« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
samedi 12 janvier 2019
Ténébreuses investigations
Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis raconte qu'armé d'une lampe Mueseler 1, il a tenté, mais en vain, de percer l'obscurité qui enveloppe le « boyau culier », ce laboratoire secret où, dans le sommeil de la conscience, s'élaborent d'élémentaires et décisives fermentations. Cet échec ne l'a pas empêché de reconnaître au « Suisse » des vertus et des propriétés sur lesquelles étaient restés muets les plus enthousiastes de ses prophètes. Ainsi, il va jusqu'à affirmer qu'« il n'est rien de vigoureux ou de conquérant qui puisse prendre racine et prospérer sans son intercession ».
1. La lampe Mueseler, du nom de son inventeur, l'ingénieur belge Mathieu-Louis Mueseler, est une lampe de sûreté minière qui a, entre autres, l'avantage d'être mieux ventilée que la lampe Clanny.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
De la supériorité du jeu de dames
La complexité de la vie la fait passer pour profonde aux yeux de beaucoup. En vérité, cet enchevêtrement de phénomènes n'est que futile. Préférons donc le jeu de dames dont la simplicité des règles garantit l'opérateur des chausse-trapes de l'inattention.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Boissons fortes
24 novembre. — « Chez les Kalmouks, le lait fraisé s'appelle ussoun (en mongol su) ; le lait de vache aigri, airak ; la première eau-de-vie obtenue par la distillation du lait, arki ; la seconde, dang ; la troisième, arza (en mongol, ardjan) ; la quatrième khortsa ; la cinquième, chingtsa ; la sixième dingtsa. Tel est le goût des liqueurs fortes chez le "monstre bipède", qu'il soumet le lait jusqu'à six distillations successives ! » (Ferdinand Hoefer, Histoire de la chimie depuis les temps les plus reculés jusqu'à notre époque, tome deuxième, Paris, Hachette, 1843)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Le langage abscons du pachynihil
L'idée du Rien jaillit d'une source mystérieuse, qui paraît plus profonde et plus intérieure, plus sûre et plus vraie, que les travaux incertains de la raison pure. Elle parle en nous un langage dénué de sens, à moins qu'on ne le tienne pour la révélation des secrets les plus obscurs de l'univers, ceux qui restent interdits à notre lucidité et qui dominent notre destin.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Géométrie dans l'espace
La géométrie dans l'espace se réduit pour moi à cette simple et sobre figure : le cylindre-ogive qui inscrira son inexorable existence dans le néant convoluté de ma cervelle.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Énigmatiques Roxolans
23 novembre. — « Entre les Grecs, Strabon, Ptolémée et Dion-Cassius ; entre les Latins, Pline, Tacite, Spartien, Jules Capitolin, Trebellius Pollion, Vopisque, Ammien Marcellin, et Jornandès, ont parlé des Roxolans. Ce peuple n'est nommé par aucun autre ancien écrivain. Il est à remarquer surtout que Pomponius Mela, Solin, Étienne de Byzance n'en disent rien, quoique Solin donne une longue nomenclature des peuplades soit européennes, soit asiatiques, comprises sous les noms génériques ou de Scythes ou de Sarmates. On peut noter aussi que Virgile, Ovide, Martial, Claudien, qui nomment les Gélons, les Agathyrses, les Iazyges, les Alains, ne font aucune mention des Roxolans. » (Pierre-Louis Ginguené, Rapport sur les travaux de la classe d'histoire et de littérature ancienne, 1813)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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