mardi 26 novembre 2024

En loucedé

 

Le philosophe Jean Grenier commit une terrible erreur le jour où il se déclara adepte d'une contemplation proche du Wou-Wei (non-agir), l'un des préceptes du Tao. Car ensuite, il dut se cacher derrière une fausse barbe pour aller faire ses courses. Il ne pouvait plus agir qu'« en loucedé ». Si on l'avait reconnu, ç'aurait été terriblement malaisant...
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Une vaste blague

 

On n'est pas sérieux, quand on est composé de mots. Or c'est le cas de presque toutes les « œuvres littéraires ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Yeux de poisson frit de la mort


Quand Pavese écrit « Assez de mots, un acte », il prête quelque peu à rire. S'il avait été à ce point dégoûté des mots, il aurait accompli son acte sans en faire un fromage, c'est-à-dire sans écrire « Assez de mots, un acte ». Mais les écrivains, il faut toujours qu'ils fassent les malins, même au moment de dévisser leur billard. Toujours est-il que pour Pavese, quand la mort vint, elle avait, de façon complètement inattendue, des yeux de poisson frit !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Syllogisme

 

D'après le professeur Munteanu, Émile Cioran se trompait sur le sens du mot syllogisme. Il pensait qu'il s'agissait d'un petit mammifère fouisseur (il confondait apparemment avec la taupe ou le hamster). Quand le professeur lui fit remarquer son erreur, il répondit que ce n'était pas grave, et que quoi qu'il en soit, il avait toujours voulu qu'un de ses livres ait le mot syllogisme dans le titre parce que « ça fait érudit ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)