du temple de Tauride, appelle Iphigénie de l'extérieur en lui demandant de s'avancer vers la porte. Le pachynihil est l'un de ces lieux saints. Pour avoir le droit d'y entrer, il faut d'abord passer avec succès l'épreuve dite « du taupicide ». Quant à ceux qui échouent, on leur fait subir — pour leur apprendre à vivre ? — une deuxième épreuve dite « du lavage d'estomac ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 2 mai 2020

Paradoxe du barbier


Le conseil municipal d'un village vote un arrêté qui enjoint à son barbier de raser tous les habitants masculins du village qui ne se rasent pas eux-mêmes. Comment le barbier va-t-il échapper au désespoir, si ce n'est par la pensée que « rien n'est » et qu'il peut, grâce au taupicide, quitter à tout instant ce « monde de néant » ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 28 avril 2020

Paradoxe d'Abilene


Par un torride après-midi de juillet, les Thompson jouent aux dominos sur le porche de leur maison située dans la banlieue d'Abilene, au Texas. Il y a là Fred et Mabel Thompson, ainsi que les parents de cette dernière, Albert et Judy, venus leur rendre visite. Soudain, Albert lance : « Et si on se pendait ? » Mabel répond : « Ça a l'air d'être une bonne idée. » Fred, bien qu'il ait des réserves en raison de la chaleur, a peur de passer pour un rabat-joie et dit : « Ça me semble bien. J'espère juste que Judy est d'accord. » Celle-ci dit alors : « Bien sûr que je suis d'accord. Ça fait longtemps que j'éprouve la pénible sensation de vivre isolée dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Ça suffit comme ça. »
Aussitôt dit, aussitôt fait, tout le monde se pend. Pourtant, un observateur capable de lire dans les pensées aurait pu constater qu'aucun des protagonistes ne souhaitait véritablement se pendre (ils auraient préféré utiliser, qui le taupicide, qui le revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe).
La principale leçon à tirer de cette anecdote est que, dans certaines conditions, un groupe non structuré peut entériner des décisions par consensus alors qu'en fait, aucun des participants ne soutenait la proposition initiale (et aucun n'aurait voté en faveur de celle-ci si un vote à bulletin secret avait été organisé).


(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 25 avril 2020

Une conjecture terrifiante


« S'il est vrai, comme le soutiennent Birch et Swinnerton-Dyer, que pour toute courbe elliptique sur le corps des rationnels, l'ordre d'annulation en 1 de la fonction L associée est égal au rang de la courbe, alors la situation du Dasein est aussi désespérée que celle de Léonidas à la bataille des Thermopyles, et son unique échappatoire est dans le taupicide. » (Edmund Winslow, Géométrie algébrique et aliénation, Oxford University Press, 1969)

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

jeudi 16 avril 2020

Inspiration


C'est après avoir lu les écrits de Fermat sur le calcul infinitésimal que l'homme du nihil décida de passer à la limite pour calculer — et si possible prendre — la tangente. Ce qu'il fit peu après en ingérant une dose mortelle de taupicide.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

vendredi 28 février 2020

Le silence du taupicide


Grand lecteur des poëtes maudits, l'homme du nihil se reconnaît frère de Crevel, Essénine, Nerval. Mais celui qu'il chérit entre tous, c'est le légendaire « Mômo », dont l'énergie agressive et blasphématoire, la créativité proliférante lui donnent « des frissons presque partout ». Son œuvre, par contraste, est d'une concision qui équivaut à un refus, à une fin de non-recevoir : « Se taire, se figer, s'emmurer, se momifier dans le silence du taupicide ». Son unique poëme, composé de cette seule phrase, est aussi sa lettre d'adieu.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 9 février 2020

Soleils noirs


Les soleils noirs de l'homme du nihil sont ceux de « l'absolu ténébreux », de « l'infini infundibuliforme », d'une vérité tragique, d'une marche fatale vers le Rien, la hantise de la mort, le vide, la nuit, la séparation d'avec soi-même : « Taupicide ! Ton bec inexorable crève les yeux du grand jour ! Je lis ton nom : tu es MOI-MÊME. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 1 juin 2019

Suicide et mathématiques


« Il n'y a pas de paroles pour rendre la douceur de sentir qu'il existe tout un monde d'où le Moi est complètement absent. » Le suicidé philosophique a-t-il connu ce propos de Sophie Kowalevski sur les mathématiques ? Et si oui, pourquoi avoir choisi le taupicide plutôt qu'une simple intégrale de Riemann ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 7 mai 2019

Machines métaphysiques


Le revolver Smith & Wesson, le puits busé, le flacon de taupicide, le rasoir de type « coupe-chou », sécrètent un nihilisme ; ce sont des machines métaphysiques. Autour d'elles notre monde se vide, se décolore, tombe en pièces. L'édifice entier de la réalité empirique, autrefois si rassurant, tombe sur vous et vous écrase. — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 20 avril 2019

Positivisme logique


« L'homicide de soi-même, écrivait en 1932 Rudolf Carnap, est le moyen d'expression adéquat, la métaphysique le moyen d'expression inadéquat d'un sentiment de l'existence. » Pour surprenante qu'elle puisse paraitre, cette déclaration n'a rien que de logique venant du flambeur invétéré du Cercle de Vienne. On sait à quel point Carnap a réduit l'aire de pertinence du langage, évacuant les énoncés non vérifiables, les concepts sans fondement « positif », toutes les facilités de l'expression abstraite qui font illusion et encombrent. Or, une fois mis au rancart tout ce « saint-frusquin » (Gragerfis), que reste-t-il pour exprimer son sentiment de l'existence sinon le taupicide ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 17 avril 2019

Enchaînement fatidique


Plongé dans le malaise vague et douloureux de l'haeccéité, l'étant existant se prend d'horreur non seulement pour le souvenir et l'espérance, mais pour la pensée même. Il fait alors l'emplette d'un couteau de cuisine ou d'un flacon de taupicide et se lance à corps perdu dans la « jouissance épouvantable » de l'homicide de soi-même.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 9 avril 2019

Rapatriement express


D'après Gragerfis, l'haeccéité est « le point extrême de l'exil » et le taupicide nous « rapatrie » en nous rendant les vraies dimensions de notre nature.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 26 mars 2019

Choses du passé


D'une enfance provinciale, de ses attaches familiales dans le Rouergue et le Quercy, pays de causses pierreux, l'homme du nihil a gardé la mémoire de choses qui sont désormais, bien que d'hier seulement, d'un autre âge : le train omnibus, la lumière intime de la lampe à huile, le « taupicide foudroyant Moulin »... Bref, le décor d'une vie plus lente, plus délibérée, où l'on pouvait apprivoiser une durée qui n'était pas encore celle de notre hâte frénétique, mais celle plus sereine des saisons de la terre, et aussi toucher des objets qui n'étaient pas seulement de consommation mais pouvaient aussi, en plus de petits mammifères fouisseurs, servir à exterminer le Moi.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mercredi 13 mars 2019

L'étrange fascination du Rien


Le pachynihil irrite en nous une attente sans nom. La fascination du Rien nous persuade, pour lui appartenir, de quitter jusqu'au souci de notre vie. Elle nous dépouille par la seule promesse de nous combler ; et si, pour commencer, nous avons pu rêver de dompter le néant, les rôles ont tôt fait de s'inverser : nous voici passifs et paralysés, ayant renoncé à notre volonté propre pour nous laisser habiter par l'impérieux appel du taupicide — et de l'absence.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)