Affichage des articles dont le libellé est De Nerval Gérard. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est De Nerval Gérard. Afficher tous les articles

mercredi 19 novembre 2025

Un dévergeot

 

Le pauvre Gérard de Nerval se décrivait lui-même comme « le ténébreux, le veuf, l'inconsolé ». De fait, il ne lui arrivait que des déboires : on abolissait sa tour, sa seule étoile mourait inopinément, et pour couronner le tout, son luth constellé portait le soleil noir de la mélancolie.
 
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

vendredi 27 septembre 2024

Thétis

 

Dans son Astronomie poétique, Hygin affirme que Hippé, fille du centaure Chiron, était appelée auparavant Thétis. Et toi, le ténébreux, le veuf, l'inconsolé, tu lis ça et tu te dis que, bon sang, tu es sans doute le seul dans ton lotissement à avoir connaissance de cet extraordinaire changement de nom — ce qui accroît encore ton intranquillité pessoaïenne et ta misanthropie.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mardi 24 septembre 2024

Festin de pierres

 

L'allotriophagie est une dépravation de l'appétit qui porte à manger des substances non destinées à l'alimentation : terre, craie, sable, papier, cendre, etc. Le poëte Nerval, c'étaient les pierres. Il en avalait journellement une grande quantité. Ses amis lui disaient : « Alors Gérard, quoi, on bouffe des pierres ? » Mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Il se fichait de ce que les gens pensaient de lui. Déjà qu'il écrivait des poëmes et que son luth constellé portait le soleil noir de la mélancolie, alors une bizarrerie de plus ou de moins...
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

lundi 26 août 2024

Un antidote méconnu : la géologie du Cantal

 

Si Nerval, au lieu d'écrire des poëmes, s'était consacré à l'étude de la géologie du Cantal, il ne se serait pas suicidé. Quand on concentre son attention sur quelque chose de concret, par exemple les mollusques fossiles du terrain miocène inférieur du bassin d'Aurillac, on ne songe pas à se pendre.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mardi 27 février 2024

Gérard et les mots-valises

 

« Arrivé sur la place de la Concorde, ma pensée était que la mort est un alicament (puisqu'elle nourrit et guérit tout à la fois). Puis me vint l'idée que Théophile Gautier était un rurbain et Pétrus Borel un adulescent. J'étais, il m'est douloureux de l'avouer, à fond dans les mots-valises. » (Gérard de Nerval, Aurélia)
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

jeudi 23 novembre 2023

Je suis l'autre


Gérard de Nerval fut trouvé pendu, le 26 janvier 1855, rue de la Vieille-Lanterne à Paris. Fragilité psychologique ? Problème de cohabitation avec une belle-mère envahissante ? Fatigue d'entendre citer à la télévision la phrase « Il faut que tout change pour que rien ne change » ? Peut-on jamais savoir avec certitude ce qui pousse un homme à se pendre aux barreaux d'une grille d'égout ?
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 28 juin 2023

Une méthode originale

 

« Arrivé à Salamanque, ma pensée était de me détruire en absorbant l'un de ces bourratifs pot-au-feu que les Espagnols nomment cocido. À plusieurs reprises, je me dirigeai vers un restaurant, mais quelque chose m'empêchait d'accomplir mon dessein. » (Gérard de Nerval, Aurélia)
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 31 mai 2023

D'égout et des couleurs

 

Tout le monde ne se tue pas de la même façon. Par exemple, Pierre Bérégovoy fit le choix de se suicider « au bord d'un canal où il était souvent venu goûter la paix et la beauté des choses ». Il ne se pendit pas à la grille d'un égout dans une ruelle sordide comme son presque homonyme le poëte Gérard de Nerval (il n'y a que quatorze lettres de différence).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 14 juin 2022

Absolu ténébreux

 

L'absolu ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés philosophiques (exemple : Nerval).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 9 avril 2020

Éléments finis


En analyse numérique, la méthode des éléments finis permet de calculer numériquement le comportement d'objets même complexes, par exemple des suicidés philosophiques, à condition qu'ils soient continus et décrits par une équation aux dérivées partielles linéaire : mouvement d'une corde secouée par l'un de ses bouts (Gérard de Nerval), comportement d'un fluide arrivant à grande vitesse sur un obstacle (Edmond-Henri Crisinel), déformation d'une structure métallique (Claude Gauvreau), etc.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

samedi 14 mars 2020

Communion mystique


L'instant où se dévoile le pachynihil est comparable à la haute jubilation de Mozart, au cri de délivrance et de joie qui éclate, fugitivement, dans les dernières méditations de Schubert ou de Nerval. L'essence du monde est tragique. Tout destin penche vers la mort. L'unique délivrance est cette seconde de grâce où le Dasein prend conscience que rien n'est. L'élu a été convié à la plus haute joie : à une communion mystique avec le Rien, avec le principe impérissable des êtres.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

vendredi 28 février 2020

Le silence du taupicide


Grand lecteur des poëtes maudits, l'homme du nihil se reconnaît frère de Crevel, Essénine, Nerval. Mais celui qu'il chérit entre tous, c'est le légendaire « Mômo », dont l'énergie agressive et blasphématoire, la créativité proliférante lui donnent « des frissons presque partout ». Son œuvre, par contraste, est d'une concision qui équivaut à un refus, à une fin de non-recevoir : « Se taire, se figer, s'emmurer, se momifier dans le silence du taupicide ». Son unique poëme, composé de cette seule phrase, est aussi sa lettre d'adieu.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 16 septembre 2018

Un grandiose isolement


Parce qu'il trouve ses contemporains vomitifs, l'homme du nihil commerce exclusivement avec quelques grandes figures du passé, de celles qui ont laissé un nom dans les annales de l'homicide de soi-même : les Nerval, les Trakl, les Weininger, les Caraco, etc. Avec son temps, il ne communique pas — et personne ne se risque à franchir la pampa de dégoûtation au centre de laquelle il trône, guère plus engageante, il faut l'avouer, que « les espaces de sable autour des Bouddhas rupestres ou des statues de l'Égypte ».

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

jeudi 30 août 2018

Regrets tardifs


Le 26 janvier 1855, Gérard de Nerval qui, d'après ses amis Théophile Gautier et Arsène Houssaye, « en avait soupé de l'haeccéité » se pend aux barreaux d'une grille qui fermait un égout de la rue de la Vieille-Lanterne (voie aujourd'hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet).

Au moment du trépas, le poëte fait l'expérience du phénomène appelé dédoublement astral ou sortie du corps, et peut contempler pendant quelques instants son Moi défunt, expérience qu'il décrit ainsi dans son journal demeuré inédit : « Son visage immobile et qui semblait devenu tout petit, ses yeux fermés, ses mains maigres évoquant des serres de gerfaut moderato, toute cette chose si insupportablement funèbre, si inexplicablement douloureuse qu'est un cadavre, même un cadavre de chien ou de rat, oui, tout cela qui allait bientôt se diluer, tout cela fit que j'eus le cœur serré, comme si je venais de perdre, au lieu de mon odieux Moi, quelqu'un de très cher et de très beau... Sans savoir pourquoi, sans chercher à raisonner cette impression soudaine, rien que parce qu'il n'était plus, parce qu'il ne se livrait plus à ses horripilantes singeries, je découvris en lui d'émouvantes vertus et des beautés prodigieuses... Et je pleurai sur lui, je pleurai abondamment... ».


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

mardi 31 juillet 2018

Tchernoziom


Ceux qui de naissance paraissent destinés à se détruire — exempli gratia, le poëte Nerval — tirent parfois de leur pachyméninge une terre noire, bitumineuse et inflammable, qui, mise en un monceau et arrosée par l'idée du Rien, non seulement s'échauffe à un point extraordinaire, mais jette encore de la fumée, et quelquefois même de la flamme. Alors naissent des œuvres à la fois lumineuses et profondes telles qu'Aurélia ou Les Filles du feu.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)