jeudi 17 octobre 2024

Conseils à un jeune poëte


« Tu peux écrire des poëmes, ça ne fait de mal à personne et à vrai dire tout le monde s'en tamponne le coquillard ; mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. Non mais tu écoutes ce que je dis, là ? Bon sang ! Il n'écoute même pas, le con ! »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Solitude du normal

 

Quand on croit déceler dans chaque personne que l'on rencontre les symptômes de la démence, on commence par se sentir soulagé de ne pas être semblable à ces mabouls, et puis très vite on se sent « seul comme Franz Kafka ». Alors pour ne plus y penser, on se lance dans les préparatifs d'une noce à la campagne ou on écrit une « lettre au père ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Des méchants

 

Ce qui rend les écrivains comiques, ce sont les efforts qu'ils font pour trouver quelque chose d'intéressant et de profond à raconter. Regardez-les patauger ! En plus, ils n'ont pas compris que l'intéressant ne nous intéresse pas. Et le profond encore moins. Aux chiottes, l'intéressant et le profond ! Aux doubles-vécés ! Nous, ce qu'on veut, c'est des méchants. Des méchants, compris ? Ce n'est quand même pas compliqué !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Self-control

 

Chacun, une fois dans sa vie, a eu la tentation d'envahir un pays — sans que ce soit d'ailleurs nécessairement la Pologne. Oui mais voilà : un homme, ça s'empêche (comme l'a dit fort justement Albert Camus).
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)