lundi 22 août 2022

Rituel bacchique

 

Quand le nihilique touille le vin, le rhum, la cassonade, le poivre et la cannelle dans le bol à punch, il est inexorable : rien ne peut s'opposer à la lustrale giration de sa cuiller. Il faut dire que pour lui, s'enivrer est chose sérieuse. En se « beurrant la tartine », il entend célébrer la volonté du Rien par la crémation rituelle du Tout. Il espère trouver dans le vin « l'énergie causale ». Mais jusqu'à présent, il a fait chou blanc. Chaque fois, à l'issue de son ivresse, le Tout était toujours là, et il n'avait tiré de sa soûlographie qu'un intense « mal aux cheveux ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Paronomase

 

Toute l'astuce de la paronomase est d'employer dans une même phrase des mots dont le son est à peu près semblable, mais le sens différent. Des exemples classiques sont : « À bon chat bon rat » et « Qui vole un œuf vole un bœuf ». On le remarque : comme la femme mais sur un plan purement sonore, la paronomase est chevillée dans l'artifice.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Grégarité du monstre bipède

 

Le nihilique suit le conseil de Plotin et chemine « seul vers le seul ». Le monstre bipède, au contraire, va en groupe vers le multiple (il aime les voyages organisés). De plus, à la différence du nihilique, il est « motorisé ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Périscope livide

 

Si on était poëte, on se risquerait peut-être à définir l'idée du Rien « un périscope livide qui perce la surface de l'orbe glaiseux ». Quitte à passer pour un olibrius.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)