samedi 21 septembre 2024

Mortalité de l'être mortel

 

La certitude où il est de devoir mourir un jour communique à tout ce que fait l'homme une saveur âcre, très désagréable et qu'il est extrêmement difficile d'éliminer. Peut-être vaudrait-il le coup d'essayer avec du vinaigre, ou du jus de citron, ou de l'eau bouillante légèrement alcalisée ?
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Trémelliforme

 

La réalité empirique, si on l'observe bien, ressemble de façon étonnante à une trémelle, ce champignon fongicole basidiomycète à réceptacle gélatineux qui pousse en hiver sur les branches mortes. Elle a, comme la trémelle, des basides cloisonnées, sauf que ses cloisons à elle sont longitudinales. Comme la trémelle, elle est peu résistante, si peu résistante qu'elle se laisse facilement diviser à la simple pression d'une pointe. C'est sans doute de là, de cette fragilité de la réalité empirique, que venait le gouffre qui partout accompagnait Pascal, que le philosophe fût stationnaire ou « en situation de mobilité ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Un piège à choses

 

Ne pas avoir de vie — exemple : Spinoza —, c'est encore en avoir une. Il semble qu'à part être mort, il n'y ait pas de solution. On le savait déjà pour les élections, mais il paraît que le fait d'exister est lui aussi est un piège à choses.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Axiomes

 

Selon Charles Reyneau, qui s'exprime ainsi dans sa Science du calcul des grandeurs en général, « on doit admettre pour vraies, sans preuve, les propositions qui expriment des choses qu'on aperçoit avec une entière évidence : “le tout est plus grand qu'une de ses parties”, “la vie est une grosse tourte de m...”, et cætera. Ces sortes de propositions s'appellent des axiomes. »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)