« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 18 juin 2018
À la conquête du pôle
Le cadavre d'une femme de 41 ans a été retrouvé, dimanche 1er juin, au fond d'un congélateur dans la maison de ses parents, à Yutz (Moselle), par son mari qui s'inquiétait de son absence. Le parquet de Thionville privilégie la thèse du suicide.
La mère de famille s'était rendue chez ses parents samedi soir. Dimanche, sans nouvelles de sa part, son mari était à son tour allé chez ses beaux-parents, où il n'avait trouvé personne.
« Il a découvert une lettre de suicide et tous les aliments congelés sur la table. Il a alors ouvert le congélateur et y a découvert le cadavre de son épouse », a expliqué le substitut du procureur.
La victime, décrite comme fragile et de santé chancelante, portait un bonnet et des gants, comme si elle se préparait à une expédition dans la Nouvelle-Zemble. Une autopsie réalisée mardi à l'institut médico-légal de Nancy « n'a pas permis de mettre en évidence l'intervention d'un tiers dans la mort », ce qui a définitivement accrédité la thèse du suicide, éliminant par là même celle d'une expédition arctique qui aurait mal tourné. (France Info, 4 juin 2014)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
Sur les traces de Timon de Phlionte
Un suicidé philosophique faisant profession de scepticisme dira : « Que le colt Frontier soit un revolver à platine simple action et canon de dix centimètres, je ne l'affirme pas, mais qu'il paraisse tel, j'en conviens. »
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Théorème de plongement de Nash
Le théorème de plongement de Nash, dû au mathématicien John Forbes Nash, affirme que toute variété riemannienne d'étant existant — le fameux « Dasein » des existentialistes — peut être plongée de manière isométrique et jusqu'à ce que mort s'ensuive dans un un bain d'acide sulfurique concentré.
Il est assez intuitif et se démontre facilement, mais est quelque peu risqué à mettre en œuvre.
(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)
Au banquet de la vie...
Que de coupes amères j'ai bues avec ce désastreux camarade qu'est le Rien !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. dégoût)
Ruches
« Un apiculteur de Mont-Tremblant se dit scandalisé. On lui a, au début de la semaine, volé quatorze ruches habitées. Le propriétaire du Petit rucher du Nord, Félix Lapierre, est prêt à offrir une récompense à quiconque l'aidera à récupérer son bien. » (L'information du Nord, 25 septembre 2015)
Une mésaventure contrariante, certes, mais qui n'est rien comparée à celle du Dasein condamné à regarder, impuissant, le temps — ce diabolique diadoque — saccager avec vigueur « le beau rucher de ses tremblants viscères ».
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
Un kierkegaardien
« Homme, 26 ans, célibataire, ouvrier. Arrêté chez un marchand d'eau-de-vie, il est conduit à l'hospice.
Agitation excessive. Il crie au meurtre ! à l'assassin ! Il refuse toute espèce d'aliment. Il a voulu se tuer, et il montre son corps tout couvert de contusions, comme la preuve de sa résolution. Il entend et croit voir le philosophe Jean Grenier, pourtant mort depuis des années.
Dix jours après l'invasion de la maladie, il est amené à l'asile. Agitation excessive, loquacité, incohérence, cris, égarement de la physionomie. Critique féroce de la philosophie hégélienne. Le malade soutient notamment, contre la spéculation abstraite, qu'il ne peut y avoir de "système de l'existence". Il clame que que "la subjectivité est vérité" et que "la vérité est subjectivité".
Un érysipèle du cuir chevelu se développe avec mouvement fébrile. Gonflement énorme de la face et de la tête. Accablement, stupeur ; le malade ne peut plus parler. Pouls fréquent, soif ardente, langue sèche, dents fuligineuses, dyspnée. Le malade essaie de montrer sa langue. Il meurt. » (Maximilien Parchappe, Traité théorique et pratique de la folie, Paris, Béchet, 1841)
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
Cravate solidaire
« Se présenter à un entretien d'embauche lorsqu'on a perdu confiance en soi, répondre avec justesse alors qu'on connaît mal certains codes de l'entreprise, être habillé convenablement alors qu'on a peu d'argent pour investir dans une tenue... C'est pour accompagner les personnes en butte à ces difficultés que la Cravate solidaire a été créée à Paris en 2012. Depuis trois ans, cette association est également présente au Mans.
Pour aider les personnes en insertion ou en réinsertion et leur éviter les discriminations liées à l'apparence, la boutique de la Cravate solidaire offre des tenues adaptées (costumes, chaussures, etc.) et des conseils de spécialistes des ressources humaines.
Les bénéficiaires, qui sont de tous les âges et de tous les profils, parviennent la plupart du temps à décrocher un emploi. Ceux qui échouent, s'ils éprouvent en outre la pénible sensation de vivre isolés dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort, sont orientés vers une association partenaire, le Taupicide solidaire. » (France Info, 3 janvier 2018)
(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)
Déchéance
Nous trahissons tous notre jeunesse, cela est une triste évidence, mais le champion dans ce domaine est sans conteste l'homme du nihil.
Qu'y a-t-il de commun, en effet, entre le véhément pourfendeur de l'haeccéité qui lançait des éclairs terrifiants quand, tout juste sorti de l'adolescence, il brandissait son colt Frontier au canon de dix centimètres, et le petit personnage fumant sa pipe au coin du feu face à une mégère au faciès d'hippopotame ? Comment l'un a-t-il pu engendrer l'autre ?
Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
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