« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 18 juin 2018
Un kierkegaardien
« Homme, 26 ans, célibataire, ouvrier. Arrêté chez un marchand d'eau-de-vie, il est conduit à l'hospice.
Agitation excessive. Il crie au meurtre ! à l'assassin ! Il refuse toute espèce d'aliment. Il a voulu se tuer, et il montre son corps tout couvert de contusions, comme la preuve de sa résolution. Il entend et croit voir le philosophe Jean Grenier, pourtant mort depuis des années.
Dix jours après l'invasion de la maladie, il est amené à l'asile. Agitation excessive, loquacité, incohérence, cris, égarement de la physionomie. Critique féroce de la philosophie hégélienne. Le malade soutient notamment, contre la spéculation abstraite, qu'il ne peut y avoir de "système de l'existence". Il clame que que "la subjectivité est vérité" et que "la vérité est subjectivité".
Un érysipèle du cuir chevelu se développe avec mouvement fébrile. Gonflement énorme de la face et de la tête. Accablement, stupeur ; le malade ne peut plus parler. Pouls fréquent, soif ardente, langue sèche, dents fuligineuses, dyspnée. Le malade essaie de montrer sa langue. Il meurt. » (Maximilien Parchappe, Traité théorique et pratique de la folie, Paris, Béchet, 1841)
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
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