« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 6 octobre 2018
« Ce petit lénitif, en attendant le reste... »
La présence sous son oreiller de son colt Frontier, symbole, avec son canon de dix centimètres, de la mort accueillante, et la résolution d'y chercher le refuge, sont pour le suicidé philosophique le seul moyen de retrouver le calme.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Anatomie de l'ami de la sagesse
« À l'intérieur des philosophes, est placé un viscère si semblable au cerveau que les anatomistes n'ont pas hésité à lui en donner le nom. Quant à la croûte d'une substance membraneuse qui couvre la tête des "amis de la sagesse", on ne peut, semble-t-il, lui refuser le nom de crâne. Chez certains philosophes, ce "crâne" est terminé par un filet plus ou moins long, comme dans les ichneumons, ou par un prolongement aplati, droit ou courbe, en forme de coutelas, comme dans les sauterelles. C'est un instrument tranchant et perforatif qui leur sert à la fois à disséquer la réalité empirique et à s'insinuer dans les esprits afin d'y déposer leurs concepts. » (Philippe Guéneau de Montbeillard, Encyclopédie méthodique. Histoire naturelle, Panckoucke, Paris, 1787)
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Noyade
L'âme n'étant, selon Héraclite, qu'un feu, il en concluait que le comble du malheur était de se noyer, parce qu'alors l'âme s'éteignant dans l'eau, l'on mourait tout entier. D'où la préférence qu'ont de tout temps montré les suicidés du genre pusillanime pour la pendaison et la vénisection : mourir, oui, mais tout entier !
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Hermétisme fécal
« Les alchimistes n'ont pas laissé que de travailler sur les excrémens humains; on a prétendu en tirer un sel auquel on a attribué de très-grandes vertus : il faut dit-on, pour cela prendre des excrémens après qu'ils ont été séchés au soleil de l'été. On fait brûler cette matière jusqu'à ce qu'elle devienne noire ; on en remplit des creusets ou pots, et on la réduit en cendres au feu le plus violent, et de ces cendres on tire un sel fixe ; ou bien on prend des excrémens humains desséchés ; on les arrose avec de l'urine épaissie par l'évaporation ; on laisse putréfier ce mélange, ensuite on le met en distillation ; on mêle ensemble les différens produits qu'on a obtenus, et on réitère plusieurs fois le même procédé. Ce travail est très dégoûtant et d'une parfaite inutilité. » (Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Mis en ordre et publié par M. Diderot ; & quant à la partie mathématique, par M. d'Alembert)
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Euphémisme
« L'haeccéité, chère Agnès, est une étrange chose. » (Molière, L'École des femmes)
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Atlantide mentale
En certaine île verte de mon cerveau où pousse à présent le sombre corail de la lycanthropie, pleins d'orgueil, de faste et de majesté, s'élevaient autrefois les palais de l'odieux « vouloir-vivre ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Frénésie philosophique
« Les philosophes ne sont pas plutôt nés qu'ils cherchent à produire des concepts. Ils se traînent d'abord sur le morceau de réalité empirique qui les entoure, et ensuite ils s'enfoncent dedans, au moins en partie. À mesure qu'ils en ont détaché une petite portion, ils l'avalent ; ils travaillent sur les "phénomènes" comme la chenille de l'hépiale du houblon fait sur la substance charnue des feuilles des plantes. Si on suit pendant quelques jours ceux qu'on aura mis sur un morceau de réalité empirique, on verra ce dernier devenir criblé de toutes parts, les philosophes n'en auront épargné que les fibres les plus tendineuses, ils en auront fait une espèce d'éponge. » (Charles François Bailly de Merlieux, De la philosophie et des philosophes, Imprimerie Royale, Paris, 1738)
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Autoblocage
Dans la constipation, le sujet déféquant est, comme le dirait le philosophe Jankélévitch, tout à la fois l'organe et l'obstacle.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Venin
« Il n'est pas rare, en Amérique, de voir le lait des bêtes à cornes devenir un véritable poison, quand les bestiaux ont mangé des plantes dangereuses. De ce nombre sont deux végétaux, connus chez les Indiens sous les noms de hachy et maleraria. Le premier rend le lait tellement vénéneux que la moindre quantité, prise avec le thé, a souvent des suites mortelles, à l'instar de l'idée du Rien chez le suicidé philosophique. » (Alexander Neuman, Sur les propriétés nuisibles que les fourrages peuvent acquérir pour différents animaux domestiques par des productions cryptogamiques, R.J. Schierbeek, Groningue, 1830)
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
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