jeudi 27 avril 2023

Équilibre humoral

 

Pour vivre dans l'harmonie et la vertu, il est nécessaire d'équilibrer les quatre humeurs hippocratiques (sang, bile jaune, bile noire et flegme) — et rien n'assure mieux un tel équilibre qu'une pratique quotidienne du Rien. Mais il faut aussi se tenir à distance du monstre bipède. Car pour faire monter la bile jaune, il est balaise.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Panne de destin

 

Confronté à un problème de « joint spi », le nihilique est incapable de « se destiner (sich schicken) » au sens heideggérien du terme, c'est-à-dire de « se mettre en route pour s'ajointer à la directive indiquée et qu'attend un autre destin encore voilé ». En effet, comme l'écrit encore Heidegger (Gesamtausgabe 79:68-69), « le destin est par essence destin de l'être, au sens où l'être se destine lui-même, déploie à chaque fois son essence comme un destin et par là se transforme de manière destinale » — mais quand on a un problème de « joint spi »...
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Vases sacrés

 

Dans Maria Chapdelaine, quand François Paradis, le prétendant malheureux de Maria, meurt pétrifié dans une tempête de neige, ses dernières paroles sont « câlice » et « cibouère ». Il commence à dire « tabernacle » mais n'a pas le temps d'achever. Déjà, la mort est là qui l'emporte. La mort, la mort, la mort, la mort !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Inquiétante matière

 

Le nihilique n'a qu'une confiance limitée dans cette invention des physiciens qu'on nomme la matière. Il se décrit lui-même comme un indéterminé du proton et un inquiet du noyau. Contrairement au perfide Ponge, il ne prend pas le parti des choses (cageot, cigarette, bougie, orange, galet, savon). Avec leurs fermions et leurs bosons, elles auraient plutôt tendance à lui flanquer les jetons.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)