dimanche 30 octobre 2022

Grossophobie


Il paraît que la balance fausse est en horreur à l'Éternel, mais que le poids juste lui est agréable.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Un mal embouché

 

La « réalité empirique » lui en a tellement fait voir que le nihilique ne supporte plus rien. Dès qu'il sort de chez lui, ça va mal. Un arrosoir, une herse à l'abandon dans un champ, un chien au soleil, un cimetière misérable, un infirme, une petite maison de paysans, tout devient aussitôt le réceptacle de son courroux. Et contrairement à Lord Chandos, les mots ne lui manquent pas pour exprimer ses sentiments — cochonnerie, saleté, pot de pisse, canaillerie, etc.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Inventivité du suicidé philosophique

 

Le suicidé philosophique est si fertile en inventions, c'est un si rusé compère que ni Madame Yamilah ni le fakir Ragdalam — et ne parlons pas de l'illusionniste Bruno — ne sauraient lire dans son cœur. Dans son ouvrage sur l'homicide de soi-même1, le docteur Claude-Étienne Bourdin rapporte qu'un habitant de Saint-Denis s'occupait depuis plusieurs jours à fabriquer un œuf de carton. À peine eut-il fini qu'il le remplit de poudre, le plaça dans sa bouche, et demandant du feu à sa femme comme pour allumer sa pipe, y mit le feu et se fit sauter la cervelle !

1. Du suicide considéré comme maladie, Paris, Fortin, 1845.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Parlez d'une arnaque

 

La vie, c'est comme d'acheter un chien au brave soldat Chvéïk : on voulait un griffon d'écurie et on se retrouve avec un fox-terrier qui a les oreilles d'un basset, la taille d'un chien de trait et des pattes torses en manche de veste !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)