samedi 29 avril 2023

Une drôle de rencontre

 

Un beau jour ou peut-être une nuit, le « négateur universel » Émile Cioran s'était endormi près de l'étang de Soustons quand soudain, semblant crever le ciel, surgit quelque chose ressemblant à une tête de chien couché. Alors le négateur l'interpella en ces termes : « Dis, tête de chien couché, oh dis, emmène-moi ! Retournons au pays d'autrefois, comme avant, dans mes rêves d'enfant, pour cueillir en tremblant des étoiles, des étoiles. » Mais rien à faire, impossible de la convaincre de le remmener au pays d'autrefois. Il se dit que c'était une rencontre décevante, mais toujours mieux qu'une réminiscence de vocabulaire (all is of no avail). Au moins, il n'avait pas ressenti avec une incroyable violence le besoin de se jeter à l'eau, c'était déjà ça.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Bal chez Temporel (suite)

 

Si le nihilique revient jamais danser chez Temporel, il y a fort à parier qu'il pensera à ceux qui tous ont laissé leurs noms gravés auprès du sien. Il y a des années, en effet, il a gravé avec un canif sur un tabouret de bar : « Merde à celui qui le lira, signé Bigeard ».
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Avertissement

 

Si, comme Nicolas de Flüe, vous avez la vision d'un cheval boulottant un lys, c'est que les soucis relatifs à la vie matérielle (le cheval) dévorent votre vie spirituelle (le lys) et qu'il est temps pour vous de vous consacrer entièrement à la contemplation (c'est-à-dire au Rien). Verstanden ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Criiii

 

Écrire, peu importe ce que l'on écrit, cela revient à tenter de décrire le grincement de roue d'une charrette dans un chemin creux. C'est un exercice vain : s'appellerait-on Flaubert, on n'y arriverait pas.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)