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mardi 27 février 2024

Gérard et les mots-valises

 

« Arrivé sur la place de la Concorde, ma pensée était que la mort est un alicament (puisqu'elle nourrit et guérit tout à la fois). Puis me vint l'idée que Théophile Gautier était un rurbain et Pétrus Borel un adulescent. J'étais, il m'est douloureux de l'avouer, à fond dans les mots-valises. » (Gérard de Nerval, Aurélia)
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

dimanche 28 janvier 2024

Un dévergeot

 

Le pauvre Gérard de Nerval n'avait pas la vie facile. Il se décrivait lui-même comme « le ténébreux, le veuf, l'inconsolé ». Effectivement, il ne lui arrivait que des déboires : on abolissait sa tour, sa seule étoile mourait inopinément, et pour couronner le tout, son luth constellé portait le soleil noir de la mélancolie.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 23 novembre 2023

Je suis l'autre


Gérard de Nerval fut trouvé pendu, le 26 janvier 1855, rue de la Vieille-Lanterne à Paris. Fragilité psychologique ? Problème de cohabitation avec une belle-mère envahissante ? Fatigue d'entendre citer à la télévision la phrase « Il faut que tout change pour que rien ne change » ? Peut-on jamais savoir avec certitude ce qui pousse un homme à se pendre aux barreaux d'une grille d'égout ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 28 juin 2023

Une méthode originale

 

« Arrivé à Salamanque, ma pensée était de me détruire en absorbant l'un de ces bourratifs pot-au-feu que les Espagnols nomment cocido. À plusieurs reprises, je me dirigeai vers un restaurant, mais quelque chose m'empêchait d'accomplir mon dessein. » (Gérard de Nerval, Aurélia)
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 31 mai 2023

D'égout et des couleurs

 

Tout le monde ne se tue pas de la même façon. Par exemple, Pierre Bérégovoy fit le choix de se suicider « au bord d'un canal où il était souvent venu goûter la paix et la beauté des choses ». Il ne se pendit pas à la grille d'un égout dans une ruelle sordide comme son presque homonyme le poëte Gérard de Nerval (il n'y a que quatorze lettres de différence).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 14 juin 2022

Absolu ténébreux

 

L'absolu ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés philosophiques (exemple : Nerval).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 9 avril 2020

Éléments finis


En analyse numérique, la méthode des éléments finis permet de calculer numériquement le comportement d'objets même complexes, par exemple des suicidés philosophiques, à condition qu'ils soient continus et décrits par une équation aux dérivées partielles linéaire : mouvement d'une corde secouée par l'un de ses bouts (Gérard de Nerval), comportement d'un fluide arrivant à grande vitesse sur un obstacle (Edmond-Henri Crisinel), déformation d'une structure métallique (Claude Gauvreau), etc.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

samedi 14 mars 2020

Communion mystique


L'instant où se dévoile le pachynihil est comparable à la haute jubilation de Mozart, au cri de délivrance et de joie qui éclate, fugitivement, dans les dernières méditations de Schubert ou de Nerval. L'essence du monde est tragique. Tout destin penche vers la mort. L'unique délivrance est cette seconde de grâce où le Dasein prend conscience que rien n'est. L'élu a été convié à la plus haute joie : à une communion mystique avec le Rien, avec le principe impérissable des êtres.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

vendredi 28 février 2020

Le silence du taupicide


Grand lecteur des poëtes maudits, l'homme du nihil se reconnaît frère de Crevel, Essénine, Nerval. Mais celui qu'il chérit entre tous, c'est le légendaire « Mômo », dont l'énergie agressive et blasphématoire, la créativité proliférante lui donnent « des frissons presque partout ». Son œuvre, par contraste, est d'une concision qui équivaut à un refus, à une fin de non-recevoir : « Se taire, se figer, s'emmurer, se momifier dans le silence du taupicide ». Son unique poëme, composé de cette seule phrase, est aussi sa lettre d'adieu.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 16 septembre 2018

Un grandiose isolement


Parce qu'il trouve ses contemporains vomitifs, l'homme du nihil commerce exclusivement avec quelques grandes figures du passé, de celles qui ont laissé un nom dans les annales de l'homicide de soi-même : les Nerval, les Trakl, les Weininger, les Caraco, etc. Avec son temps, il ne communique pas — et personne ne se risque à franchir la pampa de dégoûtation au centre de laquelle il trône, guère plus engageante, il faut l'avouer, que « les espaces de sable autour des Bouddhas rupestres ou des statues de l'Égypte ».

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

jeudi 30 août 2018

Regrets tardifs


Le 26 janvier 1855, Gérard de Nerval qui, d'après ses amis Théophile Gautier et Arsène Houssaye, « en avait soupé de l'haeccéité » se pend aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne (voie aujourd'hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet).

Au moment du trépas, le poëte fait l'expérience du phénomène appelé dédoublement astral ou sortie du corps, et peut contempler pendant quelques instants son Moi défunt, expérience qu'il décrit ainsi dans son journal demeuré inédit : « Son visage immobile et qui semblait devenu tout petit, ses yeux fermés, ses mains maigres évoquant des serres de gerfaut moderato, toute cette chose si insupportablement funèbre, si inexplicablement douloureuse qu'est un cadavre, même un cadavre de chien ou de rat, oui, tout cela qui allait bientôt se diluer, tout cela fit que j'eus le cœur serré, comme si je venais de perdre, au lieu de mon odieux Moi, quelqu'un de très cher et de très beau... Sans savoir pourquoi, sans chercher à raisonner cette impression soudaine, rien que parce qu'il n'était plus, parce qu'il ne se livrait plus à ses horripilantes singeries, je découvris en lui d'émouvantes vertus et des beautés prodigieuses... Et je pleurai sur lui, je pleurai abondamment... ».


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 31 juillet 2018

Tchernoziom


Ceux qui de naissance paraissent destinés à se détruire — exempli gratia, le poëte Nerval — tirent parfois de leur pachyméninge une terre noire, bitumineuse et inflammable, qui, mise en un monceau et arrosée par l'idée du Rien, non seulement s'échauffe à un point extraordinaire, mais jette encore de la fumée, et quelquefois même de la flamme. Alors naissent des œuvres à la fois lumineuses et profondes telles qu'Aurélia ou Les Filles du feu.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

vendredi 11 mai 2018

Une course pour tisser des liens intergénérationnels


« Les visages sont rougis par l'effort. On reprend son souffle autour d'une collation ou en faisant quelques étirements du Dasein. Quarante-six grands-parents et petits-enfants, en jogging et baskets, ont participé ce samedi matin à la deuxième édition de la Course des grands-mères à Beauvais. Cette année, les papys étaient aussi les bienvenus. "Le but est de créer des liens intergénérationnels, à travers des moments de partage entre grands-parents et petits-enfants", résume Claudette Kempka-Isaac, présidente de l'association "Bien dans son assiette, à l'aise dans ses baskets", organisatrice de la manifestation. 

En se rendant au plan d'eau du Canada, Jacques et Nicole Marek, 66 et 65 ans, n'avaient pas prévu de faire la course avec leurs petits-enfants Benoît et Julie, 12 et 10 ans. "Nous étions venus là pour nous noyer, ne pouvant plus supporter la discordance entre les points de vue de l'être substantiel et du soi fini, et quand nous avons vu les stands, nous sommes allés nous changer pour la course. C'est super pour garder la forme et pour avoir l'air d'un couillon", explique Jacques. 

Les vingt-trois binômes avaient le choix entre la course, l'ingestion de taupicide ou la marche rapide sur une distance de trois kilomètres (personne n'a choisi le taupicide). Avec un départ différé, grands-parents et petits-enfants se sont retrouvés au deuxième kilomètre pour terminer ensemble le parcours, très souvent main dans la main : "Benoît m'a encouragé car je n'en pouvais plus, poursuit Jacques à l'issue de la course. À un moment donné, j'ai même été tenté d'en finir, comme Gérard de Nerval lors de son arrivée sur la place de la Concorde". 

L'association avait aussi installé des stands de tricot et de lecture pour insister sur l'idée de partage et de transmission de savoirs. "C'est important, le partage et la transmission de savoirs, sacré bon diousse !" tonne Claudette Kempka-Isaac. » (Le Parisien, 28 mai 2016)

(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)