Pour
conjurer le chaos et dompter « l'imbécile rébellion des choses », on n'a
rien fait de mieux que le vocable reginglette. Mais pour qu'il montre
son efficace, vu l'obtuse résistance du « fétide et rébarbatif réel », il
faut le répéter un grand nombre de fois — en soi-même si l'on ne veut
pas passer pour « bizarre ».
Non
seulement on n'est pas sincère quand on soutient que manger des « choux-fleurs à la merdre » est préférable à être, mais on n'est pas
logique non plus, car pour manger des « choux-fleurs à la merdre », il
faut d'abord être.
En
lisant l'Ecclésiaste, on se pénètre de l'idée que tout est périssable,
et c'est là une idée infiniment apaisante pour celui que martyrise une
mégère difforme au faciès d'hippopotame. Oui, en vérité, telle est la
leçon de l'Ecclésiaste : les mégères aussi sont périssables, et leur
ressemblance éventuelle avec un hippopotame ne saurait les préserver de
l'annihilation.
Les
gens ouvrent leur « boîte à fromage » — leur bouche, comme cela
s'appelle — mais rien d'intéressant n'en sort. Ils se parlent, mais
ils ne se disent rien. Et que pourraient-ils se dire ? La seule chose
intelligente qu'on puisse dire à quelqu'un, c'est : « Frère, il faut
mourir ». Mais personne ne le dit car c'est un coup à se faire mal voir.
Les
théologiens affirment que la tristesse est un péché contre l'espoir.
Mais ça n'a jamais dissuadé personne d'être triste, à commencer par
l'homme du nihil qui considère que de toute façon l'espoir est un salop
qui ne tient jamais ses promesses et vous prend pour un « jambon ».