Pour
éviter que les deux parties d'un sandwich ne se désolidarisent, on peut
emballer ledit sandwich dans un poëme de Marcel Béalu. La poésie de
Béalu vient en rouleaux de vingt mètres, alors il y a de quoi faire.
À
peine avez-vous l'iléon obturé par une boule fécale concrète du volume
d'une grosse noix, qu'aussitôt la poésie de Marcel Béalu vous semble
sans saveur et presque vaine.
Il
n'y a pas que Marcel Béalu, tous les poëtes essaient de « faire
poétique », et c'est ce qui les rend insupportables. Une exception
toutefois : les poëtes du « groupe Verlaine » — Arthur Rimbaud, Tristan
Corbière, Germain Nouveau, Verlaine lui-même —, davantage préoccupés
d'isolation par l'extérieur (avec aides de l'État) que d'art poétique
stricto sensu.
À
quelqu'un qui lui demandait une définition de la poésie, Marcel Béalu
donna un jour cette réponse : « La fleur qui tremble sur le visage de
l'insaisissable. » Il faisait drôlement « jore », le copain ! Il était
incapable de parler autrement que « poétique » !
Le
cerveau, c'est quelque chose. Il fait de ces associations loufoques !
Ainsi, le nihilique ne peut pas lire ou entendre le nom Marcel Béalu
sans penser à du « papier alu ». Comment, après cela, se concentrer sur
les poëmes dudit Marcel ?