jeudi 30 juin 2022

Un gars pas contrariant

 

« Renonce ! Renonce au fruit de tes actions ! Comme le recommande certain texte religieux hindou !
— D'accord. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vita brevis

 

Si l'on avait le temps, on en ferait, des choses... On étudierait les grottes, on restituerait l'histoire de la faune obscure...

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 29 juin 2022

Drap du motus

 

Le nihilique n'a rien à dire à personne. Il est taiseux tel un géranium délicat. Son nez coule-t-il ? Il se mouche dans le drap du motus.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Régosol non tamisable

 

Frédéric Nietzsche a raison de dire que la plus grande humanité se manifeste dans le geste d'éviter la honte à quelqu'un. Car le souvenir d'une humiliation est comme conservé dans un régosol non tamisable, il est voracement indélébile.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Strates gélatineuses

 

Jeune, on envisage le monde avec anxiété, on s'imagine que la « réalité empirique » est faite de rocs retors ; mais en vieillissant, on s'aperçoit qu'elle n'est composée que de strates gélatineuses, auxquelles il ne sert à rien de se heurter — sauf à vouloir attraper un douloureux « tour de rein ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Motilité du tangible

 

C'est dans les couloirs méandreux de la conscience que « le tangible se meut ». Et où d'autre pourrait-il se mouvoir, vu qu'il est enserré tout entier dans la pachyméninge comme dans un fromage de Hollande ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 28 juin 2022

Périsprit

 

Le nihilique n'est pas à proprement parler un « esprit errant », mais il n'est pas non plus un « incarné ». Il se sent entre les deux — il a, pourrait-on dire, le prose entre deux chaises. Alors ? Le « périsprit » sert-il chez lui de lien entre l'esprit et la matière, ou constitue-t-il le « corps fluidique » de l'esprit ? Ou n'est-il qu'un burlesque « perlimpinpin prismatique » ?

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Intrusion plutonique

 

« Rien n'est » est un âcre constat qui n'est pas sans parenté avec la laccolite, cette masse lenticulaire de roches magmatiques mises au jour par l'érosion (ici, non de l'écorce terrestre, mais du « vouloir-vivre » schopenhauerien).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 27 juin 2022

Non fossilisables

 

Comme les troglobies qui peuplent certaines grottes de Transylvanie, les nihiliques sont des êtres cavernicoles possédant la singulière propriété de n'être pas fossilisables. La lumière, l'air, la terre les décomposent.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Axiome de Duss

 

Quand il s'agit de relations humaines, les choses ne marchent jamais que « sur un malentendu ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 25 juin 2022

Voilà « que faire » !

 

Celui qui ne se sent à l'aise ni avec son époque ni avec « l'être », il peut toujours s'enfermer dans une austère chambre palléale et se rendre saoul à en crever.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Assommons les progressistes

 

Grâce aux tâcherons de la modernité et du progrès, il n'y a plus aujourd'hui de civilisation, il n'y a qu'un tourniquet décervelant. Les énantioses profectives des maîtres de jadis, leurs chapelets panoramiques, ont été recouverts par un déluge de rémoulade. — Une rémoulade onctueuse et goûteuse en apparence, en réalité puissamment vomitive.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 24 juin 2022

Laimargue

 

« Parcourir les eaux du tangible à la manière d'une laimargue, ce requin carnivore du Groenland dont les dents de la mâchoire inférieure sont plus grosses et plus larges que celles de la mâchoire supérieure, avec des cuspides très obliques ; vivre ordinairement entre cent quatre-vingt mètres et sept cent trente mètres de profondeur ; être un prédateur du flétan, de l'omble et du hareng... Ah, quel délice ! » (Les trente-trois délices de Louis Ribémont, Trad. de Simon Leys)

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Coque rémissible

 

La coque du monde — la peu reluisante « réalité empirique » — est-elle digne de pardon ? Si oui, elle est rémissible. Sinon, il ne reste qu'à la broyer comme une pelote de laine épaisse.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 23 juin 2022

Un bredin

 

L'écrivain allemand Ernst Jünger croyait possible de découvrir le sens caché de l'univers en observant les insectes. Mais il faut dire que d'après son ami Gottfried Müller, il « tâtait de la chopine » plus souvent qu'à son tour et passait dans son village (Wilflingen) pour un « bredin ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Pâles rapaces

 

Qui sont ces « pâles rapaces » dont parle le poëte, ces terrifiants volucres qui « percent nos cervelles endormies pour en détruire le suc nourricier » ? Des magistes noirs ? Des théosophes ? Des électriciens ? Ou plus simplement... « les autres » ? (le fameux « autrui » lévinassien).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 22 juin 2022

Follicules palingénésiques

 

Au dire de Basile Munteanu, Émile Cioran voyait en la femme « un amas spongieux, plein de ces follicules palingénésiques par lesquels le calvaire de l'humanité perdure et ne s'use point ». Mais, toujours d'après Munteanu, il n'osa jamais confier cette pensée à Simone Boué, car celle-ci « avait la tête près du bonnet » et le penseur des Carpates « était obligé de filer doux ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Accumulation grumeleuse

 

Quand on le laisse faire, le réel produit des déchets contingents qui s'accumulent en grumeaux et finissent par boucher nos « portes de la perception » !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 21 juin 2022

Licence poétique

 

Bien que pulvérin et néocore soient deux substantifs — le premier désignant une poudre très fine dont on se servait pour l'amorçage des armes à feu, le second une ville que les Romains consacraient à une divinité —, il est admissible de parler de « l'acide labeur des pulvérins néocores qui s'emploient à éteindre le feu de l'âme ». Certes, cela ne veut pas dire grand chose, mais ça sonne bien.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Néologisme de mauvais goût

 

« J'apprends avec stupéfaction que dans certains milieux, se jaccardiser est devenu synonyme de commettre l'homicide de soi-même. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 20 juin 2022

Antimatière

 

Pour accéder à l'infini infundibuliforme, il faut d'abord ouvrir les valves de l'invisible, ce qui n'est pas une mince affaire. On peut y arriver par exemple en criblant lesdites valves de ces particules dénégatrices dont est chargée l'idée du Rien (un peu comme on utilise un canon à positrons pour simuler les jets d'antimatière des trous noirs).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fantasmagorie

 

S'il y a bien une « fantasmagorie inopportune », c'est le fameux « autrui » du philosophe Levinas.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Gloméruleux pélicans

 

S'il faut en croire Buffon, le bec du pélican — et particulièrement celui de l'espèce dite gloméruleuse — serait capable d'exciser les « membranes laborieuses du temps ». Mais les savants d'aujourd'hui estiment plutôt que cette prouesse est à la seule portée des gibbons (bien que ces derniers soient dépourvus de bec).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 19 juin 2022

À grands pas

 

La seule chose qui, dans la vie, « avance à grands pas, pétulante », c'est... la mort. Mais oui !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Mixture puante

 

De tout temps, la cervelle philosophique s'est cru panoptique — les « amis de la sagesse » n'ayant jamais brillé par leur modestie. Mais panoptique ou non, il ne s'en est jamais échappé qu'une mixture puante.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 18 juin 2022

Eau salée

 

Quand il était frappé de « constipation conceptuelle opiniâtre », le philosophe Heidegger buvait un grand bol d'eau salée car d'après les Anciens, « c'est de l'eau salée que sont émanées toutes choses » (donc aussi les concepts).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vents carnassiers

 

Au dire de son compatriote Basile Munteanu, Émile Cioran ne sortait dans la rue que par masochisme et, quand il faisait trop chaud, pour « baigner sa face jaunie dans les vents carnassiers ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 17 juin 2022

Collusion

 

« Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. Je mangeais une biscotte confiturée. Et tandis que je mâchais laborieusement, il m'apparut qu'être et non-être s'étaient entendus secrètement — les misérables  ! — pour nuire au Dasein et à moi tout spécialement. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fastes

 

De quels fastes le Rien peut-il être le sophistiqué ordonnateur, si ce n'est le martyrologe universel des suicidés philosophiques  ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 16 juin 2022

Hélice plombée

 

Pareille à une hélice plombée, la pensée de la mort tout à la fois nous propulse et nous entraîne par le fond.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Gluons

 

En mécanique quantique, un boson est une particule de spin entier qui obéit à la statistique de Bose-Einstein. Parmi les bosons, les plus remarquables sont les gluons, ces corpuscules responsables de l'interaction forte. Ils tiennent les quarks ensemble en les liant très fortement pour empêcher que la « réalité empirique » ne se désagrège !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 15 juin 2022

Vie creuse

 

De nombreux indices laissent à penser que la vie est creuse à l'infini. Mais pour ce qui est d'y entrer... va te faire lanlaire !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Foraminifère

 

« Tel un foraminifère au fond de l'eau, Ulysse se tournait... »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 14 juin 2022

Absolu ténébreux

 

L'absolu ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés philosophiques (exemple : Nerval).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Argyraspides

 

Les argyraspides, ces fantassins d'élite de l'armée macédonienne au temps des conquêtes d'Alexandre, étaient agiles et endurants, ils battaient sans se lasser les territoires du non-sens, mais ils ont montré une certaine déloyauté envers les Diadoques.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 13 juin 2022

Intermède publicitaire

 

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant... »

(Paul Verlaine. Expert de l'isolation par l'extérieur. Avec aides de l'État)

Périboles

 

Les mots (les vocables) rappellent un tant soit peu les périboles des anciens palais : ils sont une enceinte sacrée et ils introduisent à quelque chose, mais à quoi ? Au cœur du processus de l'âme ? Ou peut-être, plus simplement, à l'ampleur catastasique de sa trajectoire ? 

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 12 juin 2022

Arcanes

 

Les « organes » (cerveau, cœur, rate, estomac, etc.) ont certainement une utilité, mais ils sont aussi et surtout « les arcanes branchus de notre déchéance ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Richesse du réel

 
Dans le réel, on trouve toutes sortes de végétaux : le fameux sabot de Vénus, le cattleya, et même l'orpin.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 11 juin 2022

Glomérules toujours

 

“Achingly beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious scholar and general reader alike. A stunning debut !”

(The Montcuq Review of Books)

vendredi 10 juin 2022

Glomérules encore

 

Glomérules is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive, really turning the topic on its head and taking an unflinching look at the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that absolutely cannot be ignored.”

(The Paris Review)

jeudi 9 juin 2022

Glomérules, by Fernand Delaunay

 

“A rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand Delaunay does next.”
 
(The Alaska Quarterly Review)

Aux chiottes les événements

 

L'homme du nihil en a soupé des « événements » et de l'inattendu. Il est possible, comme l'a prétendu Héraclite, que la vie soit dans le mouvement. Mais la vie, justement, c'est ce qui le rend malade. Il n'aspire qu'à se dissoudre dans « les frimas languissants d'une routine en forme de gluon ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 8 juin 2022

Impasses

 

Le Rien est une impasse. L'être également. Il n'y a pas de solution. — Ou peut-être... écrire des haïkus ? Comme Herman van Rompuy ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Pensée mallarméenne

 

Quand on trouve la chair triste, on se tourne vers les livres, mais une fois qu'on les a tous lus ? On est dans de beaux draps. — Heureusement, il y a le taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Tout est possible

 

Une femme qui veut être aimée « pour sa personnalité », nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance. Mais après tout, il y a bien des zozos qui aiment les reptiles (les herpétophiles, comme cela s'appelle), alors tout est possible.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

À la Trappe

 

« Alors ? Qu'est-ce qu'ils ont dit ?
— Pas grand chose. Juste “Frère, il faut mourir”.
— Les salops. Mourir, hein ? Ça ne va pas se passer comme ça ! »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Bon fond

 

On peut être misanthrope et avoir un bon fond. Souvent, l'homme du nihil pense aux malheureux bipèdes qui, dans un dénuement extrême, sillonnent comme lui le « désert de Gobi de l'existence ». Il leur exprime sa compassion et sa sollicitude. Il serait prêt à faire don de sa personne pour atténuer leur malheur, mais il ne sait pas à quoi ni à qui.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Une affaire délicate

 

Espérer, même un pou en est capable. Mais désespérer dans les règles de l'art, il y faut à la fois du doigté et un fameux estom'.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 7 juin 2022

Ambition chimérique

 

Alors même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons, l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères cappadociens ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)