dimanche 19 février 2023

Le chef

 

Un jour d'octobre 1984, Émile Cioran reçut une lettre anonyme qui commençait ainsi : « J'espère que tu mourras de chagrin, le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. » Il soupçonna immédiatement Eugène Ionesco de lui avoir fait une mauvaise blague. C'était bien le genre, avec son « théâtre de l'absurde »... Mais en définitive, il s'avéra que c'étaient les diaboliques époux Jacob, Marcel et Jacqueline, qui avaient fait le coup. 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Pêche miraculeuse

 

Où le monstre bipède a-t-il pu pêcher tant de suffisance, si ce n'est dans la mer phosphorescente d'un Moi proprioceptif ? 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Apologie de la potée

 

Quoi de mieux qu'une potée pour nous soutenir dans notre difficile traversée du désert de Gobi de l'existence ? Un morceau de lard, des saucisses, quelques pommes de terre, du chou, quel quatuor ! Et les carottes, les poireaux, les navets, quelle fondation ! Plus encore que les Pensées de Pascal, une délicieuse potée nous ouvre à l'allégresse ! 
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Toulet vs. Celan

 

Pour tenter de rassembler les fragments épars de son Moi, on peut écrire quelques vers de poésie fantaisiste. On peut aussi s'adonner à l'homicide de soi-même. Pourquoi faire l'un plutôt que l'autre ? C'est une question de tempérament. Le résultat est le même. Et puis... tout n'est-il pas louable, en un sens ?  
 
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)