Drame hugolien

 

Dans Les Travailleurs de la mer, alors qu'il cherche à attraper un crabe, Gilliatt est attaqué par un diabolique céphalopode. Maintenant, remplacez Gilliatt par Émile Cioran et le diabolique céphalopode par Lucien Goldmann : vous avez tous les ingrédients d'un drame bourgeois à la Nivelle de La Chaussée.

 

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Odyssée de la rancune

 

Le négateur Émile Cioran employait le plus clair de ses veilles à dépecer en pensée Lucien Goldmann, à lui arracher les yeux et les entrailles, à presser et vider ses veines, à piétiner et broyer chacun de ses organes, tout en lui laissant par charité la jouissance de son marxiste squelette. Il était comme ça, le négateur. Vindicatif.

 

(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Thérapeutique

 

Untel est un salop. Il fallait que ce soit dit. Émile Cioran assure que ça soulage. Il recommande même de l'écrire plein de fois sur un petit bout de papier que l'on place ensuite dans sa chaussure. 

 

(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Épisode cévenol du Grandiloque

 

En octobre 1970, le négateur Émile Cioran connut un « épisode cévenol » suite au décès de son ennemi juré Lucien Goldmann. Il fut envahi, inondé même pourrait-on dire, de sentiments contradictoires tels que le soulagement, la culpabilité, et la peur d'y passer à son tour. Il raconte cela très bien dans ses Cahiers.

 

(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Sur la mort de Lucien Goldmann

 

La mort d'un ennemi juré n'apporte presque jamais le soulagement attendu. Ce qu'on voulait, c'était assister à sa déconfiture. Mais la mort, vous parlez d'une déconfiture... Non, il s'en tire trop bien, le salop.

 

(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

L'envahisseur

 

Pour le négateur Émile Cioran, tout a commencé par un sombre après-midi, sur le boulevard Richard-Lenoir, alors qu'il cherchait des robinets pour sa cuisine, des robinets « vieux modèle hélas », que jamais il ne trouva. Cela a commencé par des aphorismes abandonnés, et un homme trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l'atterrissage d'un engin spatial venu d'une autre galaxie, avec à son bord Lucien Goldmann.

 

(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Un rêve du Grandiloque

 

Dans son rêve, Émile Cioran attachait Lucien Goldmann à un pilier, lui enlevait la peau de la tête puis la lui rabattait sur les yeux. Il lui coupait ensuite successivement toutes les parties du corps. « Je vais t'apprendre à me faire chier, moi, tuouaouar », lui disait-il tout en opérant. Et encore : « Marxiste de mes fesses ! »

 

(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

Exécration de Goldmann

 

Comme Aragon, comme Éluard, comme Boudarel, l'infâme Lucien Goldmann qui persécuta le négateur était une canaille marxiste. Pour avoir calomnié et harcelé le pauvre Mimile, son nom sera honni jusqu'à la fin des temps.

 

(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

Dévitalisation du Grandiloque

 

Dans ses Cahiers, le négateur Émile Cioran dit que la mort de son ennemi juré Lucien Goldmann lui inspira des sentiments contradictoires où se trouvait de tout, même du regret. Sa rancune était devenue sans vigueur. Le négateur était victime d'un phénomène de dévitalisation !

 

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Paranoïa du Grandiloque

 

Un jour, Cioran lança à Samuel Beckett : « La musique est le refuge des âmes ulcérées par le bonheur. » Beckett ne sut quoi lui répondre.

 

(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Aux frontières du possible

 

Un nez qui disparaît et qui réapparaît sous la forme d'un conseiller d'État, c'est déjà assez extraordinaire. Mais atteindre l'âge de quatre-vingt-quatre ans quand le réel vous donne de l'asthme pratiquement depuis votre naissance, qu'un Lucien Goldmann vous a ruiné de réputation et qu'une Simone Boué vous tourmente depuis cinquante-trois ans avec sa tarte aux poireaux... « On a beau dire, de semblables faits se produisent dans le monde ; — rarement, mais il s'en produit. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Ennemi juré

 

Comme Cioran, l'homme du nihil est persécuté par Lucien Goldmann.

(Fernand Delaunay, Glomérules)