dimanche 11 février 2024

Libération par la tarte aux poireaux

 

Pour se libérer du monde des apparences et — tant qu'à faire — du samsara, le « négateur universel » Émile Cioran engloutissait d'énormes quantités de tarte aux poireaux. Il voyait bien que ça ne marchait pas, mais il continuait quand même, poussé, disait-il, par son « démon de la perversité ». Il en offrait parfois à Ionesco et à Beckett, mais eux non plus ne parvinrent jamais à se libérer du monde des apparences (ni, pour autant que l'on sache, du samsara).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Housse amovible du nirvana

 

Hermann Oldenberg observe que les bouddhistes conçoivent le nirvana comme un lieu où les êtres libérés se reposent, un genre de « canapé-lit métaphysique » comportant une « housse amovible ».
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Pas peu dire

 

Le réel est louche, très louche. S'il fallait trouver une comparaison, on pourrait dire qu'il est aussi louche que le suicide de de Grossouvre.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

Des gars pompeux

 

Dans sa pièce Roméo et Juliette, le dramaturge William Shakespeare fait déclamer à son héros que sa chair est lasse du monde, qu'elle subit le joug des néfastes étoiles, et cætera. C'est terrible à dire, mais Shakespeare ne pouvait pas parler normalement. Même pour demander qu'on lui passe la rhubarbe ou le séné, il fallait qu'il soit pompeux. C'était aussi le cas de son contemporain Christopher Marlowe, qui ne s'exprimait qu'en pentamètres iambiques.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)