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mercredi 13 novembre 2024

Mutisme de l'être

 

Il n'y a pas que le Manitoba qui ne répond plus, il y a aussi... l'être. En voulant le saisir avec ses grosses pattes, Heidegger l'a effrayé, et maintenant, impossible de lui tirer un mot. Ricœur a essayé de l'amadouer avec de l'herméneutique et des petits gâteaux, mais il aurait uriné dans un violon que ç'aurait été pareil. Ils sont beaux, les ontologues.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 18 août 2023

Don't ask the dust

 

Si tu veux en savoir plus sur l'ontologie herméneutique ricœurienne, ne demande pas à la poussière comme le conseillait mal à propos John Fante, demande plutôt à Alain Badiou.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 7 juillet 2023

Demande à Badiou

 

Ça pourrait peut-être nous aider à nous orienter dans l'existence, de savoir comment se pose la question du sens de l'être chez Paul Ricœur... Oui, mais comment faire ? Ce qui rend la chose compliquée, c'est que l'ontologie herméneutique ricœurienne se présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans jamais s'ériger en un système clos et achevé. Va-t-on être obligé de demander à Alain Badiou ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 7 janvier 2023

Ultime déconvenue

 

L'homme qui sent le sol se dérober sous ses pieds se tourne ordinairement, en désespoir de cause, vers l'ontologie herméneutique ricœurienne. Hélas ! Cette ontologie se présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans jamais s'ériger en un système clos et achevé !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

samedi 2 novembre 2019

Retrouvailles (Charles Bukowski)


J'ai laissé le bus à Rampart, je suis revenu à pied jusqu'à Coronado, j'ai monté la petite colline, puis les escaliers, suivi l'allée et marché jusqu'à ma porte. Je suis resté un moment devant, à sentir le soleil sur mes bras. Ensuite, j'ai cherché la clef, ouvert la porte, et commencé à grimper l'escalier.
« Bonjour ! » a dit la voix de Madge.
Je n'ai pas répondu. Je suis monté sans me presser. J'étais blême et un peu faible.
« Bonjour ! Qui c'est ?
— Ne t'énerve pas, Madge, ce n'est que moi. »
Je me suis arrêté en haut de l'escalier. Madge était assise sur le divan dans une vieille robe de soie verte. Elle tenait un verre de porto à la main, du porto avec des glaçons, comme elle l'aimait.
« Chéri ! »
Elle a bondi vers moi. Elle avait l'air heureuse, elle m'embrassait.
« Oh ! Harry, tu reviens, pour de bon ?
— Peut-être. Si je tiens le coup. Y a quelqu'un dans ton lit ?
— Oui, il y a le philosophe Alain Badiou. Il m'explique la manière dont se pose la question du sens de l'être dans l'œuvre de Paul Ricœur.
— Alors ? Elle se pose comment ?
— C'est un peu compliqué car l'ontologie herméneutique ricœurienne se présente comme fragmentée, disséminée dans des ouvrages épars sans jamais s'ériger dans un système clos et achevé. Mais tout de même, à travers ces fragments d'ontologie, on peut se risquer à dégager deux trames, l'une (l'onto-poétique) qui prend sa source dans La métaphore vive, l'autre (l'onto-anthropologique) qui trouve son point culminant dans Soi-même comme un autre.
— Tiens donc. Et vers quoi convergent ces trames ontologiques ? Si elles convergent, c'est-à-dire...
— Eh bien, tout l'effort de Ricœur consiste à montrer comment l'être de l'homme se détache et se singularise de l'être en général. Un verre ?
— Ça m'est interdit. Il faut que je mange des œufs, des œufs à la coque. Ils m'ont donné une liste.
— Ah ! les salauds ! Assieds-toi. Tu veux prendre un bain ? Quelque chose à manger ?
— Non, je voudrais juste savoir comment Ricœur s'y prend pour montrer ça.
— Oh ! C'est simple. Il se tourne d'abord du côté de la Métaphysique d'Aristote. Ensuite, pour résoudre les difficultés relatives à l'ontologie aristotélicienne, il engage un dialogue à la fois avec Spinoza et Heidegger.
— Finalement, je crois que je vais prendre un verre. Si Ricœur peut engager un dialogue avec Spinoza, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas me taper un porto. Mais sans glaçons, s'il te plaît. Et vire-moi ce Badiou fissa. »


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

lundi 11 juin 2018

Bipolarité du désespoir


Dans son essai sur Gabriel Marcel et Karl Jaspers, l'« ami de la sagesse » Paul Ricœur distingue deux types de désespoir : d'un côté « un désespoir de l'objectivité pure, qui est un désespoir de spectateur et s'étale sur le plan du problématique » — Ricœur fait sans doute ici allusion au désespoir du spectateur ulcéré de ne rien voir parce qu'une « grosse dondon » obstrue son champ visuel à la manière d'un glaucome ; de l'autre un désespoir de l'existence, « qui procède de la méditation même de l'haeccéité, étreint la mort avec sérieux et s'enfonce dans une métaproblématique du néant ».

Il y a sans doute du vrai là-dedans, mais à l'estime de l'homme du nihil, ce vaillant champion de l'enfoncement dans la « métaproblématique du néant », seule la seconde catégorie mérite le beau nom de désespoir. 


(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)